jeudi 15 mai 2014

Mourir à 26 ans

Hier, j'ai entendu la mère de Camille Lepage, la photojournaliste tuée en Centrafrique, intervenir à la radio à propos de la disparition de sa fille. Malgré sa douleur qui doit être immense, cette femme était à la fois d'une dignité incommensurable et d'une extrême lucidité qui forcent le respect. Le nom de Camille Lepage vient s'ajouter à la liste des journalistes disparus en Egypte, en Syrie, en Libye, au Mali, en Centrafrique, dans des guerres civiles politico-religieuses qui éclatent partout dans le monde, comme une malédiction. À chaque fois c'est un drame terrible pour la famille, les amis, les proches et les collègues de travail. Outre leur courage et leur intrépidité de voltigeurs, ces journalistes ont souvent un point en commun: la précarité de leur situation professionnelle qui les poussent parfois à prendre des risques démesurés. Comment expliquer qu'alors qu'ils sont publiés par des titres de presse très connus et prestigieux (on le découvre souvent après leur disparition), ils soient obligés de s'autofinancer en permanence et de partir sans garantie, ni couverture, ni protection ?
On voit ainsi de très jeunes et talentueux photographes disparaitre brutalement comme des étoiles filantes, sans que les journalistes plus expérimentés soient d'ailleurs beaucoup plus à l'abriHeureusement la presse française, parfaitement hypocrite dans son ensemble, est toujours là pour leur tresser des couronnes posthumes et dire que c'est la faute à ... "pas de chance" (un titre en particulier, je ne citerais pas de nom, tout le monde verra de qui je veux parler, va probablement publier les photos de C. Lepage rapidement). Le reste du temps, cette même presse s'interroge plutôt sur le fait de savoir comment elle peut éviter de payer les photos et de payer tout court en s'attribuant toujours le beau rôle (vous savez bien qu'il faut défendre le droit à l'information). Je vous invite à lire à ce sujet le texte instructif de Jacques-Marie Bourget publié par le site ACRIMED où il explique que pour les éditeurs de presse, un journaliste mort est un bon journaliste. 

Frozen Piglet

Voir le travail de Camille Lepage

Lire un article sur Le Progrès.fr sur les photographes de guerre qui gagnent déjà le "Smic intermédiaire" si cher à Pierre Gattaz.





5 commentaires:

  1. "economico-politico-religieuses" serait plus juste et comme toi je suis abasourdi par le nombre de titres dénoncant sa disparition injuste qui en même temps racontent qu'ils l'ont eu comme stagiaire ou vu pour son portfolio pour finalement une image passé sur un site web.
    Je doute qu'elle ai été payée pour sa production dans 99% des cas
    Les journalistes meurent car ils n'ont plus de protections ni de garanties
    Les groupes "economico-politico-religieux" n'ont plus besoin des journalistes. Ils ont twitter, facebook etc
    Les journalistes sont devenus des monnaies d'échanges, ceux qui meurent sont de plus en plus jeunes et comme la ressource vient à manquer, ils passent aux lycéennes

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  2. Oui, c’est affreux, ignoble, injuste. Douloureux. Et j’en passe.

    Mais la place accordée à cette horreur, comparée aux vagues stats anonymes concernant les milliers ou au moins les centaines d’innocents indigènes autochtones (victimes directes des situation coloniales) n’est-elle pas de la pire indécence, et ne dénote-t-elle pas la définitive saloperie de la société actuelle ?... Dont est ici également victime Camille Lepage.

    Karl-Groucho D.

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  3. C'est justement sur la vie de ces gens oubliés de tous que cette jeune femme travaillait. Pour le reste, je ne vais pas engager un débat sur ce sujet. Ce n'est pas le lieu.

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  4. Ahhhhh ! Précarité ! Enfin le vrai coupable est nommé.
    Merci !

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  5. et voila comment le point lui rend hommage : http://www.lepoint.fr/medias/en-images-hommage-a-camille-lepage-14-05-2014-1822859_260.php
    des putains de captures d'écrans, bande de connards

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