lundi 27 juin 2022

Miskine



Samedi soir 00h20, rue des Martyrs, j'ai été à 10 cm de percuter de plein fouet un couple sur une trottinette LIME. C'était lui aux commandes, 16-17 ans, avec sa blonde derrière (ce qui est interdit. Pas la blonde ! D'être à 2, t'es con ou quoi ?). Ils roulaient à contresens (ce qui est interdit), sans protection (et j'ajoute sans assurance, ce qui est interdit) avec les écouteurs dans les oreilles (ce qui est interdit). Il a grillé le feu (ce qui est interdit) et a même refusé la priorité à droite (ce qui est très con). J'ai bloqué mes roues et j'ai dérapé sur 5 mètres pour m'arrêter pile avant de les couper en deux avec ma Chevrolet Corvette Stingray 7 Litres et demi ... Euh !! ma Renault Clio. Il est reparti avec le regard vide des immortels et sa copine avait quand même un air de panique dans les yeux et de la merde dans sa culotte. Il a continué en enquillant une rue à contresens. Il a eu raison de ne pas s'arrêter sinon, je lui faisais bouffer son e-scooter en pièces détachées et je lui enfonçais la batterie dans le cul avec le chargeur (c'est ce qui est le plus dur à passer). Vraiment j'en peux plus de ces petits connards.

FP


 

vendredi 24 juin 2022

Jambon de Paris




Parfois, je m'interroge sur ce monde rétrograde et sa faillite inéluctable, sur la vie, l'amour, la mort et la photographie. Mais jamais très longtemps parce que j'ai autre chose à foutre, comme trouver un 14-24 NIKON (pas trop cher) et faire nettoyer les capteurs de mes 2 D5 plein de merdes ou vérifier si je n'ai pas encore vendu une de mes sublimes photos 1$31 en Croatie, par l'intermédiaire d'une de ces fabuleuses banques d'images à la con. En fait ma vie est pitoyable et maintenant que je sais que je vais être représenté par Aymeric Caron à l'assemblée, je me demande en plus vraiment si elle vaut la peine d'être vécue. Sinon je dois changer le plat du chat.



La première agence photo dans laquelle j'avais signé est au cimetière du tribunal de commerce depuis longtemps. Qu'elle repose en paix. Il faut dire qu'elle était trop petite, pas assez structurée et pas assez réactive pour résister au raz de marée numérique qui allait survenir. Mais après tout, bien des agences beaucoup plus grosses ont bu la tasse de la même manière un peu plus tard. Simplement elles ont creusé plus profond et elles ont planté plus de photographes, sans jamais les payer, parfois même en faisant disparaitre leurs archives. J'ai les noms ! Moi ça m'a coûté 4 500 balles et les responsables ont disparu sans un regard et sans un mot.

En 2016, les mêmes arguments menant aux mêmes constats, j'ai décidé de retenter l'aventure avec une très grosse "agence numérique", histoire de voir si je ne pouvais pas valoriser les photos produites lors de mes multiples reportages, mais aussi celles de mes sorties dans Paris ou en déplacement. Pourtant j'avais eu l'impression d'être pris pour un jambon quand la part agence était passée de 50 à 60% partout. Et Il faut se résoudre à l'évidence, 40% de presque rien, ça fait que dalle ...

En parlant de jambon, ça me rappelle la fois où roulant sur le périphérique, j'avais juste devant moi une camionnette frigorifique avec une porte arrière mal fermée. A un moment, un colis est tombé et ma voiture est montée dessus sans me laisser le temps de freiner. Le mec ne s'est aperçu de rien et moi, ma voiture s'est retrouvée avec les roues avant ne touchant plus le sol. Impossible de bouger. J'ai donc fait appel à une dépanneuse pour soulever la voiture et extraire le carton qui contenaient 4 gros jambons de Paris entiers. 2 étaient intacts et le dépanneur m'a tout de suite proposé de ne pas me compter le dépannage s'il pouvait les récupérer. J'ai dit oui ! La barrière des espaces sans doute ... Il a du en bouffer pendant des semaines ! Un évènement qui aurait sans doute révulsé Aymeric Caron, le prince des moustiques.

J'en étais où au fait ??? Ah oui les agences ! Toutes des petites merd ... Euh !!! des bienfaitrices de la communauté des photographes et de l'humanité, c'est clair. Dernièrement, j'ai encore créé des comptes dans 2 banques d'images et j'ai pu constater que la validation des photos étaient désormais opérées par des algorithmes qui rejettent à peu près tout sous des prétextes types et fallacieux, totalement infondés et propres à l'intelligence artificielle connardisée. Encore un aperçu du monde qui nous attend. A côté de cela, je dépose encore des photos dans encore une autre agence très célèbre qui ne me paye jamais, même pas en Bitcoin.  

Un jour je disparaîtrai de cette terre et je ne laisserai pas plus de traces à la surface de la terre qu'un moustique qui pique Aymeric Caron pour nourrir ses enfants. Mais l'important c'est que j'ai une âme de poète. 

Au fait, tu veux toujours être photographe pauvre con ? Non mais tu vas répondre oui !

 Frozen Piglet





vendredi 10 juin 2022

Ouistiti Sexe

Je suis en train de lire le bouquin de Franck Courtès, "La Dernière Photo" (JC Lattès Editeur). C'est un photographe dont j'admirais le travail et les portraits pleins de délicatesse en son temps, dans Libération et les Inrocks (que je ne n'achète plus ni l'un ni l'autre). J'ai découvert ce livre grâce à un commentaire laissé sur un post précédent et je vous le recommande vivement. Dans cet ouvrage, j'ai appris que ce portraitiste d'une sensibilité rare, avait quitté le métier définitivement pour celui de l'écriture. Je suis parfois stupéfait de constater que des photographes considérés comme talentueux, ont vécu une descente aux enfers consécutive à l'arrivée du numérique. Même s'il y a plein d'autres raisons qui leur sont personnelles ou pas. Il est vrai que quand on est au sommet de l'Olympe, il est rare de ne pas en descendre un jour ou l'autre. Alors que quand on nage comme un poisson frétillant dans le cloaque de la médiocrité (comme-moi), on ne prend aucun risque. Mais on finit toujours par le regretter.

Dans cet écrit fortement marqué de l'empreinte du pathos, Franck Courtès raconte ses rencontres, décrit son métier et ses dérives jour après jour, ainsi que la souffrance engendrée par le mépris. Celui qui le contraint à réaliser un portrait en moins de 2 minutes pour satisfaire un milieu rongé par la connerie, où tout commence et tout finit dans le même instant.

Cette violence là, si je la connais bien, c'est que je l'ai vécu à la même époque comme photographe (à peu près anonyme à la différence de lui). C'est d'ailleurs devenu mon nom par défaut "photographe" ou "le photographe", même si je reprends systématiquement les gens, en leur indiquant que j'ai un nom et un prénom, comme eux et que je les emmerde. 

La violence quand on t'assène comme un reproche que "on a trouvé la seule photo où cette femme souriait dans ta série" et qu'on l'a utilisé pour une pleine page, alors que tu sais pertinemment que c'est la moins bonne image et qu'elle n'exprime rien avec son sourire de circonstance. Le mépris quand on te dit que si tu n'es pas disponible ce jour là, on va filer la prise de vues à quelqu'un d'autre, alors que la veille, on a changé de jour pour la même raison, mais pour un rédacteur. Mais tout le monde le sait, les photographes sont interchangeables.

Au delà de tous ces petits événements qui relèvent de l'anecdote, la violence ultime, c'est celle qui t'empêche d'exprimer ce que tu as de meilleur et qui fait que insensiblement, tu perds confiance en toi, avant de toucher le fond parfois. 

Moi aussi, je me suis tourné vers l'écriture pour m'entendre dire les photos que je réalisais pour illustrer mes articles devaient être gratuites, que mes titres étaient un peu trop fantaisistes, que mes propositions de reportages n'étaient pas orthodoxes. A la différence de Franck Courtès, je ne vais pas poser mes appareils sur des étagères pour autant, car mon rêve reste intact. 

je continuerai quoi qu'il arrive, jusqu'à la fin de mes jours. Mais quand j'aurai le temps, j'aimerai bien dessiner et peindre comme quand j'avais 6 ans et que je fréquentais l'atelier pour enfants des Arts Décoratifs de la rue de Rivoli.

Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet 


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