Quand j'entends les agriculteurs bretons se lamenter sur le fait que leurs artichauts sont achetés 6 centimes d'euros par la grande distribution, je m'interroge d'autant plus qu'ils sont à vendre 1€50-1€80 pièce au "Carrefour market" en face de chez moi. Les artichauts pas les agriculteurs ... les choux-fleur c'est 2€50. Je le sais ! Je fais les courses. T'es con ou quoi ? Mais alors où passe le pognon putain ? C'est quand même pas dans la poche des actionnaires qui "résident" en Suisse quand même ?
Nous les photographes, les 6 centimes d'euros la photo, on y est déjà et ça on le sait grâce à Mr Laurent Abadjian de Télérama qui est très bien payé lui. Ce gars-là doit pas aimer les artichauts et les photographes bretons non plus, mais il trouve normal d'appliquer les méthodes marketing de la grande distribution à la photographie. Celles qui ont fait leurs preuves.
À ce propos, il n'y a pas très longtemps, j'ai refusé de vendre des photos (sur une base mensuelle) au quotidien METRO et à ses 130 éditions pour 25 USD (pièce comme les artichauts), tous droits cédés pour la terre entière (on a toujours le choix de refuser). J'ai bien pensé foutre le feu aux 130 rédactions de ce journal gratuit pour rigoler un peu. Ben ouais c'est facile avec du papier journal ! Mais ça faisait beaucoup de déplacements pour pas grand chose. Ce qui est marrant, c'est que les gens qui ont initié le modèle gratuit dans la presse en bousillant tout le secteur sont les mêmes qui nous expliquent maintenant que décidément non, il faut revenir à un modèle payant, seul garant d'une "information de qualité". Mais du coup, les opérateurs de la presse payante en ont bien profité pour nous presser comme des citrons. En fait quand ils pensaient "gratuité", je crois que c'était de la gratuité du travail dont ils parlaient.
À bien y regarder, on note quand même quelques différences entre les paysans et les photographes. Si ! Nous, on utilise pas de pesticides et surtout on est pas subventionnés. Enfin la presse censée nous employer si ! Mais nous non ... En plus, il faut se rendre à l'évidence, les photos ne se mangent pas. Le vrai problème aujourd'hui est plutôt de savoir si on peut gagner sa vie pour bouffer en exerçant le travail de photographe et avec lui plein d'autres métiers. Je suis près à parier que chez les agriculteurs, Il y a des tas de gens qui pensent que c'était mieux avant (tous des péquenauds bas du front rétrogrades). Avant, quand les haricots verts en conserve 1er prix ou la purée de tomates sur ta pizza industrielle ne venaient pas de Chine populaire. Quand les champignons de Paris ne venaient pas de Pologne, les escargots de bourgogne de Turquie, les poulets du Brésil, les articles de l'AFP et Reuters. Mais si tu penses cela, c'est que tu n'as rien compris. Dans une démocratie avancée comme la notre, Il faut bien donner de la bouffe low-cost et de l'info à ingérer à tous ces pauvres. Parce que la seule chose dont on est vraiment sûr, c'est que en la matière, la croissance est bien là et c'est véritablement un marché d'avenir.
Frozen Piglet
3 commentaires:
T'as des photos vendues 6 centimes ? T'es qu'un bourgeois égoïste. Monsieur garde ses bons plans pour lui, enfoiré de social traitre !
Moi, j'ai opté pour la pige payée en tugrik, la monnaie mongole indexée sur le rouble.
Non non ! J'attendais les 13 à la douzaine pour te le filer le plan Brigitte
Enfin un site qui informe sur le metier. Ca ne risque pas de declencher des vocations, mais j'ai bien rigolé (tendance jaune).
Enregistrer un commentaire