Dans tous les métiers de la création, on en chie aujourd'hui comme des russes au Congo. Bien sûr ! En période de crise, tout le monde s'en tape de tous ces trucs de culture et d'information inutiles et des fois, on finit même par brûler les livres. En France y'a quand même les artistes intermittents qui s'en sortent mieux que les autres. Si ! Je les vois souvent le matin à la terrasse des cafés de mon quartier, en train de lire le journal et siroter un petit noir. "Artistes je sais pas ... Mais intermittents, ça c'est sûr !" qu'elle me fait ma crémière en les considérant d'un oeil noir. Moi je m'en fous parce ils seront tous excommuniés et enterrés en terre non consacrée. Comme-ça, ils brûleront en enfer pour l'éternité. Mais en secret, je les envie un peu. Je parle uniquement de ceux qui ont leur quota d'heures hein? Ben ouais ! T'es fou ou quoi ?
Pendant ce temps, les photographes (enfin ceux qui sont encore là) claquent du bec, il faut bien qu'ils bouffent et qu'ils payent leur loyer eux-aussi, sans compter le matériel. C'est dommage parce que ce sont avant tout des rêveurs et des artistes à leur façon. Ils veulent faire des photos de mode en Afghanistan ou à Fukushima, être otages en Auvergne ou photographier des majorettes. Le rêve, ça n'a pas de prix et là, la vie quotidienne les rattrape et elle se rappelle sans cesse à leur bon souvenir à travers ses vicissitudes.
C'est bien gentil de sauter dans un avion avec 2 boitiers quand t'es un jeune freluquet imberbe pour vendre un double à Paris-Match, mais à partir d'un moment, il faut commencer à réfléchir un peu, sauf si tu veux te retrouver tout seul à 50 balais dans une chambre de bonne (avec les chiottes sur le palier), en te demandant où est-ce que t'as merdé. Bon en même temps, tu peux être Stanley Greene ... ou pas, ou même mourir bien avant.
Alors bien sûr, les compromis, on sait où ça mène. Surtout dans un monde ou on te dit en permanence que la première qualité d'une image, c'est sa gratuité, comme un crachat en plein visage. Globalement, ça t'amène à exercer ton immense talent dans des boulots où tu te fais chier comme un rat mort, mais où t'es payé. En période de crise, cela risque même fort de devenir ton seul critère d'acceptation. Ça c'est ce que tu fais si tu veux vivre de ton métier et ne pas devenir allocataire, sponsorisé, pistonné ... ou même en préparation d'une "exposition" que personne en verra jamais.
Résultat tu finis dans le troupeau des anonymes en gagnant la plupart du temps maigrement ta vie. Alors tu veux toujours être photographe mon petit gars ?
Frozen Piglet