jeudi 5 décembre 2019

Encore des claques

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L'utilisation des images sur Internet n'est régie par aucune règle et jusqu'à aujourd'hui, presque tout le monde semble considérer qu'il peut se servir sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit, et surtout pas à l'auteur des photos. En fait elles existent bien ces règles, mais elles ne sont plus jamais respectées. Pour l'immense majorité des gens, tout le monde peut faire des photos, donc photographe n'est pas un métier. Ce qui débouche sur le postulat implacable suivant: Une photo ne vaut rien, donc pourquoi faudrait-il la payer ? (Ben ouais ! T'es con ou quoi ?).
Alors au départ, je me suis pas rendu compte que l'arrivée des plate-formes de post licensing (de recouvrement de droits d'auteur) sur les photos avait foutu un tel bordel. Et puis en faisant quelques recherches, je suis tombé sur des échanges sur les Forums qui me font hurler de rire. Pour résumer la situation, ces mecs ont des factures conséquentes à payer, des boites de contentieux au cul et ils sont dans la merde.
Je vous résume en quelques mots leur point vue: pour eux les photographes sont des sales voleurs et d'ailleurs leurs photos sont justes nazes. Les plate-formes de post-licencing, c'est une gigantesque arnaque, un complot judéo-maçonnique qu'il faut dénoncer. Souvent les gars disent qu'ils ont volé des voleurs et que donc ce n'est pas un vol. Comme toujours, les conseilleurs ne sont pas les payeurs et ceux qui disent d'enlever les photos et de faire le mort sont légion.Dommage pour eux, car plus le temps passe, plus les factures augmentent (ainsi que les frais) et au bout d'un moment, ça commence à faire beaucoup !
De leur côté les avocats conseillent de faire valoir le manque "d'originalité" de l'oeuvre pour s'assoir sur le droit d'auteur. C'est un peu mince comme argument.

Frozen Piglet

Extraits de ces échanges qui parlent de Copytrack (mais il y a d'autres opérateurs)

"J'ai reçu un courrier de CopyTrack concernant une image que j'utilise sur le site. 
Après vérification, il s'avère que cette image est bien protégé. Je suis donc en tord et accepte de payer les dommages causés. 
Seul truc, j'ai contacté l'auteur de cette image, pour lui proposer de lui payer directement sans succès. 
Entre temps, j'ai reçu un autre courrier de CopyTrack ou la note augmente ( 297€ pour info)
Ce que je cherche à savoir, c'est si cette société est légale ou pas.
Je n'ai pas trop envie de me faire arnaquer - d'autant plus que la fameuse image est utilisé sur des milliers de sites de langues différentes.
Elle est basé en Allemagne ( Berlin précisément) mais je ne trouve rien sur elle."

Résumé : L'image est utilisée par des milliers de sites, donc elle est gratuite. Bien sûr, il suffisait d'y penser !

Réponse du conseilleur de service

"Salut, je ne peux pas te conseiller de ne rien payer à personne et d'ignorer (ne jamais répondre) à tous les emails ou lettres (si tu n'as pas le whois anonyme) car tu ne va pas écouter on dirait..
Légale ou pas, ça ne veut rien dire, la voyance est légale, les jeux de hasard aussi, donc bon peut-être cette société est légale, on s'en fout c'est pas le problème.
Comme les escrocs africains, ils envoient des dizaines de milliers de lettres jusqu'à tomber sur des pigeons.
L'image remplace là par une autre toute aussi nulle, et puis voilà si ça peut te rassurer, mais bon...
Le fait même de s'en inquiéter montre des signes comme quoi tu ne va pas écouter le conseil simple d'ignorer, bloquer leur email, et continuer ta vie tranquillement. Si tu veux absolument payer quelqu'un pour absoudre ton pêché, envoie-moi les sous sur mon paypal. :-)
BONUS : Bon sinon la réponse classique c'est oui c'est mal tu dois payer, voilà comme ça les psycho-rigides du forum seront contents".

Résumé : Les photographes sont comme les marabouts africains et on s'en fout


"J'ai lu un peu sur copytrack et c'est une société qui se spécialise dans ça. Tu reconnais ces rapaces quand ils utilisent le mot VOL comme Lefebvre à l'époque d'Hadopi et Sarkozy. Copytrack aussi utilisent le mot "image theft" alors que ce n'est pas du vol, ils le savent mais font exprès.
Après ils publient des stats bidons, style la chine est le premier pays a utiliser des images non libres de droits et le deuxième c'est la France, avant les USA et tous les autres, n'importe quoi.
Ils publient aussi d'autres chiffres mensongers, que les gens payent à 35% à la première lettre puis 55% à la relance. Donc 85% en gros qui payent vite, n'importe quoi.
Bref c'est des mythos, et puis rien que le fait qu'ils soient allemands ils devraient aller se cacher à vie, et demander pardon à genoux, de gros nazis il ya longtemps et depuis ils sont redevenus des enfoirés, en parlant de psycho-rigides les allemands sont forts.. Jamais un centime à ces fadas".

Résumé : Celui-là est bien informé, il doit lire les journaux ...

Et en vrac :

"Quelle bande d'en.... copytrack !  :rougefaché: Je suis sur qu'ils ne sont même pas en contact avec le propriétaire de la photo. Une arnaque qui va certainement se généraliser.Une fois que ça sera "arrivé" à abdidjan chez les brouteurs..."

"Ca ne donne rien, il n'y a que les cons qui payent à ces nazis qui finalement ont quelque chose à payer. Personne d'autre. Pour te faire une idée, imagine toi à l'origine de ce business. Ce n'est qu'une question de chiffres. Tu as tes logiciels qui te sortent une liste d'urls, d'images, avec coordonnées".

"J'ai reçu en juillet une facture d'environ 1800€ de copytrack pour 2 photos sur mon site.
J'ai également reçu un rappel en aout je crois, puis 1 lettre de france-contentieux puis un appel de france-contentieux avec message sur le répondreur, puis nouvelle lettre de france-contentieux début novembre, puis nouvel appel fin novembre avec message sur répondeur". 

"Je ne compte pas payer non plus, c'est juste de l'extorsion. Au lieu de dire aux gens, vous utilisez des photos et il faut nous payer, ils attendent le plus longtemps possible pour faire payer cher? C'est une grosse blague! Ils pourraient être fournisseurs de photos et ensuite, après 1 an nous demander de l'argent? N'importe quoi!"

"Allez, tu peux dormir sur tes deux oreilles. Moi ils me demandaient 700 euros et depuis je n'ai plus de nouvelle, j'ai fait le mort".







mardi 15 octobre 2019

Des clics et des claques

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Pendant de longues années, j'ai mené un vie professionnelle effrénée, rythmée par des collaborations régulières avec magazines pétés de tunes et l'insouciance de la jeunesse. Hein ?? Non je déconne.
En vrai, j'ai toujours ramé comme un galérien pour arriver à gagner un tant soit peu ma life et payer les factures. Toi aussi ? Ben fallait choisir un autre métier pauvre tache. Parce que en plus, le jour ou tu seras à la fin de ton activité, tu commenceras à mesurer les dégâts occasionnés par une vie de précaire. Ce sera pas la peine de venir te lamenter parce que tu es resté en pré-compte AGESSA toute ta vie ou que t'as travaillé au black sans cotiser à rien, où les deux à la fois (Quoi ? Tu t'en souviens plus ? T'es con ou quoi ?!). Evidemment, l'avantage avec la photographie (je crois que c'est le seul), c'est que tu peux la pratiquer professionnellement jusqu'à un âge avancé (*) parce que tout le monde s'en fout (enfin presque). De toute façon, produire des images, c'est pas le problème, tout le monde le fait. Le truc qui importe le plus, c'est de les vendre. Tout le reste, c'est du vent. Non parce que des mecs qui produisent des milliards d'images pour les regarder sur leur écran et faire des expos de merde qui leur coûtent des tunes, j'en connais des centaines et ils me font bien rigoler. Moi, j'ai raté ma vie, mais je le sais. Alors que eux, nan.
Le plus simple pour vendre des photos, c'est de signer dans un agence photo de presse, de stock, d'illustration, de niche (si t'as un catalogue de 10 000 images sur les ornithorynques en période de reproduction les années bissextiles, t'as toutes tes chances) ou whatever. Les vrais agences dites de presse, il n'y en a presque plus puisque la convention collective les oblige à payer les photographes en piges (donc en salaire). Au passage, la pige c'est un mode de rémunération et "pigiste" en aucun cas un statut. Mais payer les photographes en salaire, ça fait carrément chier les employeurs. Ils préfèrent encaisser les aides à la presse et payer, re-payer et re-re-payer et re-re-re-payer des amendes à l'URSAFF (l'organisme chargé de recouvrir les cotisations sociales des salariés auprès des employeurs. Cotisations qui font partie intégrante du salaire). Il faut dire qu'ils ont peu de risques de se faire gauler, vu le nombre de contrôles. Accessoirement ils vont acheter des photos aux agences le moins cher possible: Contrat de flux, bulk discount, flat rate, forfait illimité, code promo. Tout est bon pour justifier des tarifs qui ne frôlent pas le ridicule. On est en plein dedans. Il faut avoir vu un relevé de droits d'un photographe d'agence (GETTY au hasard ...) pour comprendre dans quel marasme, nous nous trouvons aujourd'hui. Les ventes qui rapportent au photographe moins de 30 centimes d'euros, (avant de payer les charges) sont monnaie courante (si j'ose dire). Et penser qu'en multipliant les contrats avec les agences, on va faire fructifier sa production et donc le nombre de ses ventes, en étant non exclusif (comme le mantra des microstock) est une mega connerie. Les agences ont toutes des contrats d'intermédiaire croisés les unes avec les autres et c'est toujours le photographe qui paye. Moi j'ai signé des contrats avec 3 agences (une en France et 2 en Angleterre pour 15 000 images), mais je dois être distribué par au moins une vingtaine d'agences dans le monde entier, ce qui a pour effet de toujours tirer les prix vers le bas et ce n'est pas le moindre des paradoxes. Un des autres étant que je ne sais (presque) jamais où et comment sont publiées mes photos. Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

(*) Un peu comme les peintres qui finissent place du Tertre en crevant la dalle et en se prenant pour Modigliani.

Le Gif vient de la Galerie du Tampographe, un génie du tampon (je suis client)

vendredi 4 octobre 2019

Le moment est venu de payer pauvre con



Ce matin encore, je parcourais d'un derrière distrait les commentaires sur le sempiternel post concernant la meilleure façon de se procurer des photos libres de droits (*), sans payer un fifrelin. Mais il se trouve que cette pub (payante) sur Facebook pointait vers une arnaque de plus, puisque l'inscription à ce site était elle bien payante. Et les commentaires du post de s'insurger de cette tromperie, tout en s'esclaffant que "photographe n'est plus une métier depuis longtemps". En ce qui me concerne, des dizaines de milliers de photos m'appartenant circulent sur le net, parfois depuis très longtemps et elles ne sont pourtant pas libres de droits du tout. C'est marrant parce que ces mecs qui volent mes photos auraient pu choisir celles de ceux qui prétendent que photographe n'est plus un métier, mais c'est sur les miennes qu'ils sont tombés. On se demande bien pourquoi ? Le hasard sans doute et Google images sûrement. Malheureusement, pendant plus d'une décennie, on ne pouvait à peu près rien faire et on assistait au massacre sous les quolibets des crétins collapsologues qui nous disaient de prendre un avocat. Chaque image postée (ou vendue par une agence) sur le net enfantait des clones qui eux-mêmes se dupliquaient, au gré des petits vols entre amis. Rendez-vous compte, certains vont même jusqu'à effacer mon copyright pour mettre le leur à la place. 

Mais aujourd'hui, la fête est bien finie et vous allez tous payer, tas de gros connards ! À vrai dire, je savais que ce jour arriverait et je l'espérais et l'attendais même avec une pointe d'impatience. C'est l'intelligence artificielle qui va être notre meilleure alliée dans cette histoire. Oui celle-là même qui va tous nous remplacer. Vous savez bien ! Mais c'est pas la même que celle qui sert à programmer les missiles. Quoi que ... Le principe est simple, une entreprise spécialisée avec la quelle j'ai signé un contrat de mandataire et qui dispose de mes images, scanne le net en profondeur. Elle va identifier ainsi rapidement, tous les voleurs qui se croient à l'abri et les assigner. À cet instant, il se présente deux solutions pour eux: ils paient une "post-licence" tout de suite à nos conditions,  où bien ils se retrouvent au tribunal face à des avocats spécialisés snippers et se font aligner direct. Il ne s'agit pas de poursuivre des bloggers, mais bien de débusquer des diffuseurs ayant pignon sur rue, qui pratiquent le vol systématique ou même l'emprunt opportuniste opéré par le fameux "stagiaire" qui a bon dos et pas de ticket restaurant. 

Au début j'étais un peu dubitatif, mais en voyant les résultats obtenu par un photographe de mes amis et vu que certaines agences ont déjà souscrit à ce système, j'ai décidé de monter dans le train. D'autant que cette offre de service est au résultat (Il est partagé à égalité, entre le photographe et le prestataire) et donc, il ne me coutera rien. Je ne citerais pas de nom volontairement parce que ils existe déjà plusieurs plateformes. À vous de trouver la bonne !


C'est marrant, j'avais écrit cela en 2014:
L'innovation et l'adaptation sont un peu devenues la ritournelle des cons. Il faut voir les choses en face. Si nous rencontrons des difficultés dans n'importe quel métier, selon eux, c'est que nous ne savons pas nous adapter et si en plus nous ne sommes pas capables d'innover pour redresser la barre, alors le mieux est de disparaitre en courbant l'échine et en baissant les yeux. C'est clair, les cons sont très exigeants, surtout avec les autres. 
Ce qui est embêtants pour eux, c'est que les gens qui savent s'adapter et encore plus ceux qui savent innover sont une infime minorité et les cons en font très rarement partie (quoi qu'en matière de connerie, il soit toujours possible d'innover). L'immense majorité des individus cons ou pas est donc constituée de suiveurs qui ne font que reproduire ce qu'ils ont vu, entendu, lu (pour ceux qui savent lire). Mais en ce qui concerne la photographie, absolument rien n'a changé. Une photo de merde reste une photo de merde même avec un filtre Instagram. Une photo d'amateur même très belle reste une photo d'amateur par destination. Une photo d'auteur reste une photo d'auteur à condition qu'elle soit le reflet d'un univers original. Une photo de professionnel reste une photo de professionnel à condition qu'elle soit nette, bien cadrée et pertinente dans sa conception (une fois qu'on sait faire ça et c'est déjà pas facile, on peut faire tout ce qu'on veut et déroger à toutes les règles). 


En fait, on voit bien que le problème réside ailleurs. Et c'est bien la culture du travail qui est en cause et rien d'autre. La valeur du travail en général et pas du tout le travail des photographes en particulier. Mais ça les cons ne peuvent pas le percevoir aveuglés qu'ils sont par leur connerie. En fait, c'est le low-cost qui nous tuera tous et chez les cons, ce sera un massacre. 

Au fait j'ai vu sur mes statistiques que KCB avait dépassé le million de pages vues. Exactement 1008 845 pages vues à ce jour. 
Frozen Piglet 

(*) Moi j'en connais une banque d'images où on peut se servir dans une photothèque ultra-pro, parmi des milliers d'images sans rien payer. Je ne suis pas près de vous filer l'adresse.

vendredi 27 septembre 2019

Chirac

À l'époque de Chirac, j'avais déjà l'oeil dans le viseur. Je me souviens même que c'était un Nikon FE2 MD12 avec un 2/35 mm et un flash METZ 45 avec une batterie Quantum (un équipement que je possède toujours dans un placard. Hein ? Bah oui ! Ça peut resservir en cas de guerre, t'es con ou quoi ??). Bien sûr, on pouvait le suivre de près et faire toutes les photos qu'on voulait, à condition de comprendre la gestuelle des agents de sécurité et de ne pas abuser. Aujourd'hui, c'est plus facile de faire un selfie avec Macron que de faire un vrai travail de photojournaliste, puisque absolument tout doit être sous contrôle. Quand Jacques Chirac visitait un salon à la porte de Versailles, je le suivais de stand en stand, et je repassais le lendemain avec les tirages. Croyez-moi, ça valait le coup. Tout était vendu à coup sûr, même les négatifs.
Alors Chirac, c'était le roi du serrage de louche partout où il allait et à l'Elysée, où je me suis rendu parfois, il était toujours suivi par les gendarmes du service photo du Palais. Un type notait les noms et les adresses dans un petit carnet. Les gens était sûrs de recevoir chez eux des tirages couleur quelques jours après dans une enveloppe cartonnée à en-tête de l'Elysée - République Française.Bien sûr, c'était avant les smartphones, le numérique et le règne de la connerie généralisée. Le reste, tout le reste s'envole dans le panégyrique des politiques et des médias. Comme disait Chirac: "Un chef, c'est fait pour cheffer". Pour le reste, tout est dans Le Canard de cette semaine, 35 ans d'affaires qui font passer le Balkany pour un aimable collégien.

Frozen Piglet

"Invoquer sa postérité, c'est faire un discours aux asticots" - Céline  

En illustration: Document exclusif - une des fameuses valises de l'Elysée sous l'ère Chirac (auteur inconnu)

mardi 24 septembre 2019

MEERO (se tond)


      Depuis que le monde existe, il y a des mecs qui mettent toute leur énergie à le pourrir toujours plus, et ceci au sens propre comme au sens figuré (à supposé que tu saches ce que c'est pauvre naze). Mais le pire de tout, ce sont les débiles qui passent leur temps à encenser ceux de la première catégorie parce que ça leur parait génial tous ces trucs de jeunes (con)nectés. Toutefois, en ce qui concerne toutes les plateformes internet de mise en relation et d'échange de services, qui font la fierté de leurs fondateurs, l'objectif principal est parfaitement établi. Il s'agit de de venir à bout du salariat définitivement, radicalement, en mettant à mort le lien de subordination, grâce à un pseudo statut d'indépendant qui permet de sortir du champs d'application du Code du Travail, quitte à lui chier dessus (tout cela, on le sait depuis le début, mais c'est bon de la rappeler. Hein mon petit bijou ?). Le plus incroyable, c'est que toutes ces plateformes de n'importe quoi, de livraison, de transport, parfois les deux, n'ont jamais gagné un centime d'euro et elles perdent même de l'argent comme un puit sans fond (UBER a perdu 5 milliards de dollars en 2018 et personne n'en parle !). Pourtant, il se trouve toujours des malades pour remettre au pot encore et encore et encore. C'est à croire qu'ils subventionnent la régression sociale et la crevaison du droit du travail, le travail à perte et le déclassement. Chez les photographes, la dernière pépite du genre, la "licorne de la French Tech à la française", l'entreprise qui va révolutionner le monde de la photo, c'est la bien nommée "MEERO". Un truc fondé par des financiers débutants qui n'ont rien à voir avec le monde la photo.

                                   On avait bien eu FOTOLIA, CitizenSide ou même EasyPhotographers (#Lesphotographesamateurstalentueuxetmoinscherquelesprofessionnelsmaisquinontjamaisvenduunephoto.com), mais à côté, c'était des petits bras pas assez disruptifs. Parce que le programme du patron de MEERO, c'est de libérer les forces créatives des photographes en leur retirant la commercialisation, la post-production (confiée à l'intelligence artificielle. Mais que c'est drôle) et tout à fait accessoirement "à bruler du cash" et  spolier de leurs droits les créateurs (Les Echos). Eh bien avec ce programme épais comme une tranche de jambon, Le mec qui estime ce marché à 80 milliard de dollars (on se demande comment), a quand même réussi à "lever" (autre terme consacré) 300 millions de dollars, auprès d'investisseurs avisés. Ces gars-là voient dans ce truc fondé en 2016 et qui n'a jamais gagné un centime, le monde de demain qui vaincra sans perdre une plume, les tenants du c'était mieux avant. Apparemment, dans la nouvelle économie, c'est pas ce qu'on gagne, mais ce qu'on perd qui compte. Moi je dis respect. Alors MEERO (se tond) revendique une communauté (il faut avoir l'esprit de corps) de 50 000 photographes à travers le monde. Pourtant, sur les réseaux sociaux, ils ont plutôt l'audience d'une blogueuse de mode lituanienne psychotique. Mais l'important, c'est que tous les témoignages des photographes français qui ont pratiqué, laissent supposer une rémunération de 30 à 50 euros bruts pour une "mission" (une terme qui au passage prouve le lien de subordination ou pas). Tu me diras, c'est toujours mieux que les mecs qui chient des photos au kilomètre pour les distribuer à tout le monde parce que il n'ont rien d'autre à foutre dans la vie. Je n'en suis pas si sûr. 

Le domaine de prédilection de MEERO, c'est la photo immobilière et le rosbif purée en kit. En clair, Air BnB, les agences franchisées chez Plaza et les restaurants qui bossent déjà avec UBER Eats et Deliveroo (qui leur pompent 25% de l'addition) pour livrer leurs hamburgers de merde. Mais le créateur de MEERO compte bien investir les secteurs du portrait, du mariage, du voyage et du e-commerce et de j'en ne sais plus quoi d'autre encore (le porno c'est mort).

Moi je croyais que tout le monde pouvait faire de bonnes photos avec le numérique aujourd'hui. Mais j'ai du me gourer quelque part. On m'aurait trompé ? En fait, on a toujours besoin des professionnels à condition de les payer un coup de pied dans le cul et de leur piquer 80% de leurs revenus pour le filer à un intermédiaire totalement inutile.

Merde à qui qui lira et vive la France.

Frozen Piglet




  

mardi 17 septembre 2019

Banzaï

Je ne vais pas vous faire le coup de l'éternel retour cette fois-ci. Cela ne sert à rien et tout le monde s'en fout (même moi ... Ouais Kestata ? Tu crois peut-être que j'ai que ça à foutre ?). Disons simplement que depuis 2-3 ans, je passe des moments assez difficiles, mais cela n'a rien à voir avec ce métier que j'aime tant, même s'il ne me le rend pas beaucoup l'enfoiré. Peu importe.

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais du temps de l'argentique, les appareils photo et leurs obturateurs en tissu avaient une odeur particulière et assez agréable. Aujourd'hui, ils ne sentent plus rien du tout et sont finalement à l'image d'un monde qui pue la tech merde. À propos de merde, j'ai eu la chance insensée de me rendre au Japon cet été avec Madame et miss piglet. J'étais en vacances, mais j'ai fait 2000 photos de stock et après sélection, je devrais en tirer 600 ou 700 pour les mettre en vente sur internet et les fourguer à 6,14 USD à des peigne culs en Lituanie (à moins que ce soit en Lettonie). Parallèlement à cela, j'ai régressé au stade anal en me faisant masser le trou de balle quotidiennement (je suis réglé comme une horloge) par la douchette à eau chaude incorporée aux toilettes. Le top étant obtenu par un équipement first class qui possédait la touche "Privacy", actionnant un générateur de son de bruit de chasse d'eau permettant de couvrir les bruits inconvenants pour l'âme japonaise. Le choc des cultures en direct. Bien entendu, j'ai fais un reportage complet sur le sujet pour le soumettre à la postérité à la gloire des postérieurs. Bon reste le problème de l'odeur qui est toujours pas réglé (là, je suis déçu). Non mais je parle de cela, parce que partout c'est la merde en fait. Même au Japon il y a des SDF  et des téléphones partout. Mais comme il y aussi des toilettes avec lavabo aussi partout en accès libre, les SDF sont propres. J'ai pris le train plusieurs fois. On peut manger par terre, mais en voyant les agents des trains saluer tout le wagon dés qu'ils y rentrent ou qu'ils en sortent, j'ai d'abord cru qu'ils se foutaient de ma gueule. Mais en fait non.
Mon kif en Asie, c'est les Family Mart, les Seven Eleven et tous les Kombinis ou on peut acheter plein de truc à bouffer, un journal, un café, des glaces, un hot-dog, des boulettes de riz au poulet, des morceaux de poulpe séchés, acheter des sous vêtements et une chemise blanche de salary man (*) ou un bento dans un froid polaire à cause de la clim à fond. Bien entendu, j'ai été faire un tour dans les grands magasins au rayon photo et c'est à peu près aussi cher qu'ici. J'ai juste vu une boutique d'occaz avec un NIKON F2 Photomic que j'aurai bien acheté, mais Madame Piglet m'a exfiltré par le col de ma chemise. Je ne comprends pas pourquoi ...

Frozen Piglet

(*) Ça c'est pour ceux qui était trop bourrés pour rentrer chez eux et ils ont dormi dans un hôtel capsule avant de retourner direct au taf.

mardi 5 février 2019

Nous, journalistes pigistes, exigeons le respect de nos droits

Revenus en baisse, paiements en retard… Un collectif de journalistes pigistes, soutenu par des associations et des syndicats, appelle les entreprises de presse à respecter la loi quand ils les missionnent.

Nous, pigistes, faisons le même métier que nos confrères et consœurs intégré·e·s aux rédactions. Comme eux, nous sommes des salarié·e·s. Nous travaillons souvent pour plusieurs médias et nous sommes payé·e·s à la pige, c’est-à-dire que nous sommes censé·e·s percevoir un salaire pour chaque pige – article, documentaire, photo… – commandée par une rédaction. Mais, encore plus que nos collègues en poste, nous devons nous battre chaque jour pour faire respecter nos droits. Dans de trop nombreux médias, nous sommes rémunéré·e·s à des tarifs indignes, au lance-pierre, souvent deux ou trois mois après le travail fourni.
Pourtant, notre travail est vital pour les rédactions qui ont besoin de nos idées, de nos reportages et de nos enquêtes pour enrichir le contenu de vos journaux, de vos stations de radio et de vos émissions de télévision. Un travail à la qualité reconnue : régulièrement des journalistes pigistes sont primé·e·s. Trois des journalistes récompensé·e·s par le prestigieux prix Albert Londres en 2018 étaient des pigistes.
Même l’audiovisuel public – les radios et les chaînes que vous écoutez et regardez tous les jours – contribue à cette précarité, en multipliant les piges et les CDD pour des journalistes qui se doivent d’être toujours disponibles, et ce, sur plusieurs années. En presse écrite, les rédacteurs, rédactrices et les photographes sont rémunéré·e·s à la taille de l’article ou au nombre d’images, alors que le temps de travail nécessaire varie fortement selon les sujets. Une enquête de quatre pages peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Une interview de la même taille demandera, elle, quelques jours de travail. Mais les tarifs imposés par les rédactions prennent rarement en compte cette différence. En conséquence, le travail d’investigation n’est pas toujours rémunéré à sa juste valeur au regard du temps investi.
En 2017, nous étions 6 550 journalistes rémunéré·e·s à la pige sur les 35 000 détenteur·ice·s de la carte de presse (1), réparti·e·s en France et à l'étranger. En 2016, le salaire médian des journalistes pigistes de presse écrite, radio et télévision était de 1 931 € brut par mois, soit environ 1 500 € nets. Ces chiffres, provenant d’un rapport de la commission de la carte d'identité des journalistes professionnels, ne prennent pas en compte les très nombreux·ses journalistes pigistes qui n’ont pas accès à la carte de presse. Celles et ceux qui gagnent moins de la moitié d’un Smic par mois se la voient refuser. Pourtant, ces journalistes existent bel et bien et assurent une large part du contenu informatif des médias. Selon la même étude, les femmes sont majoritaires parmi les plus précaires. Elles représentent 53% des journalistes rémunéré·e·s à la pige, alors qu’elles ne sont que 19% de détentrices d’une carte de directeur·trice de rédaction (2)…
Les tarifs de la pige stagnent la plupart du temps, voire diminuent. Les frais professionnels et d’équipement restent généralement à notre charge. Nos conditions de travail se dégradent. Nous nous rendons parfois sur des terrains compliqués et dangereux pour des reportages, à l’autre bout du monde ou dans des manifestations près de chez nous. Et si, dans ce contexte, nous avons un accident de travail ou tombons tout simplement malades ? Nous ne sommes alors pas toujours protégé·e·s. C’est le cas de nombreux correspondant·e·s à l’étranger, qui aimeraient bénéficier pleinement de leur statut de salariés, avec une vraie protection sociale.
Faute de sanctions, les directions de nombreux médias, agences ou boîtes de production n’hésitent pas à imposer aux pigistes le statut d’auto-entrepreneur qui les prive de toute cotisation salariale et des couvertures sociales, retraite et chômage qui y sont liées. Ce statut illégal fragilise les pigistes. Même quand nous sommes payé·e·s en salaire, comme le dispose la loi, la faiblesse des rémunérations est souvent telle que nombre d’entre nous découvrent à l’occasion d’un arrêt maladie ou d’un congé maternité n’avoir droit à aucune indemnité journalière, alors que nous avons cotisé des années. Et pour celles et ceux qui en bénéficient, obtenir le complément employeur de cette indemnité relève du parcours du combattant.
Nous, journalistes pigistes, ne sommes ni des forçats de l’info, ni la variable d’ajustement des médias. Nous souhaitons être rémunéré·e·s à un tarif décent, et à la fin du mois où nous rendons notre sujet. Certain·e·s d'entre nous ont publié des articles ou des photos depuis plus d’un an et attendent toujours leurs salaires. Nous sommes souvent obligé·e·s de relancer plusieurs fois les rédactions afin de recevoir notre paie.
Conformément à la loi du 4 juillet 1974 dite «loi Cressard», nous exigeons d’être rémunéré·e·s en salaire, et non sur facture ou en droits d’auteurs. Nous demandons aussi que certains médias arrêtent d’intégrer abusivement les congés payés, le treizième mois et l’ancienneté dans le tarif annoncé et convenu. Tous les frais doivent aussi nous être remboursés quand un reportage a été commandé en amont.

Nous demandons aussi et surtout une revalorisation générale des tarifs de piges. Celle-ci devra prendre en compte la réalité de notre travail, avec une inscription systématique des salaires des pigistes dans les négociations annuelles obligatoires pour pouvoir bénéficier des mêmes augmentations que les journalistes intégré·e·s.
Nous invitons tou·te·s les journalistes et citoyen·ne·s à nous soutenir et à partager cette tribune pour mener ce combat avec nous. 

Lectrices, lecteurs, nous avons besoin de vous pour défendre nos droits, pour que nous puissions continuer de vous proposer un journalisme de qualité.
 Le collectif Ras La Plume, avec le soutien de plusieurs collectifs, syndicats et associations.
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jeudi 10 janvier 2019

Oh yes it's good to be the King



Le meilleur du photo journalisme s'exprime toujours le mieux quand il documente des trucs. Des vrais trucs je veux dire. Avec de la sueur, des larmes et du sang. Ça tombe bien parce compte tenu de la vacuité de la tête de ceux qui incarnent l'élite au pouvoir absolu et le mépris qui va avec, nous avons de fortes chances de finir par danser la samba ici aussi un jour prochain (si vous voyez ce que je veux dire)
En toutes choses, l'amateurisme a ses limites et il semble qu'elles soient atteintes un peu partout, pas tellement dans la photo mais plutôt jusqu'au sommet de l'État. Les strates intellectuelles de la société, les éditorialistes et le cortège de journalistes présentateurs, n'en parlons pas. Même la gauche humaniste est au tapis. On comprend qu'il n'y rien à attendre de gens qui visiblement ne comprennent pas ce qui est en train de se passer, empêtrés qu'ils sont dans leurs idéologies. D'ailleurs penser que ceux qu'ils prennent pour des toquards de basse extraction puissent émettre des idées politiques, ça leur fait peur. "Une foule n'est pas le peuple", "une aubaine pour l'extrémisme", "une machine à haine", autant de déclarations qui permettent de soigneusement éviter d'aborder les vrais sujets. Ceux qui se trouvent derrière le décor de carton pâte qu'ils sont en train de bâtir, autour de la révolte des gueux. Après avoir donné une majorité aux retourneurs de vestes, aux arrogants et aux petits arrivistes en costard de la société civile, les Français croient désormais trouver leur nouvelle planche de salut dans une "démocratie participative" où la voix d'un crétin aurait exactement le même poids que celle d'un abruti. Pauvres de nous. 
Mais ... You can be sure about one thing. Oh yes it's good to be the King !

Frozen Piglet

Il n'y pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va (Senèque)

jeudi 3 janvier 2019

Pôle Emploi

Aujourd'hui, trouver du boulot, c'est pas facile. Trouvez un boulot de "Photographe", c'est mission impossible (sauf pour moi, évidement). Par contre il est toujours possible pour les photographes nuls de bosser gratuitement (ils auront plein de boulot). Toutefois, à l'aube de cette année nouvelle et dans mon immense mansuétude, plutôt que de vous poster un GIF animé avec un Père Noël en slibard douteux et des filles à poil, j'ai décidé de te filer un plan à toi pour te remplir les fouilles en appuyant sur un bouton. N'importe lequel, vu que c'est du numérique.
On n'y pense pas souvent, mais sur le site de "Pôle Emploi", il y a 94 offres pour un poste de photographe à pourvoir, mais comme en France, personne veut travailler et tout le monde préfère toucher le chômage, personne répond. Ben ouais tu savais pas ? T'es con ou quoi ? Ils préfèrent rien foutre et faire des photos au noir pour les vendre sur Fotolia !
- Alors sur Pôle Emploi, il y a une seule annonce pour un poste de Reporter Photo/Video, mais c'est en Suisse dans un internat, il faut parler anglais et c'est un CDD de 42h par semaine et de 3 mois. En plus il faut dormir sur place et savoir imaginer des oeuvres artistiques ou plastiques avec ou sans cadre imposé. Ouch ! Alors là, c'est pas pour un français. Sinon c'est payé entre 2000 et 3000 CHF par mois (1782 à 2673 euros). Tu peux mettre ton fric directement en Suisse, vu que t'es déjà sur place. Pas mal.
- Après il y a plusieurs magasins de photographe à vendre vite pour cause de retraite. Il faut vite en profiter avant qu'ils fassent faillite. Ça devrait pas être sur le Bon Coin ça ? 
- Ensuite, il y a une flopée d'annonces pour du photofilmage à la neige et dans les maternité pour emmerder les skieurs et les parturientes (avant) et les nouveaux nés (après), les élèves des écoles communales, le tout comme auto-entrepreneur.
- Si tu veux bosser chez DYSNEYLAND Paris, il y a aussi un CDI 35h horaires irréguliers (le soir, le samedi, le dimanche et tous les autres jours aussi). "Salaire selon convention", ce qui veut dire qu'ils ont trop honte pour en afficher le montant même brut.
- Une agence d'Intérim de Narbonne propose une mission "prise de vues" de 4h00 à Port Leucate pour 40,12 euros bruts en salaire. La chance.
- Un studio photo du Jura "Esprit Start-Up" (ça veut dire que c'est payé le SMIC pour 2000 heures par semaine et t'oublieras pas de passer un coup de balai avant d'éteindre la lumière avant de partir) recrute un assistant.
- Il y a des plateformes type MEERO (des pépites d'un secteur innovant) qui veulent te faire bosser pour 25 euros la prise de vues dans l'immobilier. En gros, c'est à peu près tout. Dis pas merci. C'est déjà pas mal.

FP 





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