mardi 29 octobre 2013

Touriste de guerre

J'ai beaucoup de sympathie et d'admiration pour les japonais. Ces êtres de lumière tellement névrosés, écrasés par le poids des convenances et pourtant concepteurs de nos appareils photo hors de prix sont capables d'aller très loin dans la dinguerie. Et puis des gens capables de construire une centrale nucléaire sur une plage sujette aux tsunamis ont sans aucun doute beaucoup de points communs avec nous et beaucoup d'humour ! (une blague qui durera encore pour les 100 prochaines années). J'ai eu l'occasion de me rendre 3 semaines au Japon pour un boulot. Ça te la coupe ça hein ?! Ah ah ! J'ai adoré ... et j'ai bu plein de Chablis.
Où que tu sois dans le monde, il y a toujours un japonais pas très loin. Aux confins de l'Afrique sub-saharienne ou dans un village paumé d'Auvergne, dans une cave en Bourgogne ou chez ton boulanger, il est là souriant avec son appareil photo et il est très doué pour converser ... en japonais. Puisqu'il a le dos tourné, on peut le dire, le japonais n'est pas très doué pour les langues. On parle des français, mais les japonais nous battent à plate couture, les gars ! Moi je vous le dit ! Mais là on s'égare ...
En fait c'est l'histoire de ce Toshifumi Fujimoto qui m'inspire ce post. Ce mec qui se définit comme un hybride de kamikaze et de samouraï est sans aucun doute l'inventeur d'une nouvelle forme de tourisme: le tourisme de guerre. Ce routier a rendu les clefs de son camion pour partir pour la ville d'Alep en Syrie en passant clandestinement par la frontière turque. Depuis il parcourt la ligne de front avec 2 appareils et une caméra vidéo et fait des images de touriste, sauf qu'elles représentent des cadavres, de blessés et des types qui tirent avec des AK47 et des RPG7 au lieu de plages avec des palmiers. Avant cela, il aurait été au Yemen et au Caire pendant un an, pour les mêmes raisons. 
"Je ne suis pas la cible des snippers parce que je suis un touriste et pas un journaliste. Chaque matin, j'ai 200 mètres à faire pour atteindre le front. C'est fascinant, j'adore ça !"
Ce type qui prétend être divorcé et n'avoir ni famille, ni compagne, ni amis dit avoir 3 filles qu'il n'aurait pas vu depuis 5 ans. Il aurait même souscrit une police d'assurance en leur faveur, au cas où il se prendrait une balle (C'est impossible. Dans le cadre d'un conflit, c'est bien sûr un cas d'exclusion sauf à payer des sommes exorbitantes). Il raconte que les syriens le prennent pour un chinois et le saluent comme tel. Il ne porte ni casque, ni gilet pare-balle. On peut lire ici et là qu'il serait converti à l'islam et même qu'il aurait rejoint Al-Quaida. Il semble qu'il ne fait des photos que pour les poster sur sa page Facebook (Ici). Mais en lisant ses différents interviews, on constate un certain nombre d'incohérences. C'est pour cela que j'emploie le conditionnel. Cela dit, si son histoire est vraie, sa situation n'est finalement pas très différente de celle des jeunes photographes qui partent sans couverture ni garantie et c'est cela tout le paradoxe. 

Frozen Piglet 


3 commentaires:

Anonyme a dit…

https://m.facebook.com/photo.php?fbid=399897886776371&id=100002684888522&set=a.265560320210129.45034.100002684888522&source=42&__user=1110834818

Scène qui n'a rien à voir avec la Syrie
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/georgia/5956499/South-Ossetia-one-year-on-Georgians-wait-in-fear-for-Russians-to-return.html

Frozen Piglet a dit…

J'ai vu cela
C'est bizarre

JulienM a dit…

Et que dire de celui-là? :

http://observers.france24.com/fr/content/20131030-journaliste-japonais-djihadistes-syrie-photos

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