mardi 25 octobre 2016

Métier de con, vie de merde

Le métier de photo-journaliste est extrêmement mal parti (c'est pas le seul, ok. Mais il se trouve que c'est le mien. Kesta ta ??). J'espère que ce n'est pas une découverte pour vous, car je m'en voudrais d'étouffer des vocations naissantes. Et puis ça fait des années maintenant que je me tue à te le répéter comme dans Télérama, 2 semaines avant VISA. T'es bouché à l'émeri  ou quoi ?!
Ce qui est curieux, c'est que jamais la demande d'images n'a jamais été aussi forte. Je parle évidemment de la demande de photos de qualité professionnelle et pas du "tout venant" qui n'a strictement aucun intérêt. En ce sens, le numérique n'a absolument rien changé, sauf peut-être chez les têtes de noeuds qui ont la naïveté de croire que grâce à un logiciel de retouche piraté ou un filtre à la con, ils conservent toutes leurs chances de transformer leur merde en chef-d'oeuvre du 21 siècle. Manque de pot, pour la pierre philosophale, faudra repasser plus tard pauvre idiot bête.

De toute façon, en matière de photo professionnelle, Il convient d'être lucide. Pratiquer un métier en indépendant, free lance ou tout ce que tu voudras, c'est un défi quotidien que très peu de gens sont capables de relever et de mon point de vue, le plus urgent en tant que photographe est surtout et d'abord d'arriver à gagner sa vie un tant soit peu, sinon c'est qu'on fait fausse route ou qu'on est con comme ses pieds. C'est pour ça que quand j'entends des mecs plus ou moins reconvertis compter sur leurs indemnités assedic et des turfs au black pour le devenir photographe. Je rigole (juste un peu, mais pas trop. En fait j'ai envie de les défoncer). Bientôt, ils ne seront plus là pour en parler. Mais quand je lis en plus, des professionnels de la profession déclarer que la solution serait d'auto-produire ses sujets, là je ne rigole plus. Payer pour faire des photos que personne n'achètera jamais, il faut oser. Cela relève d'une logique suicidaire (au propre comme au figuré) pour des mecs qui ne feront que passer dans l'immense majorité des cas.

D'ailleurs, le matériel à usage professionnel coûte extrêmement cher et le problème est toujours le-même. Comment payer ses frais, amortir et renouveler son équipement sans le décompter de ses revenus ? (à condition qu'ils existent bien sûr ! Ben ouais t'es con ou quoi ?!). Ça c'est un artifice comptable que seuls, les pseudos photographes débutants ou ceux aveuglés par la certitude d'avoir été choisi par ce métier partagent. Les pauvres. Je sais, c'est con mais les frais et les amortissements se décomptent de tes revenus espèce de débile et avant de gagner le moindre centime d'euro, il te faudra d'abord les payer. Tu me suis là ou pas ?

Mais même si l'hémorragie est sanglante et que pas mal de photographes (certains talentueux) quittent ce métier par dépit et par manque de revenus pour faire autre chose, mais quoi ? Il existe encore des moyens de gagner sa vie dans la photo. Comme dans tous les métiers de création, il faut se diversifier nous dit-on ... Là je vous arrête tout de suite. Les photo journalistes ont toujours pratiqué le mélange des genre pour une raison simple. C'est que mis à part quelques privilégiés (photographes intégrés salariés, pigistes permanents, pistonnés, dilettantes professionnels, touristes), ils n'ont jamais eu le choix. 


Par contre, le temps où les prises de vues "alimentaires" genre corporate, communication ou catalogues de sex toys te permettaient de payer tes factures et travailler relativement à l'abri des coups durs est lui aussi terminé. À vrai dire, il n'existe malheureusement pas un seul domaine où les photographes professionnels sévissent qui ne soit aujourd'hui épargné par la récession et par la connerie. Sauf peut-être ce qu'on appelle les institutionnels (bien que là aussi, la connerie ...), des organismes et des machins. Quand on met le pied dans ce genre de  trucs, on peut y être encore 20 ans après si on ne fait pas d'impair, mais c'est pas toujours facile et ça peut même devenir assez chiant.

Ensuite, il y'a nos chères entreprises, mais dés qu'on est en contact avec elles, on se retrouve vite en but à cette schizophrénie ambiante quand il s'agit d'aborder le volet financier de l'opération. Quoi ? Il faudrait payer pour nous faire des photos ? incroyable ! Et d'abord, c'est combien de l'heure ? En plus pourquoi donc faire appel à un professionnel puisqu'un simple "chargé de com" en stage peut gratuitement nous commettre un attentat contre la photo avec un 7D de chez Canon ? (Hein ?! Si c'est ça qu'ils ont dans les dircoms maintenant). Bon personnellement, je ne réponds plus à ce genre de demande sauf exception. D'abord parce que je n'ai pas de temps à perdre et ensuite, parce que j'en ai rien à foutre. Surtout que la description du taf qu'on t'as indiqué pour établir le prix (déjà très bas), ne correspond jamais à la réalité. ben ouais ! Si on t'as dit que t'allais shooter 9 personnes une par une au même endroit, t'en aura 17 dans 8 endroits différents et en plus t'attendras 2 heures de plus parce que ils seront en retard. Le tout pour pas un euro de rab. Moi je dis: "vas chier connard".

Tout ça c'est bien joli, mais le coeur de cible des photo journalistes, c'est normalement les journaux, les magazines et les agences de presse photo ! Tu vas me dire. Oui et ben ça, j'en parlerai la prochaine fois, parce que je n'ai pas que ça à foutre non plus.

Frozen Piglet

En fait je fais un drôle de métier que je me disais en me levant hier à 4h00 du mat pour aller prendre un avion à Roissy. Pas à 4h00 l'avion, à 7h00. Oui mais avec la douche, le trajet, le parking, les contrôles (où nous on est obligé de tout sortir ... Oui enfin je me comprends), Eh ben moi, je me lève à 4h00. Retour à la maison, 22h00. Après tout, cela ne fait guère qu'une journée de 18 heures. On frise l'esclavagisme. En fait t'es déjà crevé avant même d'attaquer le boulot en question. Tout ça parce que ton canard veux pas payer une nuit d'hôtel à 80 euros. Quand je pense que j'ai été publié dans le New York Times. Tu veux toujours être photographe ?

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