mercredi 25 juin 2025

Paris Martyrisé, Paris Prisonnier



Quand j'ai rien à foutre, c'est à dire jamais, je vais faire une manif ou deux, histoire de changer d'air, de me dégourdir les jambes et de me faire déboucher les bronches au lacrymo bien mieux qu'au sommet du Mont-Blanc. Après je mets les photos en agence et personne ne les achète, sauf à l'étranger pour critiquer la France et dire qu'elle est en pleine décadence. C'est comme quand je fais la grève des poubelles. Hein ? Si la grève des poubelles je te dis ! Ouais ben ta gueule !! On fait ce qu'on peut et l'Elysée refuse de m'accréditer je te signale !

Dans ces cas-là, dans les manifs je veux dire, je laisse mes convictions personnelles au vestiaire. Gauche, droite, extrême milieu, je m'en tape comme de mon premier 24X36. J'ai même pas le brassard presse à l'épaule (en plus j'en ai pas), vu que dans tous les cas, ça attise l'agressivité des membres du club des connards, à jour de leur cotisation annuelle. Ils sont toujours au rendez-vous, à croire qu'ils n'ont rien à foutre de leur pauvre vie. Par contre, je vais te dire, la connerie est la force spirituelle la plus puissante au monde, mais elle est aussi la mieux partagée, aussi bien par les manifestants que par les forces de l'ordre. Mais les forces de l'ordre, vu ce qu'elles prennent dans la gueule, j'ai presque envie de les pardonner. 

Je dois constater que c'est clairement lors des manifs de gauche que je suis aujourd'hui témoin des trucs les plus dégueulasses et que je me fais régulièrement insulter à la limite de l'agression. Tant que les black blocks ouvraient le bal avec leurs tenues de bouffon, ça me faisait plutôt rigoler, ces petits trous du cul toujours en tête de manif pour foutre le bordel avec le visage masqué, sans doute pour cacher leur acnée pustuleuse. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus flou et des petits groupes se déplacent en foutant le feu à des tas de palettes de bois parfois pour faire diversion. Les bagnoles brûlent et les magasins sont détruits par des pillards opportunistes qui viennent pleurnicher quand ils se font gauler. Mais la plupart du temps ce sont des petits groupes qui montent des banlieues pour voler et éventuellement agresser et dépouiller à la moindre occasion. Les manifs, c'est devenu leur terrain de chasse. Heureusement, les LFI sont là pour dire : circulez, il n'y a rien à voir tas de fachos !

Alors ? Toi aussi tu veux te faire fracasser la gueule et te faire voler ton matériel pauvre con ?

Eh bien rejoins moi !

Frozen Piglet 


dimanche 22 juin 2025

Ravage



Ce n'est pas un secret, j'habite le quartier de Montmartre que j'aime d'amour et j'y suis né. Hier, c'était la "Fête de la Musique" et comme chaque année, je suis resté chez moi. D'abord on crevait de chaud et ensuite, c'est un jour que j'exècre depuis longtemps, pour des tas de raisons. Un jour où le club des minables de tous bords se donne rendez-vous pour pourrir ma ville. L'alcool coule à flots, tout comme le vomis et je ne parle même pas du reste. Pour ceux qui n'ont pas ramené leur bouteille pour se mettre bien, il y a la Poliakov, cette vodka bas de gamme qui brûle la gorge, très appréciée des SDF et vendue un peu partout à bas prix, mais plus chère que la 8.6. Car une fête n'est pas réussie, tant que tu n'es pas 3 grammes dans le sang, semble t-il.

La plupart du temps, il n'est pas question de musique, mais surtout de bruit. L'essentiel est de montrer qu'on a la plus grosse sono pour écraser le voisin sous une avalanche de décibels. A 120 dB, on est pas sur de la musique de chambre, mais plutôt sur de la techno et tous ses avatars de merde. Une sous-culture qui pollue l'univers sonore à 120 BPM, sans se soucier le moins du monde des dégâts collatéraux. 


Ce matin, je suis sorti faire quelques courses et j'ai pu contempler le désastre après cette nuit un peu agitée : Bouteilles vides ou pleines d'urine, amas de mégots de joint et de cigarettes, tas d'ordures de toutes sortes et éclats de verre, préservatifs usagés et petites culottes abandonnées à leur triste sort. Fort heureusement, toute cette belle jeunesse retournera dés lundi à ses valeurs humanistes et fondamentales pour la planète, comme le développement durable, la fast fashion et la bataille contre la pollution des océans, l'anti-racisme à géométrie variable et le tofu fumé, le gauchisme acculturé et la poursuite de ses brillantes études, avec année de césure à Singapour. 

Des photos de la fête de la musique, j'en ai fait des tas et j'en ai pas vendu souvent, donc l'idée d'illustrer cette manifestation annuelle ne me semble pas d'une urgence primordiale. Tous ces gens-là, ils me font pitié. Mais avec eux, nul doute que l'avenir de la France est assuré ...

Frozen Piglet 

  

vendredi 20 juin 2025

Combien gagne un photographe ?



Ça fait longtemps que je n'ai pas abordé le sujet brulant qui vous préoccupe tous depuis toujours. Mais si ! Vous savez bien ! La réponse à LA question qui va déterminer ou non la concrétisation d'une vocation naissante ou bien la tuer dans l'oeuf de poule (élevée au grain, en plein air), sans l'ombre d'un doute. Cette question, c'est bien entendu: Combien gagne un (les) photographe(s), ces petits fils de pute ? Ça, on peut dire que c'est un secret bien gardé. Mais moi, je connais la réponse et toi non, pauvre zulu emplumé de chez Citizenside genre de mes deux. Ah non merde, c'est vrai, ils ont déposé le bilan ... Tout fout le camps. 

Alors pour commencer, il y'a la carte de presse. Cette carte il faut l'avoir pour pouvoir bosser dans la presse et pour l'avoir, il faut bosser dans la presse (sinon, tu peux pas l'avoir). Ben oui ! On va quand même pas filer une carte tricolore officielle à n'importe qui quand même ! La carte de presse, moi je l'ai et toi pas. Je fais donc partie des derniers 760 mecs en France qui peuvent frimer au bistrot et passer les barrages de flics pour aller faire des photos place de la République. Bon mais ça, ça ne dit pas grand chose sur combien on gagne comme photographe de presse. Surtout que les exigences de la commission d'attribution de la carte de presse ont été comme qui dirait revues à la baisse depuis un certain nombre d'années déjà. Alors pour que les photographes (pigistes) ne disparaissent pas tout à fait du paysage journalistique, disons que le ticket d'entrée tourne autour de 750 euros en salaire brut mensuel en pige presse (ou même moins dans certains cas alambiqués). T'imagines ? Ça, ça te donne une idée de l'état de la profession. Enfin est-ce qu'on peut encore parler d'une profession ?  Moi je vais te dire la vérité. Dés qu'on parle pognon, les photographes la ramènent pas (sauf les mythos qui parlent toujours d'une belle vente en 1997, mais jamais des pourries), parce que ils ont trop honte.
Alors bien sur, il y a encore quelques services photos de par-ci par-là, dans la PQR ou à la mairie de Paris. Il y en a même qui sont mensualisés en CDI et bien payés en plus (les enfoirés). Non mais je vais te dire. Quand t'es pigiste, si tu arrives à faire 2000 ou 2500 euros par mois sur l'année, soit tu couches avec la chef icono et tu la fais hurler, soit tu es mauvais comme un cochon et pistonné comme un petit enculé (moi ? Euh ... Je suis dans les deux catégories en même temps, comme-ça, je double mon salaire). En plus, il faut payer ton matos qui coûte un bras (Prix du Nikon Z9 boitier nu: 5500 euros). Alors bien sûr, en tant que jeune freluquet, il y'a papa maman pour te payer ton premier Canon R5 ou une connerie du même genre, ce qui va te permettre de travailler gratos pour des "médias indépendants" qui parlent des trucs qui n'intéressent pas les médias officiels qui nous manipulent. Mais je te signale pauvre con, que dans ce métier, la première qualité, c'est de durer. Et ça, c'est pas gagné pauvre buse. Alors évidemment, à coté des organes de presse sous xanax, il y a les agences photos. Être estampillé AFP ou Reuters ou Getty, ça fait peut-être bien dans le tableau, mais si ça paye même pas le loyer, les spaghettis et la sauce tomate, ça sert à quoi ? Regarde. Moi par exemple, j'ai signé très récemment avec 2 agences (une par orgueil et l'autre par opportunisme). Ma première photo a été vendue à un site internet finlandais pour 6.42 US dollars. Après les 70% de commission rétrocédée à l'agence et à son intermédiaire, il me reste ... 1.92 US dollars (et c'est pas un microstock). Quand je pense que les VTC gueulent parce que UBER leur prend 20% de commission sur leurs courses. Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet


lundi 16 juin 2025

Vaincre ou Mourir






En matière de photo professionnelle au sens où l'on en fait son métier, il vaut mieux éviter de regarder par dessus son épaule pour contempler le temps qui passe et le désastre. Et pourtant ... 

Ça fait déjà un paquet d' années que je vois des magazines, jadis de premier plan, publier des photos particulièrement médiocres. Gestion de la lumière inexistante, cadrages approximatifs et rendu général avec un aspect très désagréable à l'oeil, en partie à cause d'un papier bas de gamme et d'une impression dégueulasse, mais surtout par manque de professionnalisme. Tout se passe finalement, comme dans bien d'autres domaines où le travail et la compétence sont ignorés au profit d'une pseudo spontanéité créative pataugeant dans l'amateurisme de bas niveau. En fait la raison est très simple, les commanditaires sont aussi nuls que ceux qu'ils prétendent missionner. Et en matière de nullité, on peut toujours progresser, croyez-moi. Regardez Macron et son gouvernement ...

Cela me rappelle le temps béni où je voyais des mecs rentrer du Pôle Nord pour faire développer 5 films vierges, parce que ils ne savaient pas charger leur 24X36. Comme de toute façon, ils étaient sous-ex de 5 diaphs à cause de la neige, ce n'était pas très grave ... En même temps prendre 36 photos sur la même amorce sans avancer le film d'un centimètre, c'est presque une sorte de performance qu'il convient de saluer. Bien sûr, depuis cette époque lointaine, le monde a évolué et les hordes de presses boutons numériques ne voient désormais le monde qu'à travers leur petit écran. Mais ils sont toujours aussi nuls.  

Finalement tout aujourd'hui est question de flatter des égos, faire l'artiste et soigner son look. Manque de pot, pour durer, il faut surtout gagner sa vie et quand on travaille dans la presse, il faut se lever tôt, très tôt pour aller bosser. C'est autre chose que de faire des petits tirages de merde pour "exposer" grâce à son nom de famille ou dans un lieu charmant, sponsorisé par papa maman. Quand à ceux qui s'emboitent les uns dans les autres, je ne préfère même pas en parler. Et puis aujourd'hui, il y a aussi une nouvelle engeance : les "artistes IA". Des mecs qui se prennent pour des créateurs, alors qu'ils ont écrit 5 lignes pleines de fautes dans une petite case ? Non mais laissez moi rire. Des cafards tout juste bons à piller le travail des autres, les vrais. Mais l'essentiel est devenu de générer sans se fatiguer, des images fausses pour tromper les idiots. 

Pour autant, existe-t-il des raisons d'espèrer ?  Je ne voudrais vous alarmer et encore moins vous décourager, mais sans vouloir paraitre désagréable, je n'en vois aucune. Tant qu'on avait ces armadas de petits connards qui balançaient leurs pauvres photos numériques partout, en rêvant de voir publier leurs merdes, ce n'était pas bien grave. Mais aujourd'hui, ce n'est plus la même limonade avec le net et les "nouvelles technologies". Si tu n'es pas bimédia et même trimédia, tu n'as aucune chance, de gagner ta vie je veux dire. En ce qui me concerne, j'ai choisi l'écriture comme activité secondaire. Principalement pour montrer aux rédacteurs qui ont toujours eu un énorme complexe de supériorité, que je peux faire mieux qu'eux sur le texte et bien mieux sur les illustrations, même sur un quart de page dans un coin de l'article. Mais ce n'est plus suffisant.

Le truc, c'est qu'il faut en plus maitriser la vidéo et le montage, notamment pour les réseaux sociaux, ce qui nécessite encore d'autres investissements. Et pourtant croire qu'on peut assurer un reportage texte photo et vidéo en même temps sur le même évènement, c'est le signe de l'esprit dérangé d'une dircom ou d'un red-chef de pacotille. " Ben quoi ? Je le fais bien avec mon IPhone !" - C'est ça, ferme bien ta gueule, t'auras chaud aux dents ...

Il y a un autre truc qui me défrise, c'est les néo photographes qui postent sur les forums pour demander quelle somme ils doivent inscrire sur un devis, avec de multiples options sur 20 lignes sur les cessions de droits. Si tu crois que tu vas passer comme ça, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'au coude mon garçon (ma fille en option). On en reparle dans 5 ou 10 ans quand t'auras les idées un peu plus claires et que tu seras devenu fonctionnaire territorial en charge des espaces verts et des boulodromes ou responsable du photo-club des PTT. 

Photographe professionnel, ça veut dire que tu gagnes ta vie avec ce métier de façon régulière, sans oublier les dépenses pour ton équipement et pour son renouvellement. Ben ouais ! C'est pas ta grand-mère qui va te les payer tes Nikon et ton MAC et tout le reste avec les flashs et les accessoires, t'es idiot ou quoi ?? 

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

  • J’aimerais qu’un jour, nous nous retrouvions dans une autre vie…
  • Ni aussi têtus, ni aussi jeunes,
  • Ni aussi aveugles, ni aussi orgueilleux.
  • Sans prétextes, mais avec des passions.
  • Sans masques, ni prétention.
  • J’aimerais… »
  • Car nous avons cette fâcheuse habitude d’aimer à moitié,
  • De taire ce que l’on ressent à ceux qui sont là, tout près.
  • Cette habitude de regretter ce que l’on aime,
  • Mais seulement une fois que cela s’en est allé.
  • Nous avons la mauvaise habitude de gaspiller le temps,
  • À courir après des illusions,
  • À poursuivre des rêves qui ne sont pas les nôtres.
  • Et surtout, nous avons cette triste habitude
  • De ne pas voir ce qui compte vraiment…
  • Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.


Charles Bukowski