lundi 16 juin 2025

Vaincre ou Mourir






En matière de photo professionnelle au sens où l'on en fait son métier, il vaut mieux éviter de regarder par dessus son épaule pour contempler le temps qui passe et le désastre. Et pourtant ... 

Ça fait déjà un paquet d' années que je vois des magazines, jadis de premier plan, publier des photos particulièrement médiocres. Gestion de la lumière inexistante, cadrages approximatifs et rendu général avec un aspect très désagréable à l'oeil, en partie à cause d'un papier bas de gamme et d'une impression dégueulasse, mais surtout par manque de professionnalisme. Tout se passe finalement, comme dans bien d'autres domaines où le travail et la compétence sont ignorés au profit d'une pseudo spontanéité créative pataugeant dans l'amateurisme de bas niveau. En fait la raison est très simple, les commanditaires sont aussi nuls que ceux qu'ils prétendent missionner. Et en matière de nullité, on peut toujours progresser, croyez-moi. Regardez Macron et son gouvernement ...

Cela me rappelle le temps béni où je voyais des mecs rentrer du Pôle Nord pour faire développer 5 films vierges, parce que ils ne savaient pas charger leur 24X36. Comme de toute façon, ils étaient sous-ex de 5 diaphs à cause de la neige, ce n'était pas très grave ... En même temps prendre 36 photos sur la même amorce sans avancer le film d'un centimètre, c'est presque une sorte de performance qu'il convient de saluer. Bien sûr, depuis cette époque lointaine, le monde a évolué et les hordes de presses boutons numériques ne voient désormais le monde qu'à travers leur petit écran. Mais ils sont toujours aussi nuls.  

Finalement tout aujourd'hui est question de flatter des égos, faire l'artiste et soigner son look. Manque de pot, pour durer, il faut surtout gagner sa vie et quand on travaille dans la presse, il faut se lever tôt, très tôt pour aller bosser. C'est autre chose que de faire des petits tirages de merde pour "exposer" grâce à son nom de famille ou dans un lieu charmant, sponsorisé par papa maman. Quand à ceux qui s'emboitent les uns dans les autres, je ne préfère même pas en parler. Et puis aujourd'hui, il y a aussi une nouvelle engeance : les "artistes IA". Des mecs qui se prennent pour des créateurs, alors qu'ils ont écrit 5 lignes pleines de fautes dans une petite case ? Non mais laissez moi rire. Des cafards tout juste bons à piller le travail des autres, les vrais. Mais l'essentiel est devenu de générer sans se fatiguer, des images fausses pour tromper les idiots. 

Pour autant, existe-t-il des raisons d'espèrer ?  Je ne voudrais vous alarmer et encore moins vous décourager, mais sans vouloir paraitre désagréable, je n'en vois aucune. Tant qu'on avait ces armadas de petits connards qui balançaient leurs pauvres photos numériques partout, en rêvant de voir publier leurs merdes, ce n'était pas bien grave. Mais aujourd'hui, ce n'est plus la même limonade avec le net et les "nouvelles technologies". Si tu n'es pas bimédia et même trimédia, tu n'as aucune chance, de gagner ta vie je veux dire. En ce qui me concerne, j'ai choisi l'écriture comme activité secondaire. Principalement pour montrer aux rédacteurs qui ont toujours eu un énorme complexe de supériorité, que je peux faire mieux qu'eux sur le texte et bien mieux sur les illustrations, même sur un quart de page dans un coin de l'article. Mais ce n'est plus suffisant.

Le truc, c'est qu'il faut en plus maitriser la vidéo et le montage, notamment pour les réseaux sociaux, ce qui nécessite encore d'autres investissements. Et pourtant croire qu'on peut assurer un reportage texte photo et vidéo en même temps sur le même évènement, c'est le signe de l'esprit dérangé d'une dircom ou d'un red-chef de pacotille. " Ben quoi ? Je le fais bien avec mon IPhone !" - C'est ça, ferme bien ta gueule, t'auras chaud aux dents ...

Il y a un autre truc qui me défrise, c'est les néo photographes qui postent sur les forums pour demander quelle somme ils doivent inscrire sur un devis, avec de multiples options sur 20 lignes sur les cessions de droits. Si tu crois que tu vas passer comme ça, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'au coude mon garçon (ma fille en option). On en reparle dans 5 ou 10 ans quand t'auras les idées un peu plus claires et que tu seras devenu fonctionnaire territorial en charge des espaces verts et des boulodromes ou responsable du photo-club des PTT. 

Photographe professionnel, ça veut dire que tu gagnes ta vie avec ce métier de façon régulière, sans oublier les dépenses pour ton équipement et pour son renouvellement. Ben ouais ! C'est pas ta grand-mère qui va te les payer tes Nikon et ton MAC et tout le reste avec les flashs et les accessoires, t'es idiot ou quoi ?? 

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

  • J’aimerais qu’un jour, nous nous retrouvions dans une autre vie…
  • Ni aussi têtus, ni aussi jeunes,
  • Ni aussi aveugles, ni aussi orgueilleux.
  • Sans prétextes, mais avec des passions.
  • Sans masques, ni prétention.
  • J’aimerais… »
  • Car nous avons cette fâcheuse habitude d’aimer à moitié,
  • De taire ce que l’on ressent à ceux qui sont là, tout près.
  • Cette habitude de regretter ce que l’on aime,
  • Mais seulement une fois que cela s’en est allé.
  • Nous avons la mauvaise habitude de gaspiller le temps,
  • À courir après des illusions,
  • À poursuivre des rêves qui ne sont pas les nôtres.
  • Et surtout, nous avons cette triste habitude
  • De ne pas voir ce qui compte vraiment…
  • Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.


Charles Bukowski

 








 

Aucun commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...