mardi 15 octobre 2019

Des clics et des claques

via GIPHY

Pendant de longues années, j'ai mené un vie professionnelle effrénée, rythmée par des collaborations régulières avec magazines pétés de tunes et l'insouciance de la jeunesse. Hein ?? Non je déconne.
En vrai, j'ai toujours ramé comme un galérien pour arriver à gagner un tant soit peu ma life et payer les factures. Toi aussi ? Ben fallait choisir un autre métier pauvre tache. Parce que en plus, le jour ou tu seras à la fin de ton activité, tu commenceras à mesurer les dégâts occasionnés par une vie de précaire. Ce sera pas la peine de venir te lamenter parce que tu es resté en pré-compte AGESSA toute ta vie ou que t'as travaillé au black sans cotiser à rien, où les deux à la fois (Quoi ? Tu t'en souviens plus ? T'es con ou quoi ?!). Evidemment, l'avantage avec la photographie (je crois que c'est le seul), c'est que tu peux la pratiquer professionnellement jusqu'à un âge avancé (*) parce que tout le monde s'en fout (enfin presque). De toute façon, produire des images, c'est pas le problème, tout le monde le fait. Le truc qui importe le plus, c'est de les vendre. Tout le reste, c'est du vent. Non parce que des mecs qui produisent des milliards d'images pour les regarder sur leur écran et faire des expos de merde qui leur coûtent des tunes, j'en connais des centaines et ils me font bien rigoler. Moi, j'ai raté ma vie, mais je le sais. Alors que eux, nan.
Le plus simple pour vendre des photos, c'est de signer dans un agence photo de presse, de stock, d'illustration, de niche (si t'as un catalogue de 10 000 images sur les ornithorynques en période de reproduction les années bissextiles, t'as toutes tes chances) ou whatever. Les vrais agences dites de presse, il n'y en a presque plus puisque la convention collective les oblige à payer les photographes en piges (donc en salaire). Au passage, la pige c'est un mode de rémunération et "pigiste" en aucun cas un statut. Mais payer les photographes en salaire, ça fait carrément chier les employeurs. Ils préfèrent encaisser les aides à la presse et payer, re-payer et re-re-payer et re-re-re-payer des amendes à l'URSAFF (l'organisme chargé de recouvrir les cotisations sociales des salariés auprès des employeurs. Cotisations qui font partie intégrante du salaire). Il faut dire qu'ils ont peu de risques de se faire gauler, vu le nombre de contrôles. Accessoirement ils vont acheter des photos aux agences le moins cher possible: Contrat de flux, bulk discount, flat rate, forfait illimité, code promo. Tout est bon pour justifier des tarifs qui ne frôlent pas le ridicule. On est en plein dedans. Il faut avoir vu un relevé de droits d'un photographe d'agence (GETTY au hasard ...) pour comprendre dans quel marasme, nous nous trouvons aujourd'hui. Les ventes qui rapportent au photographe moins de 30 centimes d'euros, (avant de payer les charges) sont monnaie courante (si j'ose dire). Et penser qu'en multipliant les contrats avec les agences, on va faire fructifier sa production et donc le nombre de ses ventes, en étant non exclusif (comme le mantra des microstock) est une mega connerie. Les agences ont toutes des contrats d'intermédiaire croisés les unes avec les autres et c'est toujours le photographe qui paye. Moi j'ai signé des contrats avec 3 agences (une en France et 2 en Angleterre pour 15 000 images), mais je dois être distribué par au moins une vingtaine d'agences dans le monde entier, ce qui a pour effet de toujours tirer les prix vers le bas et ce n'est pas le moindre des paradoxes. Un des autres étant que je ne sais (presque) jamais où et comment sont publiées mes photos. Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

(*) Un peu comme les peintres qui finissent place du Tertre en crevant la dalle et en se prenant pour Modigliani.

Le Gif vient de la Galerie du Tampographe, un génie du tampon (je suis client)

vendredi 4 octobre 2019

Le moment est venu de payer pauvre con



Ce matin encore, je parcourais d'un derrière distrait les commentaires sur le sempiternel post concernant la meilleure façon de se procurer des photos libres de droits (*), sans payer un fifrelin. Mais il se trouve que cette pub (payante) sur Facebook pointait vers une arnaque de plus, puisque l'inscription à ce site était elle bien payante. Et les commentaires du post de s'insurger de cette tromperie, tout en s'esclaffant que "photographe n'est plus une métier depuis longtemps". En ce qui me concerne, des dizaines de milliers de photos m'appartenant circulent sur le net, parfois depuis très longtemps et elles ne sont pourtant pas libres de droits du tout. C'est marrant parce que ces mecs qui volent mes photos auraient pu choisir celles de ceux qui prétendent que photographe n'est plus un métier, mais c'est sur les miennes qu'ils sont tombés. On se demande bien pourquoi ? Le hasard sans doute et Google images sûrement. Malheureusement, pendant plus d'une décennie, on ne pouvait à peu près rien faire et on assistait au massacre sous les quolibets des crétins collapsologues qui nous disaient de prendre un avocat. Chaque image postée (ou vendue par une agence) sur le net enfantait des clones qui eux-mêmes se dupliquaient, au gré des petits vols entre amis. Rendez-vous compte, certains vont même jusqu'à effacer mon copyright pour mettre le leur à la place. 

Mais aujourd'hui, la fête est bien finie et vous allez tous payer, tas de gros connards ! À vrai dire, je savais que ce jour arriverait et je l'espérais et l'attendais même avec une pointe d'impatience. C'est l'intelligence artificielle qui va être notre meilleure alliée dans cette histoire. Oui celle-là même qui va tous nous remplacer. Vous savez bien ! Mais c'est pas la même que celle qui sert à programmer les missiles. Quoi que ... Le principe est simple, une entreprise spécialisée avec la quelle j'ai signé un contrat de mandataire et qui dispose de mes images, scanne le net en profondeur. Elle va identifier ainsi rapidement, tous les voleurs qui se croient à l'abri et les assigner. À cet instant, il se présente deux solutions pour eux: ils paient une "post-licence" tout de suite à nos conditions,  où bien ils se retrouvent au tribunal face à des avocats spécialisés snippers et se font aligner direct. Il ne s'agit pas de poursuivre des bloggers, mais bien de débusquer des diffuseurs ayant pignon sur rue, qui pratiquent le vol systématique ou même l'emprunt opportuniste opéré par le fameux "stagiaire" qui a bon dos et pas de ticket restaurant. 

Au début j'étais un peu dubitatif, mais en voyant les résultats obtenu par un photographe de mes amis et vu que certaines agences ont déjà souscrit à ce système, j'ai décidé de monter dans le train. D'autant que cette offre de service est au résultat (Il est partagé à égalité, entre le photographe et le prestataire) et donc, il ne me coutera rien. Je ne citerais pas de nom volontairement parce que ils existe déjà plusieurs plateformes. À vous de trouver la bonne !


C'est marrant, j'avais écrit cela en 2014:
L'innovation et l'adaptation sont un peu devenues la ritournelle des cons. Il faut voir les choses en face. Si nous rencontrons des difficultés dans n'importe quel métier, selon eux, c'est que nous ne savons pas nous adapter et si en plus nous ne sommes pas capables d'innover pour redresser la barre, alors le mieux est de disparaitre en courbant l'échine et en baissant les yeux. C'est clair, les cons sont très exigeants, surtout avec les autres. 
Ce qui est embêtants pour eux, c'est que les gens qui savent s'adapter et encore plus ceux qui savent innover sont une infime minorité et les cons en font très rarement partie (quoi qu'en matière de connerie, il soit toujours possible d'innover). L'immense majorité des individus cons ou pas est donc constituée de suiveurs qui ne font que reproduire ce qu'ils ont vu, entendu, lu (pour ceux qui savent lire). Mais en ce qui concerne la photographie, absolument rien n'a changé. Une photo de merde reste une photo de merde même avec un filtre Instagram. Une photo d'amateur même très belle reste une photo d'amateur par destination. Une photo d'auteur reste une photo d'auteur à condition qu'elle soit le reflet d'un univers original. Une photo de professionnel reste une photo de professionnel à condition qu'elle soit nette, bien cadrée et pertinente dans sa conception (une fois qu'on sait faire ça et c'est déjà pas facile, on peut faire tout ce qu'on veut et déroger à toutes les règles). 


En fait, on voit bien que le problème réside ailleurs. Et c'est bien la culture du travail qui est en cause et rien d'autre. La valeur du travail en général et pas du tout le travail des photographes en particulier. Mais ça les cons ne peuvent pas le percevoir aveuglés qu'ils sont par leur connerie. En fait, c'est le low-cost qui nous tuera tous et chez les cons, ce sera un massacre. 

Au fait j'ai vu sur mes statistiques que KCB avait dépassé le million de pages vues. Exactement 1008 845 pages vues à ce jour. 
Frozen Piglet 

(*) Moi j'en connais une banque d'images où on peut se servir dans une photothèque ultra-pro, parmi des milliers d'images sans rien payer. Je ne suis pas près de vous filer l'adresse.
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