mardi 14 mars 2023

Pour quelques dollars de plus




Déposer ses photos dans la galaxie des agences ou des banques d'images ou de Stock ou whatever you call it, c'est devenu aujourd'hui comme les jeter dans un puits sans fond parmi les centaines de millions d'images qui  s'y trouvent déjà. Moi je dis que c'est comme faire le trottoir à Pigalle, pour le compte de maquereaux atteints de la petite vérole.

Pendant que mon ticket de caisse augmente de 30% au "Carrefour Market" en face de chez moi (5% selon l'agence gouvernementale de désinformation INSEE), le prix moyen des photos vendues par nos chères agences baisse chaque année, de 15% en moyenne sûrement à cause de la guerre en Ukraine et des problèmes de logistiques ou de cours du gaz russe. Et ce n'est pas la moindre des analogies entre ce qu'est devenu le marché mondialisé de la photo et les méthodes de la grande distribution. Sauf que là, les photographes se retrouvent dans la case fournisseurs, face à des entreprises qui font la loi et qui changent les clauses des contrats tous les 6 mois, sans te demander ton avis et toujours à leur profit. La plus grande défaite a été d'accepter de voir la part photographe passer de 50 à 40%. Le reste n'est qu'une lente dégringolade sans fin ... Sans carte de fidélité pour toi, mais avec tickets de réduction pour les éditeurs. Peu importe que ce soit du stock, de l'illustration, du reportage, tout est logé à la même enseigne du discount comme chez LIDL.

Si t'es pas content, la porte est grande ouverte. Tu peux toujours changer de crèmerie, mais ce n'est qu'une illusion, puisque par la loi des intermédiaires et des accords de distribution, tu finis toujours par retrouver tes photos chez les mêmes petits fils de putes qui squattent le secteur. C'est comme cela qu'une même photo peut être vendue 100 dollars ou 10 dollars, ou 1 dollar ou 0,1 dollar. Tout dépend par qui et où.

Il y a 5 ou 6 ans, j'ai ouvert un compte chez Alamy, une banque d'images anglaise (450 millions d'images en stock). Je ne les aime pas vraiment. Je les trouve assez arrogants dans l'ensemble. Des anglais quoi ... J'ai téléchargé près de 25000 photos exclusives jusqu'à présent, et je continue. J'espère sans trop y croire atteindre un jour un revenu significatif. A ce jour, j'ai vendu environ 450 photos pour un montant de 15 000 dollars à peu près. Je dis "j'ai", parce que c'est moi qui fait tout le boulot et personne d'autre. Alamy ne fait que me piquer 60% des droits et encore plus avec ses intermédiaires de mes deux, qu'elle rétribue grassement. Et je ne parle même pas des photos qui s'évaporent sur des publications inconnues que je retrouve un jour au détour d'un site internet et que je suis obligé de signaler moi-même en m'attirant des réponses condescendantes. 

Mais à vrai dire, il ne reste pas grand chose une fois les retenues opérées et encore, chaque année le prix de vente moyen baisse. Disons que je gagne de quoi amortir mon matériel de prise de vues sur 5 ans (et je ne parle que des boitiers).

Je suis aussi dans une ex-première agence mondiale de photojournalisme dont la ligne éditoriale est aussi incompréhensible que le site qui ressemble à une rubrique nécrologique. Elle a signé un partenariat avec GETTY, ce qui me permet de voir moi aussi mes photos vendues pour 50 centimes dans le monde entier. La gloire quoi ! C'est elle qui m'a permis de faire connaissance avec l'URSSAF Limousin qui prétendait me prélever 800 euros, alors que j'avais gagné 390 euros. Heureusement que je suis payé en salaire depuis toujours comme détenteur de la carte de presse depuis ... Hein ? Oui ta gueule.

D'ailleurs je plains les jeunes photographes qui expérimentent non seulement la précarité, mais aussi le statut le plus pourri du monde, celui d'auteur et tous ses avatars. Ben ouais, ça fait bien longtemps qu'on connait l'autoenterprise dans notre métier. On est donc bien placé pour savoir que c'est de la merde et un pur rêve pour les employeurs qui transfèrent ainsi l'intégralité des cotisations sociales sur des mecs qui disent merci en plus. Les cons ! Ils comprendront un jour, mais plus tard, quand il sera bien trop tard ... A 25-30 ans, on se croit immortels et à 65, on se lamente sur son triste sort et sa retraite minable.

J'ai aussi ouvert des comptes chez Shutterstock avec 2,63 dollars gagnés sur 11 ventes  pour moins de 200 photos téléchargées. Chez Adobe Stock pour 0,22 dollars et une vente pour 68 photos. Le must, la validation des photos dans les 2 cas par des guignols qui ne connaissent rien ni à la propriété intellectuelle, ni au droit à l'image, ni à la photo en général. Ils prétendent même t'indiquer à quel endroit, tu dois faire la mise au point, alors que tu as volontairement rendu flou le premier plan de l'image. 

J'ai aussi expérimenté la signature d'un contrat avec une autre agence anglaise de photo-journalisme en même temps, mais j'ai vite réalisé qu'on avait du mal à se comprendre, même si je parle rosbif les doigts dans le nez. Alors j'ai laissé tomber ...

Le bilan de tout cela est que gagner de l'argent avec les agences n'est qu'une illusion de plus. (Je me demande où sont passé les contributeurs de FOTOLIA au fait ? Les pauvres ... Ben si les pauvres !) Bien que je connaisse des gens qui arrivent à en vivre (mal) en produisant en masse sur des sujets précis. D'autres produisent en masse tout court pour emboliser encore un peu plus le système. Mais bon l'important finalement, c'est d'avoir une âme de poète ! Pas vrai les gars ?

Heureusement pour moi, j'ai réussi à préserver quelques collaborations essentielles et sur le long terme. Sinon j'aurai changé de métier depuis bien longtemps.

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet



mercredi 8 février 2023

La République est bonne fille

Oui, la République est bonne fille. Elle te convie même parfois dans les palais des anciens régimes qu'elle a eu tôt fait d'investir par commodité. Ceci pour une raison très simple. Si le système a changé parait-il, on y croise toujours les mêmes personnages. Qu'ils soient présidents, ministres, personnalités, invités tout excités ou petits laquais qui s'autorisent à autoriser tout un tas de choses et à en interdire la plupart par le fait du prince. Pour ma part, je fuis ce genre d'endroits, mais je suis bien obligé de m'y rendre parfois et ce n'est pas pour recevoir la légion d'honneur qui orne le revers des vestons de tous ces messieurs tellement méritants (les femmes y sont si rares). J'ai même travaillé comme photographe pendant une dizaine d'années pour un ministère que je ne citerais pas, et j'ai détesté du début jusqu'à la fin. Si certaines cartes de presse claquent des bises et y sont reçus comme des invités ou même des intimes (Quitte à venir chercher des éléments de langage lors d'un déjeuner pour écrire leurs articles. Je dis cela, je ne dis rien), les journalistes de base, les sans grades sont plutôt suspects à priori et les photographes encore plus. Bah ouais ! T'es con ou quoi ?! Pas question de faire 3 mètres sans être accompagné. Personnellement, dés que j'ai fini mon taf, je dégage et je laisse la piétaille trinquer à ses petits fours.


Mais le plus emmerdant reste à venir. Ces messieurs prétendent aussi valider les images avant publication et ça peut durer longtemps, longtemps, très longtemps, trop longtemps. Des fois qu'on chercherait à ridiculiser les plus hautes instances de l'état. Oui vous entendez bien ! Alors que des centaines de photos, de selfies et de films foireux sont captés, échangés par tous les smartphones des personnes présentes et instantanément postés sur les réseaux sociaux et ailleurs, il faudra se soumettre au diktat des petits hommes en costumes bleu marine. Autant te dire que t'as intérêt à chier droit car à la moindre incartade, tu es menacé d'être raccompagné à la sortie sans que tes pieds touchent par terre et de ne plus jamais revenir.

Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet


mardi 3 janvier 2023

C'était un temps déraisonnable



En ces temps de grande solitude (comme dirait Michel Sardou), les voleurs et les escrocs, les menteurs et les faussaires, les mafieux et les esclavagistes, les usurpateurs et les illettrés, les psychopathes et les wokistes, les curés et les ayatollahs, les cryptocons et leurs avatars ont établis leurs campements un peu partout, et pas seulement à Dubaï. Ils attendent encore un peu pour donner l'assaut final. 
Comme dans le seigneur des anneaux, le voile noir du Mordor s'étend sur le monde. L'obscurité recouvre la connaissance. La science et la culture tentent de surnager dans un océan de médiocrité plein de cadavres en de start-ups en train de pourrir. Heureusement, Macron est là ! Hein ? Non je déconne ... 

Moi pour le réveillon de Noël, j'ai eu la grippe comme cadeau. Très frais, très sympa ! Vivement lundi que je me fasse arracher 2 dents pour bien commencer l'année. 

Je souhaite à tous les égarés qui se retrouvent ici une belle année 2023 et d'être heureux tout simplement.

Frozen Piglet 

C'était un temps déraisonnable, on avait mis les morts à tableOn faisait des châteaux de sable, on prenait les loups pour des chiensTout changeait de pôle et d'épaule, la pièce était-elle ou non drôleMoi si j'y tenais mal mon rôle, c'était de n'y comprendre rienDans le quartier Hohenzollern, entre la Sarre et les casernesComme les fleurs de la luzerne fleurissaient les seins de LolaElle avait un coeur d'hirondelle sur le canapé du bordelJe venais m'allonger près d'elle dans les hoquets du pianola
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?Et leurs baisers, au loin, les suivent


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