
Qui n'a jamais rêvé de plonger au fond d'une "mère chaude" ? Hein ? Quoi ? Ça vous branche pas les MILF's ?
"Se" rêve peut devenir réalité les gars ! Bon mais faut aller à Berck aussi ... Oh putain la loose.
FP

On connait tous l'anecdote du photographe qui rate une superbe vente à 10 000 USD, parce qu'il a uploadé avant sa photo, sur un micro stock où elle est en vente à 2 USD libre de droits. Le mec se lamente sous les quolibets de la foule, mais c'est trop tard et il n'a plus que ses yeux pour pleurer. À un moment, je pensais même que c'était une légende urbaine comme les crocodiles dans le égouts. Mais la publication de l'histoire survenue au photographe canadien Michael Stemm prouve le contraire. Sur la foi d'une connerie Youtube prétendant apprendre en 10 minutes, aux blaireaux de compétition, à diversifier leurs sources de revenus et devenir riches à crever en une semaine, ce gars-là a donc ouvert un compte sur ShutterStock pour pouvoir lui aussi se goinfrer comme un goret. Suivant le précepte fondateur de la photo de stock selon lequel, il vaut mieux vendre 100 fois une photo libre de droits, que vendre une seule fois, une photo en droits gérés (pour les ignares: à un prix en rapport avec l'utilisation qui en sera faite). Comme sa photo de pont sous la neige était plutôt jolie, elle a vite trouvé un débouché commercial dans un échange à même de satisfaire toutes les parties. C'est Walmart, le groupe de grande distribution (16 milliards de dollars de bénéfice annuel et les salaires les plus bas du marché du travail aux Etats-Unis) qui a acquis les droits de cette photo pour l'utiliser sur des cartes postales de Noël, des calendriers de Noël, des serviettes de plage (500 000 pièces au minimum par item). Quote-part du photographe, 1,88 USD pour l'ensemble et aucun recours possible. Ce joli conte de Noël se termine bien puisque Michaël pourra toucher son argent quand il aura atteint le plafond minimum de 50 USD sur son compte ShutterStock. Autant dire qu'il ne le touchera jamais puisque je doute qu'il renouvelle cette expérience tellement "enrichissante". Merci Père Noël ! Bonnes fêtes à tous !
Bien sûr j'ai été publié dans le New-York Times, dans le Wall Street Journal, dans NEWSWEEK, dans El PAIS, dans La Républica, dans Le FIGARO, dans Libération et dans Charcuterie Magazine et plein d'autres trucs (VOGUE, Harper's Bazaar, Glamour, ELLE). Mais c'était des photos de merde que je préfère oublier. Bien sûr je suis contributeur pour 3 agences photo, dont 2 parmi les premières du monde, mais je vends pas grand chose et vu les tarifs pratiqués, je m'en fous un peu. Bien sûr j'ai travaillé pour des tas de groupes de presse anglais, américains, japonais, russes, italiens, des ONG, des associations, des agences de pub énormes ou toutes petites, des marques de bagnoles, des cabinets d'avocats, des ministères et des institutionnels (la peste et le choléra). Mais dans l'ensemble, c'était avant. Avant quoi ? Je ne sais pas précisément, mais avant (Hein quand j'étais ?? jeune ?! Ouais ta gueule). Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, je me sens un peu comme décalé et parfois je me demande si je ne suis pas un de ces photographes moyens. Attention pas nul ! Juste moyen quoi. Ben ouais sinon je serai invité sur France Culture pour parler de la mort du photojournalisme comme André Gunthert qui n'est pas photographe ! Dans (presque) tous les métiers, il y a les stars, les cadors, il y a aussi des nazes qui bossent comme des cochons (joke) et puis il y l'armée de mecs moyens où je dois être chef d'escadrille parce que finalement, je m'en sors toujours. Plutôt mal que bien, mais je m'en sors. Bon évidement, c'est pas très flatteur pour l'égo de n'avoir aucune perspective de recevoir un jour le VISA d'or ou le WorldPress. T'as déjà vu un "WorldmoyenPress" ou un "VisaMoyen d'Or" toi ? Eh ben moi je dis que ça devrait exister, comme-ça je pourrais peut-être l'avoir. Et dans la foulée, on pourrait décerner un "WorldphotoshitPress" et un VisaMerde d'OR. Comme ça y'aurait pas de jaloux et là, je suis sûr que je l'aurais !
On a beau dire, on a beau faire, l'argent que tu gagnes en pratiquant la photographie professionnelle, reste le nerf de la guerre. D'abord parce qu'il signe le fait que ton travail vaut encore quelque-chose. Ensuite parce qu'il faut bien payer ton Nikon D Kekchose et accessoirement tout un tas de trucs comme des chaussettes neuves pour remplacer celles qui sont trouées (3,90 euros chez UNIQLO à l'Opéra) ou faire mentir tous les cons qui pensent que la photo est forcément un loisir tellement facile avec le numérique, que tout le monde peut le pratiquer, un doigt dans le nez, un doigt dans le cul.