vendredi 24 mars 2023

De Russie




Hier j'étais à la Manifestation parisienne contre la réforme des retraites. Grâce au petit millier de BB Black blocs en tête du cortège, elle s'est déroulée dans le sang, les larmes et la fureur. Mortiers dans la gueule, marteaux pour casser les abribus et les sucettes Decaux, kiosques à journaux incendiés pour entraver sans doute la diffusion de la presse financée par les milliardaires du CAC 40. Jets de pierres et de tout ce qui leur tombait sous la main, incendies de palettes judicieusement placées là à l'avance et feux de poubelles systématiques. 

Bref, de nombreuses animations pour le plus grand bonheur des rigolos aux casques marqués "presse" habillés tout en noir, avec leurs lunettes de ski et des masques de peintre. Ils doivent revenir de Méribel après une semaine de snow. Il y en a même qui portent des accessoires militaires de protection, achetés dans les surplus. Quelle rigolade de les voir affublés de cette manière.

Parler de retraite à des photographes (le sujet du moment pour les libéraux de droite et les anciens trotskistes), c'est comme parler cantonais à des paysans berrichons ou demander à des étudiants en master 2 d'arrêter de faire des fautes d'orthographe ou de hurler des slogans révolutionnaires alors que ce ne sont pour la plupart, que des petits bourgeois mal éduqués et sans aucune conscience politique.

Les acnéïques qui revendiquent d'exercer le métier de journaliste depuis la semaine dernière ont déjà bien du mal à gagner 3 ronds une fois tous les 6 mois en se la jouant, alors la retraite c'est pour les vieux, les autres qui vont bientôt mourir ... Ceux qui pratiquent depuis des années et qui croisent les doigts, en espérant un miracle qui n'arrivera pas. Non aucun miracle ne se produira pour ceux qui n'ont jamais cotisé, ou pas assez ou pas assez longtemps. Ceux qui s'imaginent que c'est automatique et que ça tombe du ciel par l'opération du Saint-Esprit, alors qu'ils ont été en précompte agessa pendant 25 ans ou qu'ils ont bossé au black. Ceux qui pensent secrètement que le ciel y pourvoira et qui vont jouer les étonnés devant la catastrophe qui ne manquera pas de leur faire coucou et de leur péter à la gueule le moment venu. Et ce moment là, il finira par arriver, soyez-en sûrs !

Dans la presse, la vraie, le problème est un peu différent. Là aussi, tout est une question de générations entre ceux qui ont le statut de journaliste avec la carte de presse (comme-moi, vu que je ne suis pas un perdreau de l'année) et les crevards qui sont payés en droits d'auteur avec un système ou le photographe supporte seul l'intégralité des cotisations sociales (appelées improprement charges sociales par les suppôts du MEDEF), comme chez les chauffeurs VTC et les livreurs de pizzas hawaïennes. En ce qui concerne la presse, c'est parfaitement illégal, mais les chances de se faire gauler par l'URSAFF sont infimes compte tenu du faible nombre de contrôles effectués. Alors j'aime autant vous dire que pour décrocher la carte de presse aujourd'hui pour un photo journaliste, il faut vraiment se lever de bonne heure ou être bi ou tri-médias ou très pistonné.  

Même pour ceux qui ont la carte de presse et qui sont donc payés en salaire, il y a un piège. C'est celui de l'abattement de 30% sur les cotisations sociales. Un système hérité du passé qui plombe tous les photographes pigistes, qui se le voient imposé par les éditeurs, bien qu'il soit soumis à une autorisation signée et ce chaque année (c'est obligatoire depuis plus de 20 ans). Résultat la cotisation retraite est calculée sur la base de 70% du salaire brut et elle est donc minorée d'autant avec un résultat désastreux à la fin du game. Mais comme la plupart des gens ne savent même pas lire une feuille de paie, ça passe crème. Il sera bien temps de se lamenter plus tard avec le minimum vieillesse pour une personne seule ou un photographe qui s'est fait plaquer par son ex qui en avait marre de faire tourner la baraque.

Quand j'entends les politiques pontifier sur le sujet en parlant de carrières hachées et de pénibilité, je rigole avec ma carte de presse en plastique et mes deux D5, ma hernie discale et mes lombaires soudées. Moi qui n'ai jamais pris un seul jour d'arrêt maladie de toute ma vie d'artiste. Je leur chie dans la poche et je leur pisse dans l'oeil.

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

Pendant ce temps, à l'Elysée, on prépare le banquet qui doit accueillir 150 invités au Château de Versailles, en présence de Charles III et de ses grandes oreilles. Un timing parfait pour énerver encore un peu plus la foule qui n'est pas le peuple et vice et versa. On me dit dans l'oreillette que cette visite est annulée. Quelle lucidité des services de l'état. Dommage que les médias français ne parlent jamais des grèves qui se produisent actuellement en Angleterre en voir de Tatchérisation accélérée. C'est trop loin sans doute ... 



mardi 14 mars 2023

Pour quelques dollars de plus




Déposer ses photos dans la galaxie des agences ou des banques d'images ou de Stock ou whatever you call it, c'est devenu aujourd'hui comme les jeter dans un puits sans fond parmi les centaines de millions d'images qui  s'y trouvent déjà. Moi je dis que c'est comme faire le trottoir à Pigalle, pour le compte de maquereaux atteints de la petite vérole.

Pendant que mon ticket de caisse augmente de 30% au "Carrefour Market" en face de chez moi (5% selon l'agence gouvernementale de désinformation INSEE), le prix moyen des photos vendues par nos chères agences baisse chaque année, de 15% en moyenne sûrement à cause de la guerre en Ukraine et des problèmes de logistiques ou de cours du gaz russe. Et ce n'est pas la moindre des analogies entre ce qu'est devenu le marché mondialisé de la photo et les méthodes de la grande distribution. Sauf que là, les photographes se retrouvent dans la case fournisseurs, face à des entreprises qui font la loi et qui changent les clauses des contrats tous les 6 mois, sans te demander ton avis et toujours à leur profit. La plus grande défaite a été d'accepter de voir la part photographe passer de 50 à 40%. Le reste n'est qu'une lente dégringolade sans fin ... Sans carte de fidélité pour toi, mais avec tickets de réduction pour les éditeurs. Peu importe que ce soit du stock, de l'illustration, du reportage, tout est logé à la même enseigne du discount comme chez LIDL.

Si t'es pas content, la porte est grande ouverte. Tu peux toujours changer de crèmerie, mais ce n'est qu'une illusion, puisque par la loi des intermédiaires et des accords de distribution, tu finis toujours par retrouver tes photos chez les mêmes petits fils de putes qui squattent le secteur. C'est comme cela qu'une même photo peut être vendue 100 dollars ou 10 dollars, ou 1 dollar ou 0,1 dollar. Tout dépend par qui et où.

Il y a 5 ou 6 ans, j'ai ouvert un compte chez Alamy, une banque d'images anglaise (450 millions d'images en stock). Je ne les aime pas vraiment. Je les trouve assez arrogants dans l'ensemble. Des anglais quoi ... J'ai téléchargé près de 25000 photos exclusives jusqu'à présent, et je continue. J'espère sans trop y croire atteindre un jour un revenu significatif. A ce jour, j'ai vendu environ 450 photos pour un montant de 15 000 dollars à peu près. Je dis "j'ai", parce que c'est moi qui fait tout le boulot et personne d'autre. Alamy ne fait que me piquer 60% des droits et encore plus avec ses intermédiaires de mes deux, qu'elle rétribue grassement. Et je ne parle même pas des photos qui s'évaporent sur des publications inconnues que je retrouve un jour au détour d'un site internet et que je suis obligé de signaler moi-même en m'attirant des réponses condescendantes. 

Mais à vrai dire, il ne reste pas grand chose une fois les retenues opérées et encore, chaque année le prix de vente moyen baisse. Disons que je gagne de quoi amortir mon matériel de prise de vues sur 5 ans (et je ne parle que des boitiers).

Je suis aussi dans une ex-première agence mondiale de photojournalisme dont la ligne éditoriale est aussi incompréhensible que le site qui ressemble à une rubrique nécrologique. Elle a signé un partenariat avec GETTY, ce qui me permet de voir moi aussi mes photos vendues pour 50 centimes dans le monde entier. La gloire quoi ! C'est elle qui m'a permis de faire connaissance avec l'URSSAF Limousin qui prétendait me prélever 800 euros, alors que j'avais gagné 390 euros. Heureusement que je suis payé en salaire depuis toujours comme détenteur de la carte de presse depuis ... Hein ? Oui ta gueule.

D'ailleurs je plains les jeunes photographes qui expérimentent non seulement la précarité, mais aussi le statut le plus pourri du monde, celui d'auteur et tous ses avatars. Ben ouais, ça fait bien longtemps qu'on connait l'autoenterprise dans notre métier. On est donc bien placé pour savoir que c'est de la merde et un pur rêve pour les employeurs qui transfèrent ainsi l'intégralité des cotisations sociales sur des mecs qui disent merci en plus. Les cons ! Ils comprendront un jour, mais plus tard, quand il sera bien trop tard ... A 25-30 ans, on se croit immortels et à 65, on se lamente sur son triste sort et sa retraite minable.

J'ai aussi ouvert des comptes chez Shutterstock avec 2,63 dollars gagnés sur 11 ventes  pour moins de 200 photos téléchargées. Chez Adobe Stock pour 0,22 dollars et une vente pour 68 photos. Le must, la validation des photos dans les 2 cas par des guignols qui ne connaissent rien ni à la propriété intellectuelle, ni au droit à l'image, ni à la photo en général. Ils prétendent même t'indiquer à quel endroit, tu dois faire la mise au point, alors que tu as volontairement rendu flou le premier plan de l'image. 

J'ai aussi expérimenté la signature d'un contrat avec une autre agence anglaise de photo-journalisme en même temps, mais j'ai vite réalisé qu'on avait du mal à se comprendre, même si je parle rosbif les doigts dans le nez. Alors j'ai laissé tomber ...

Le bilan de tout cela est que gagner de l'argent avec les agences n'est qu'une illusion de plus. (Je me demande où sont passé les contributeurs de FOTOLIA au fait ? Les pauvres ... Ben si les pauvres !) Bien que je connaisse des gens qui arrivent à en vivre (mal) en produisant en masse sur des sujets précis. D'autres produisent en masse tout court pour emboliser encore un peu plus le système. Mais bon l'important finalement, c'est d'avoir une âme de poète ! Pas vrai les gars ?

Heureusement pour moi, j'ai réussi à préserver quelques collaborations essentielles et sur le long terme. Sinon j'aurai changé de métier depuis bien longtemps.

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet



mercredi 8 février 2023

La République est bonne fille

Oui, la République est bonne fille. Elle te convie même parfois dans les palais des anciens régimes qu'elle a eu tôt fait d'investir par commodité. Ceci pour une raison très simple. Si le système a changé parait-il, on y croise toujours les mêmes personnages. Qu'ils soient présidents, ministres, personnalités, invités tout excités ou petits laquais qui s'autorisent à autoriser tout un tas de choses et à en interdire la plupart par le fait du prince. Pour ma part, je fuis ce genre d'endroits, mais je suis bien obligé de m'y rendre parfois et ce n'est pas pour recevoir la légion d'honneur qui orne le revers des vestons de tous ces messieurs tellement méritants (les femmes y sont si rares). J'ai même travaillé comme photographe pendant une dizaine d'années pour un ministère que je ne citerais pas, et j'ai détesté du début jusqu'à la fin. Si certaines cartes de presse claquent des bises et y sont reçus comme des invités ou même des intimes (Quitte à venir chercher des éléments de langage lors d'un déjeuner pour écrire leurs articles. Je dis cela, je ne dis rien), les journalistes de base, les sans grades sont plutôt suspects à priori et les photographes encore plus. Bah ouais ! T'es con ou quoi ?! Pas question de faire 3 mètres sans être accompagné. Personnellement, dés que j'ai fini mon taf, je dégage et je laisse la piétaille trinquer à ses petits fours.


Mais le plus emmerdant reste à venir. Ces messieurs prétendent aussi valider les images avant publication et ça peut durer longtemps, longtemps, très longtemps, trop longtemps. Des fois qu'on chercherait à ridiculiser les plus hautes instances de l'état. Oui vous entendez bien ! Alors que des centaines de photos, de selfies et de films foireux sont captés, échangés par tous les smartphones des personnes présentes et instantanément postés sur les réseaux sociaux et ailleurs, il faudra se soumettre au diktat des petits hommes en costumes bleu marine. Autant te dire que t'as intérêt à chier droit car à la moindre incartade, tu es menacé d'être raccompagné à la sortie sans que tes pieds touchent par terre et de ne plus jamais revenir.

Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet


mardi 3 janvier 2023

C'était un temps déraisonnable



En ces temps de grande solitude (comme dirait Michel Sardou), les voleurs et les escrocs, les menteurs et les faussaires, les mafieux et les esclavagistes, les usurpateurs et les illettrés, les psychopathes et les wokistes, les curés et les ayatollahs, les cryptocons et leurs avatars ont établis leurs campements un peu partout, et pas seulement à Dubaï. Ils attendent encore un peu pour donner l'assaut final. 
Comme dans le seigneur des anneaux, le voile noir du Mordor s'étend sur le monde. L'obscurité recouvre la connaissance. La science et la culture tentent de surnager dans un océan de médiocrité plein de cadavres en de start-ups en train de pourrir. Heureusement, Macron est là ! Hein ? Non je déconne ... 

Moi pour le réveillon de Noël, j'ai eu la grippe comme cadeau. Très frais, très sympa ! Vivement lundi que je me fasse arracher 2 dents pour bien commencer l'année. 

Je souhaite à tous les égarés qui se retrouvent ici une belle année 2023 et d'être heureux tout simplement.

Frozen Piglet 

C'était un temps déraisonnable, on avait mis les morts à tableOn faisait des châteaux de sable, on prenait les loups pour des chiensTout changeait de pôle et d'épaule, la pièce était-elle ou non drôleMoi si j'y tenais mal mon rôle, c'était de n'y comprendre rienDans le quartier Hohenzollern, entre la Sarre et les casernesComme les fleurs de la luzerne fleurissaient les seins de LolaElle avait un coeur d'hirondelle sur le canapé du bordelJe venais m'allonger près d'elle dans les hoquets du pianola
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?Et leurs baisers, au loin, les suivent


jeudi 15 décembre 2022

MEERO, c'est déjà après ... MEERO - Prix de la Start-Up de l'Année 2019 - Lauréat national






Dans l'économie réelle, ce sont les donneurs d'ordre qui exploitent les sous-traitants en les pressant comme des citrons. Dans la "French-Tech", c'est le contraire, enfin du moins chez MEERO. 6 ans après sa création, la situation de la  perle de l'économie 2.0 qui accumulait levée de fonds sur levée de fonds et les articles dans les ECHOS ressemble fort à un naufrage.

On se demande où sont les myriades de "journalistes" qui minaudaient en encensant cette "licorne" de la nouvelle économie française qui prétendait révolutionner le marché de la photographie professionnelle.

MEERO, dont l'obscur projet était de délivrer les photographes des tâches ingrates de la post-prod grâce à l'intelligence artificielle, et accessoirement pour son créateur de "brûler du cash", est à la rue.

En mai 2022, le magazine CHALLENGE annonçait déjà que la Start-Up avait licencié 350 personnes, soit la moitié de ses effectifs sur les 2 années écoulées. Une annonce surprenante pour une entreprise décrite comme resplendissante dans les interviews de son dirigeant.

Mais cette fois-ci, coup de sifflet. C'est la fin de la récré. Le Comité de direction de MEERO a viré son créateur "réorganise sa gouvernance" et "se recentre sur son activité logiciel ". Traduction : C'est la panique. On a fait venir des spécialistes de la spécialité sous la pression des actionnaires pour voir si on peut encore sauver quelque chose. Mais c'est très mal barré.

Voici le communiqué du nouveau PDG de MEERO, Gaétan Rougevin-Baville. Ben oui les noms de famille composés, ça fait trop stylé ! 

"Diriger une entreprise c’est aussi prendre des décisions qu’on n’a pas du tout envie de prendre. Celle que nous venons d'acter avec l’ensemble du comité de direction de Meero est certainement la plus difficile à laquelle nous avons été confrontés.."

"Nous avons en effet présenté à notre CSE un projet d’arrêt progressif de l’activité de photographie professionnelle de Meero à destination des acteurs du travel et de la restauration. Nous faisons face à des vents contraires depuis la crise sanitaire - tourisme mondial durablement affecté par le Covid et concentration des acteurs de la Foodtech - et nous ne voyons pas de perspectives positives à court et moyen terme. Avec l’arrêt de cette activité, nous envisageons de nous séparer de 72 collaborateurs en France. C’est un moment difficile pour les équipes concernées par ce projet et pour nous en tant que managers. Avec l’équipe RH, nous mettons en place des mesures pour leur permettre de rebondir au plus vite. Meero s’est construit grâce à eux et ils ont créé les fondations de notre offre actuelle. Nous leur devons beaucoup et nous nous engageons, je m’engage personnellement, à les aider dans leurs futures démarches. Pour Meero, ce projet vient dans la continuité des changements dont nous parlons depuis quelques mois et sur lesquels nous avons décidé de communiquer de manière la plus transparente possible, en interne comme en externe. Désormais, nous allons nous concentrer sur le développement de notre suite logicielle Meero Suite et sur notre offre actuelle de photographie professionnelle dans les secteurs de la mode et de l’e-commerce". 

En résumé, le licenciement de 420 salariés, c'est le vent contraire.

Et les photographes ? Hein !? Les quoi ??? Ben les mecs qui shootaient à 40 euros tous droits cédés là, la crème de la crème de la photo low cost internationale. Eh bien eux, ils ont droit à un autre discours du Vice-président dans un message qui leur est adressé et dont voici l'essentiel ...

"Après analyse du contexte économique mondial et des perspectives de développement de notre service de photographie sur demande, c'est avec regret que nous considérons la possibilité d'interrompre nos opérations dans le monde entier (à l'exception du Japon) à l'horizon 2023. 

MEERO continuerait son activité dans la photo de "Mode" et le "e-commerce", mais au Japon. Ahahahhhahahhhahhhahhha ! Pourquoi je ris  ??? 

Heureusement, le T-Shirt MEERO va devenir collector. Les mecs pourront toujours le revendre sur VINTED. Parce que pour les indemnités, tu vois la corne de la licorne ? Tu vois où tu peux te la mettre ?

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet


Voici ce que j'avais écrit il y a 2 ans jour pour jour

MEERO, ce sera mieux après

Les plateformes de mise en relation sont un peu comme des parasites qui prospèrent, sous couvert de modernité, sur le fumier du libéralisme. Mais le plus étonnant, c'est de trouver des gens pour mettre des tunes dans ce bastringue, alors que le business repose de prime abord sur une simple hypothèse, selon laquelle, la présence d'un intermédiaire serait indispensable pour mettre un peu d'ordre dans le bordel ambiant. Ce qui est encore plus curieux, c'est de voir une plateforme démarrer ex-nihilo, avec des fichiers remplis de noms dés le premier jour, avant même d'avoir initié quoi que ce soit. En la matière, Meero est arrivé comme une déflagration dans la presse économique, non pas pour ses résultats qui sont bien minces, mais plutôt pour avoir réussi à convaincre assez de débiles pour mettre 300 millions de dollars au pot, sur sa bonne mine. Alors, MEERO prétend en offrant son aide, décharger les photographes des tâches ingrates, comme la post-prod et la facturation, au profit du temps consacré à la créativité.

Est-il utile de rappeler que les coeurs de cible de cette plateforme sont: L'immobilier, la restauration, les mariages, le voyage, le e-commerce et les gogos ? Que des secteurs à l'agonie ou en passe de l'être, suite à la situation que l'on connait. Le réveil va être difficile pour ceux qui croyaient disrupter un secteur dans son entier, à grands coups de nouveaux paradigmes dans ta gueule.

Voici le genre de message que les photographes reçoivent de la part de cette plateforme, les fautes sont cadeaux et les inexactitudes sont légion.

Bonjour Frozen Piglet,

Je m'appelle Hubert de la Motte Fifrée (Les noms ont été changés) et je travaille pour une entreprise nommée MEERO, une agence de photos basée sur Paris (Faux, MEERO est une plateforme de mise en relation). Nous sommes actuellement à la recherche de photographes sûr Palavas les Flots. 

Pour vous en dire plus, nous sommes une agence qui mettons en relation nos clients avec vous photographes indépendant afin de réaliser des missions photographiques. En devenant  un partenaire à nous (!), nous vous créons un profil sur notre platform où vous serez en mesure de mettre à jour votre calendrier et être proposé (!) des shooting en fonction de vos étiquettes. Vous obtenez ces étiquettes après avoir réalisé un shooting test Exemple: l'étiquette Fooding, l'étiquette immobilière etc

De plus, sachez que vous serez que photographe, nous nous occupons de créer les invoices (évidement Ducon puisqu'il n'est pas question de savoir combien est facturée la mission au client par MEERO)d'organiser les shoots mais aussi de réaliser toute la partie Post production. 

Nous insistons que cette opportunité est une activité complémentaire a ce que vous faites. 

Pour ce projet particulier:

un peu moins de 1 heure de travail pour 23 photos payées 40 €

Par ailleurs, nous compensons vos trajets à hauteur de 0,20 € pour chaque kilomètre dépassant les 40 kilomètres aller-retour (Pour info, le Barême fiscal 2020 varie de 0,45 à 0,60 € dés le premier kilomètre). 

Pour ce qui est du paiement, il est réalisé tous les 5 et les 20 du mois par Virement Bancaire Direct

Si cela vous intéresse .... Bla bla bla blalalla bla ... 

Résumons-nous. Si vous signez avec ces illettrés, vous serez payés 40 € bruts la prise de vues + 2 € pour un déplacement de 50 Kilomètres. En prime vous perdrez vos droits sur votre travail. Belle opportunité, n'est-ce pas ? Et encore, ça c'est si t'arrives à te faire payer avant le dépôt de bilan.



mardi 18 octobre 2022

Fuck en Stock








Depuis 20 ans, le prix moyen des licences sur les photos n'a cessé de se casser la gueule et une fois qu'il est arrivé à une somme où moins ce serait zéro, les petits fils de putes qui sont à la tête des banques d'images ont décidé de s'attaquer à la dernière variable d'ajustement qui restait, la durée de la licence (*) d'utilisation. Parce que des photos, ils en ont des centaines de millions, donc si t'es pas content c'est un peu comme si t'étais un moustique sur le dos d'un éléphant. Mais eux ils gagnent du fric quoi qu'il arrive. 

Ici, un bel exemple de licence de merde accordé pour une utilisation "Monde Entier" pour un usage éditorial, site web, application et social média pour illustrer un article avec droit d'archivage à perpétuité et un droit d'utilisation qui débute en octobre 2022 et qui se termine dans 10 ans. Ce qui signifie que l'utilisateur peut publier cette photo autant de fois qu'il le veut et ce pendant 10 ans. Initialement cette photo est en droits gérés (rights managed), ce qui voulait dire que le prix de cession de droits devait être calculé sur la base de l'utilisation qui en sera faite. Une règle qui a été dévoyée totalement, genre je te retourne et je t'encule Marie-Thérèse.

J'ai shooté cette photo (et beaucoup d'autres) à Tokyo, il y 3 ans et la banque d'image en question en a l'exclusivité. Ce qui veut dire qu'elle me rétrocède la modique somme de 1,2 US Dollar (soit 40% du prix de vente) et qu'elle se garde 60% de la somme totale.

Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

(*) Licence : Contrat de cession de droits défini par le prix, les domaines d'utilisations et la durée d'usage

vendredi 14 octobre 2022

Oksana

De temps en temps, Paris-Match se souvient que jadis, il était un magazine qui racontait le monde. Bien avant que qu'il ne lèche le cul des hommes politiques ou qu'il fasse des publi-reportages sur les dictateurs en villégiature à Paris, pour faire du shopping chez DIOR ou chez Chanel, Paris-Match publiait des reportages. C'était il y a longtemps et rassurez-vous, cela ne dure jamais beaucoup plus que le temps d'un numéro. Cette semaine, j'ai entendu Patrick Chauvel, un des reporters de guerre français digne du plus grand respect, raconter l'histoire de cette photo et de cette enquête, de la mort horrible de cette jeune femme et de cette ignoble tragédie qui souille la Russie et l'humanité toute entière. 


Peu importe que sur son site, Paris-Match se trompe en disant que cette jeune femme avait 25 ans, puis dans le texte qu'elle en avait 34 ans. Il fallait absolument montrer cette photo. Cette photo qui hantera le monde pour longtemps, comme d'autres en leur temps. La question ne se pose même pas.
Elle montre qu'au delà d'être des fils de pute en certaines circonstances, alors que ces chiens se prennent certainement pour des héros, les soldats peuvent se conduire comme des monstres dénués d'une quelconque parcelle d'humanité. Comment ces mecs peuvent-ils regarder leur femme, leurs enfants dans les yeux après cela ? J'espère qu'ils seront pendus et qu'on crachera sur leurs tombes et sur leur noms pour l'éternité.


En enregistrant la page sur le bureau du MAC, je peux lire l'article dans son intégralité. 
L'article est publié dans le numéro de cette semaine.

Frozen Piglet


Là, l'interview de Patrick Chauvel sur C à Vous.




mercredi 28 septembre 2022

C'est la Rentrée




Ouais, enfin ça fait un moment que c'est la rentrée, je te signale et ça débute bien. Hier, 2 mecs d'une trentaine d'années ont essayé de me faire le téléphone dans la poche alors que je remontais la rue avec un gros sac à roulettes plein de matos. Le premier, je lui ai éclaté le coccyx à coup de pompes (ça doit être pour ça qu'on dit, je vais te monter en l'air ...). Il a poussé un petit cri d'animal blessé. Le second, je l'ai collé contre une bagnole pour lui expliquer que si je le revoyais dans le quartier, il rentrerait chez lui en pièces détachées. Ils ont détalé comme des lapins. Dommage que j'étais pressé, sinon vrai de vrai, je me serai bien battu avec ces deux minables pour évacuer toutes les frustrations que je ressens face à ce monde qui se démantibule de partout. On a beau être photographe, on en est pas moins homme. Enfin je crois.

Il y a quelques mois, j'ai ouvert un compte chez Shutterstock et chez Adobe Stock pour voir, vu qu'Alamy et les autres commencent très sérieusement à me chier dans les bottes. Eh ben j'ai vu. Comme je suis un peu maso, j'adore qu'une pseudo intelligence artificielle de mes deux trashe mes photos en m'expliquant que la mise au point n'est pas faite au bon endroit ou alors que mon appareil n'est peut-être pas assez performant. Ou même qu'elle m'indique que le motif du refus serait qu'un élément relevant de la propriété intellectuelle figure dans une photo de paysage. La meilleure étant de refuser une série en bloc, en prétextant qu'il s'agit d'un sujet rédactionnel réservé au titulaires de la carte de presse. Ça tombe bien, je l'ai pauvre conne d'AI.
Quelle rigolade ! C'est au moins aussi drôle que de se faire établir un arrêt de travail en cochant des cases sur un site de télé-consultation. Quand je pense que de toute ma vie, je n'ai jamais pris un seul jour d'arrêt et que même covid à mort, j'ai continué à bosser. Bon enfin passons ... Sur Shutterstock, j'ai quand même déjà gagné 1,49 USD pour 5 ventes avec moins de 100 photos. Trop la classe !

Sinon la boite que j'ai mandaté pour récupérer les droits sur mes photos volées sur internet  (inutile de me demander laquelle) m'a envoyé un relevé récapitulatif sur les dossiers en cours. Il y en aurait pour 220 000 euros, dont 55 000 pour un seul site du côté de l'Asie. Ça serait bien que le flouze, la moula commence à rentrer, parce que j'ai besoin d'un nouveau MAC à acheter et d'un 14-24 2,8 Nikon, plus un dos numérique pour mon Blad et un Z9 ou deux avec 3 optiques Z, plus deux trois autres trucs comme un écran 27 pouces tout neuf. 

La semaine dernière, j'ai fait des photos en prison. C'est au moins la cinquième fois que je fais de la prison (comme photographe, t'es con où quoi ?). La première c'était la Santé et puis Fresnes et Bois d'Arcy et puis je ne sais plus quoi. Je me souviens avoir été surpris par l'odeur, un mélange d'urine, de désinfectant et de vomis. Et aussi par les "Vas te faire enculer avec tes photos", "Range ton appareil sale fils de pute", "je vais te niquer ta mère et ta grand-mère", "fous-toi ton zoom dans le cul". Et j'en passe, tous des poètes ! C'est marrant, sur les chantiers "d'établissement carcéral", il y toujours une cellule témoin qui se visite, comme les appartements témoin dans les programmes immobiliers, là où t'en prend pour 20 ans, mais de crédit. 

Cette semaine, j'ai refusé un boulot qui ne se refuse pas, la veille pour le lendemain. Mais j'en ai rien à foutre. Il y a longtemps, je ne prenais jamais de vacances, je vivais seul et je travaillais tout l'été. J'avais toujours peur de laisser passer une belle opportunité. Mais tout ça c'est fini. Aujourd'hui, j'ai trop de boulot. On dirait que mon génie de photographe est sur le pont d'être reconnu, mais c'est trop tard. Je suis presque mort. 


Frozen Piglet

Sinon tu veux toujours devenir photographe pauvre con ?

mercredi 3 août 2022

J'aime pas Getty




J'aime pas les photographes de Getty non plus. D'ailleurs, c'est curieux chez ces mecs, ce besoin de faire des phrases entre 2 rafales de 283 photos identiques. Ce qui est encore plus curieux, c'est que les petits fdp avec leurs hybrides de mes deux se retrouvent en masse chez Getty pour vendre leurs photos à 20 centimes en Chine et foutre encore un peu plus le bordel. On avait pas besoin de ça. Moi j'y suis pas chez Getty, mais en fait j'y suis quand même malgré moi, à cause des accords croisés entre agences. Juste assez pour savoir que Getty est le rendez-vous de tous les escrocs de la presse et du web. Tous ceux qui viennent profiter de l'aubaine, de la sueur des autres et des abonnements à prix discount. Je ne comprends même pas que cette boite de merde existe encore avec un endettement monstrueux et un modèle économique qui ressemble tellement à UBER PHOTO qu'elle devrait être en faillite depuis longtemps. Comment être pris au sérieux par le service juridique d'un média qui t'as volé une photo vendue 20 centimes d'euros ? Je te le demande.

Par contre j'aime bien faire des photos dans la rue. C'est même une de mes occupations principales quand je n'ai rien à foutre, à part glander devant mon écran sur le net. Mes deux sujets favoris depuis au moins 2 ans, c'est les poubelles et les travaux à Paris, cette ville que j'aime devenue dégueulasse et que je ne reconnais plus. L'autre, c'est tous les crétins qui roulent sur des engins à 2 roues électriques ou pas en grillant les feux. A vrai dire, c'est les mêmes. J'envisage sérieusement d'acheter un cheval pour démontrer que oui, décidément c'était mieux avant. 

Parfois je suis étonné de voir la capacité d'autodestruction qui anime notre monde. C'est fascinant de contempler ce désastre et de voir Nabilla vanter les mérites du trading et se faire condamner à 20 000 euros d'amende alors qu'elle gagne 400 000 euros par mois avec des placements de produits et ses 5 millions d'abonnés. 

Dans 72h00, je serai en vacances dans les Alpes à faire chier les marmottes, mais au moins je pourrais respirer le bon air.  Passez de bonnes vacances les mecs et profitez de la vie en n'oubliant pas de rire de tout. Le reste n'a pas d'importance.

Frozen Piglet



lundi 27 juin 2022

Miskine



Samedi soir 00h20, rue des Martyrs, j'ai été à 10 cm de percuter de plein fouet un couple sur une trottinette LIME. C'était lui aux commandes, 16-17 ans, avec sa blonde derrière (ce qui est interdit. Pas la blonde ! D'être à 2, t'es con ou quoi ?). Ils roulaient à contresens (ce qui est interdit), sans protection (et j'ajoute sans assurance, ce qui est interdit) avec les écouteurs dans les oreilles (ce qui est interdit). Il a grillé le feu (ce qui est interdit) et a même refusé la priorité à droite (ce qui est très con). J'ai bloqué mes roues et j'ai dérapé sur 5 mètres pour m'arrêter pile avant de les couper en deux avec ma Chevrolet Corvette Stingray 7 Litres et demi ... Euh !! ma Renault Clio. Il est reparti avec le regard vide des immortels et sa copine avait quand même un air de panique dans les yeux et de la merde dans sa culotte. Il a continué en enquillant une rue à contresens. Il a eu raison de ne pas s'arrêter sinon, je lui faisais bouffer son e-scooter en pièces détachées et je lui enfonçais la batterie dans le cul avec le chargeur (c'est ce qui est le plus dur à passer). Vraiment j'en peux plus de ces petits connards.

FP


 

vendredi 24 juin 2022

Jambon de Paris




Parfois, je m'interroge sur ce monde rétrograde et sa faillite inéluctable, sur la vie, l'amour, la mort et la photographie. Mais jamais très longtemps parce que j'ai autre chose à foutre, comme trouver un 14-24 NIKON (pas trop cher) et faire nettoyer les capteurs de mes 2 D5 plein de merdes ou vérifier si je n'ai pas encore vendu une de mes sublimes photos 1$31 en Croatie, par l'intermédiaire d'une de ces fabuleuses banques d'images à la con. En fait ma vie est pitoyable et maintenant que je sais que je vais être représenté par Aymeric Caron à l'assemblée, je me demande en plus vraiment si elle vaut la peine d'être vécue. Sinon je dois changer le plat du chat.



La première agence photo dans laquelle j'avais signé est au cimetière du tribunal de commerce depuis longtemps. Qu'elle repose en paix. Il faut dire qu'elle était trop petite, pas assez structurée et pas assez réactive pour résister au raz de marée numérique qui allait survenir. Mais après tout, bien des agences beaucoup plus grosses ont bu la tasse de la même manière un peu plus tard. Simplement elles ont creusé plus profond et elles ont planté plus de photographes, sans jamais les payer, parfois même en faisant disparaitre leurs archives. J'ai les noms ! Moi ça m'a coûté 4 500 balles et les responsables ont disparu sans un regard et sans un mot.

En 2016, les mêmes arguments menant aux mêmes constats, j'ai décidé de retenter l'aventure avec une très grosse "agence numérique", histoire de voir si je ne pouvais pas valoriser les photos produites lors de mes multiples reportages, mais aussi celles de mes sorties dans Paris ou en déplacement. Pourtant j'avais eu l'impression d'être pris pour un jambon quand la part agence était passée de 50 à 60% partout. Et Il faut se résoudre à l'évidence, 40% de presque rien, ça fait que dalle ...

En parlant de jambon, ça me rappelle la fois où roulant sur le périphérique, j'avais juste devant moi une camionnette frigorifique avec une porte arrière mal fermée. A un moment, un colis est tombé et ma voiture est montée dessus sans me laisser le temps de freiner. Le mec ne s'est aperçu de rien et moi, ma voiture s'est retrouvée avec les roues avant ne touchant plus le sol. Impossible de bouger. J'ai donc fait appel à une dépanneuse pour soulever la voiture et extraire le carton qui contenaient 4 gros jambons de Paris entiers. 2 étaient intacts et le dépanneur m'a tout de suite proposé de ne pas me compter le dépannage s'il pouvait les récupérer. J'ai dit oui ! La barrière des espaces sans doute ... Il a du en bouffer pendant des semaines ! Un évènement qui aurait sans doute révulsé Aymeric Caron, le prince des moustiques.

J'en étais où au fait ??? Ah oui les agences ! Toutes des petites merd ... Euh !!! des bienfaitrices de la communauté des photographes et de l'humanité, c'est clair. Dernièrement, j'ai encore créé des comptes dans 2 banques d'images et j'ai pu constater que la validation des photos étaient désormais opérées par des algorithmes qui rejettent à peu près tout sous des prétextes types et fallacieux, totalement infondés et propres à l'intelligence artificielle connardisée. Encore un aperçu du monde qui nous attend. A côté de cela, je dépose encore des photos dans encore une autre agence très célèbre qui ne me paye jamais, même pas en Bitcoin.  

Un jour je disparaîtrai de cette terre et je ne laisserai pas plus de traces à la surface de la terre qu'un moustique qui pique Aymeric Caron pour nourrir ses enfants. Mais l'important c'est que j'ai une âme de poète. 

Au fait, tu veux toujours être photographe pauvre con ? Non mais tu vas répondre oui !

 Frozen Piglet





vendredi 10 juin 2022

Ouistiti Sexe

Je suis en train de lire le bouquin de Franck Courtès, "La Dernière Photo" (JC Lattès Editeur). C'est un photographe dont j'admirais le travail et les portraits pleins de délicatesse en son temps, dans Libération et les Inrocks (que je ne n'achète plus ni l'un ni l'autre). J'ai découvert ce livre grâce à un commentaire laissé sur un post précédent et je vous le recommande vivement. Dans cet ouvrage, j'ai appris que ce portraitiste d'une sensibilité rare, avait quitté le métier définitivement pour celui de l'écriture. Je suis parfois stupéfait de constater que des photographes considérés comme talentueux, ont vécu une descente aux enfers consécutive à l'arrivée du numérique. Même s'il y a plein d'autres raisons qui leur sont personnelles ou pas. Il est vrai que quand on est au sommet de l'Olympe, il est rare de ne pas en descendre un jour ou l'autre. Alors que quand on nage comme un poisson frétillant dans le cloaque de la médiocrité (comme-moi), on ne prend aucun risque. Mais on finit toujours par le regretter.

Dans cet écrit fortement marqué de l'empreinte du pathos, Franck Courtès raconte ses rencontres, décrit son métier et ses dérives jour après jour, ainsi que la souffrance engendrée par le mépris. Celui qui le contraint à réaliser un portrait en moins de 2 minutes pour satisfaire un milieu rongé par la connerie, où tout commence et tout finit dans le même instant.

Cette violence là, si je la connais bien, c'est que je l'ai vécu à la même époque comme photographe (à peu près anonyme à la différence de lui). C'est d'ailleurs devenu mon nom par défaut "photographe" ou "le photographe", même si je reprends systématiquement les gens, en leur indiquant que j'ai un nom et un prénom, comme eux et que je les emmerde. 

La violence quand on t'assène comme un reproche que "on a trouvé la seule photo où cette femme souriait dans ta série" et qu'on l'a utilisé pour une pleine page, alors que tu sais pertinemment que c'est la moins bonne image et qu'elle n'exprime rien avec son sourire de circonstance. Le mépris quand on te dit que si tu n'es pas disponible ce jour là, on va filer la prise de vues à quelqu'un d'autre, alors que la veille, on a changé de jour pour la même raison, mais pour un rédacteur. Mais tout le monde le sait, les photographes sont interchangeables.

Au delà de tous ces petits événements qui relèvent de l'anecdote, la violence ultime, c'est celle qui t'empêche d'exprimer ce que tu as de meilleur et qui fait que insensiblement, tu perds confiance en toi, avant de toucher le fond parfois. 

Moi aussi, je me suis tourné vers l'écriture pour m'entendre dire les photos que je réalisais pour illustrer mes articles devaient être gratuites, que mes titres étaient un peu trop fantaisistes, que mes propositions de reportages n'étaient pas orthodoxes. A la différence de Franck Courtès, je ne vais pas poser mes appareils sur des étagères pour autant, car mon rêve reste intact. 

je continuerai quoi qu'il arrive, jusqu'à la fin de mes jours. Mais quand j'aurai le temps, j'aimerai bien dessiner et peindre comme quand j'avais 6 ans et que je fréquentais l'atelier pour enfants des Arts Décoratifs de la rue de Rivoli.

Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet 


jeudi 12 mai 2022

SOURIRE DE DENTISTE

Même ma fille sait depuis l'âge de 6 ans que les licornes n'existent pas. Malgré cela, il existe encore des adultes prétendument sensés,
prêts à mettre des centaines de millions dans d'obscures start-up et des journalistes des Echos prêts à leur emboiter le pas pour en faire le panégyrique plein de fautes, avec l'enthousiasme de jeunes crétins remplis de foutre, d'hormones et de certitudes. 

Le seul objectif de ces plateformes est comme toujours d'asservir des idiots, en prétextant un monde nouveau et resplendissant où tout le monde vit comme dans un rêve, en travaillant de temps en tempsManque de pot, un jour ou l'autre, la réalité pointe son nez avec ses additions, ses multiplications, ses divisions et surtout ses soustractions. On a beau lui chier dessus encore et encore, le vieux monde finit toujours par refaire surface contre vents et marées et il n'est pas content.

MEERO, on en tous entendu parler, notamment par l'intermédiaire de son créateur qui prétendait en son temps "brûler du cash" (Cash Burn) pour en gagner, aujourd'hui peut-être ou alors demain. On a parlé aussi "d'Uberisation" du secteur de la photo.

L'absence de résultats est le cadet des soucis des créateurs de Start-Up. Seule la valorisation que le secteur financier leur accorde est digne d'intérêt. D'ailleurs, l'objectif de ces entrepreneurs de pacotille est la plupart du temps de céder leur création le moment venu à un gogo, quitte à se retirer dans un monastère tibétain avec le pognon. 

Le magazine Challenge a publié un article, où il annonce le "licenciement à bas bruit" de la moitié des effectifs de MEERO. Bon je ne fais pas de soucis pour eux, ils pourront toujours revenir comme photographes ... Photographes chez MEERO, je veux dire.

L'autre possibilité est de signer avec SMILER, le nouveau venu sur le secteur, chez lequel, on a besoin que d'un appareil et d'un sourire pour se faire ... Heu ! Pour gagner de l'argent, de l'argent !! Une dernière condition étant d'aimer les gens. C'est mort, moi je les déteste.

Dommage, parce que selon Smiler, tu peux faire 200 shooting par jour. Bien sûr ! Parce que un shooting dure une minute à chaque fois chez Smiler ! Et en plus aucune expérience de la photo n'est demandée. Elle est pas belle la vie ?

Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

MEERO, Ce sera mieux après (Publié en Décembre 2020)

Les plateformes de mise en relation sont un peu comme des parasites qui prospèrent, sous couvert de modernité, sur le fumier du libéralisme. Mais le plus étonnant, c'est de trouver des gens pour mettre des tunes dans ce bastringue, alors que le business repose de prime abord sur une simple hypothèse, selon laquelle, la présence d'un intermédiaire serait indispensable pour mettre un peu d'ordre dans le bordel ambiant. Ce qui est encore plus curieux, c'est de voir une plateforme démarrer ex-nihilo, avec des fichiers remplis de noms dés le premier jour, avant même d'avoir initié quoi que ce soit. En la matière, Meero est arrivé comme une déflagration dans la presse économique, non pas pour ses résultats qui sont bien minces, mais plutôt pour avoir réussi à convaincre assez de débiles pour mettre 300 millions de dollars au pot, sur sa bonne mine. Alors, MEERO prétend en offrant son aide, décharger les photographes des tâches ingrates, comme la post-prod et la facturation, au profit du temps consacré à la créativité.

Est-il utile de rappeler que les coeurs de cible de cette plateforme sont: L'immobilier, la restauration, les mariages, le voyage, le e-commerce et les gogos ? Que des secteurs à l'agonie ou en passe de l'être, suite à la situation que l'on connait. Le réveil va être difficile pour ceux qui croyaient disrupter un secteur dans son entier, à grands coups de nouveaux paradigmes dans ta gueule.

Voici le genre de message que les photographes reçoivent de la part de cette plateforme, les fautes sont cadeaux et les inexactitudes sont légion.

Bonjour Frozen Piglet,

Je m'appelle Hubert de la Motte Fifrée (Les noms ont été changés) et je travaille pour une entreprise nommée MEERO, une agence de photos basée sur Paris (Faux, MEERO est une plateforme de mise en relation). Nous sommes actuellement à la recherche de photographes sûr Palavas les Flots. 

Pour vous en dire plus, nous sommes une agence qui mettons en relation nos clients avec vous photographes indépendant afin de réaliser des missions photographiques. En devenant  un partenaire à nous (!), nous vous créons un profil sur notre platform où vous serez en mesure de mettre à jour votre calendrier et être proposé (!) des shooting en fonction de vos étiquettes. Vous obtenez ces étiquettes après avoir réalisé un shooting test Exemple: l'étiquette Fooding, l'étiquette immobilière etc

De plus, sachez que vous serez que photographe, nous nous occupons de créer les invoices (évidement Ducon puisqu'il n'est pas question de savoir combien est facturée la mission au client par MEERO)d'organiser les shoots mais aussi de réaliser toute la partie Post production. 

Nous insistons que cette opportunité est une activité complémentaire a ce que vous faites. 

Pour ce projet particulier:

un peu moins de 1 heure de travail pour 23 photos payées 40 €

Par ailleurs, nous compensons vos trajets à hauteur de 0,20 € pour chaque kilomètre dépassant les 40 kilomètres aller-retour (Pour info, le Barême fiscal 2020 varie de 0,45 à 0,60 € dés le premier kilomètre). 

Pour ce qui est du paiement, il est réalisé tous les 5 et les 20 du mois par Virement Bancaire Direct

Si cela vous intéresse .... Bla bla bla blalalla bla ... 

Résumons-nous. Si vous signez avec ces illettrés, vous serez payés 40 € bruts la prise de vues + 2 € pour un déplacement de 50 Kilomètres. En prime vous perdrez vos droits sur votre travail. Belle opportunité, n'est-ce pas ? Et encore, ça c'est si t'arrives à te faire payer avant le dépôt de bilan. 





mardi 19 avril 2022

Smile !


 


















A quoi ça sert le cochonnet si t'as pas les boules ?

Attention à la fracture de l'index par manque d'expérience ...

FP

Deliveroo condamnée à une amende de 375 000 euros pour travail dissimulé

Cette amende est conforme aux réquisitions. Deux anciens dirigeants de la plate-forme ont également été condamnés à douze mois de prison avec sursis. 


vendredi 8 avril 2022

Sévèrement Urné


Comme tous les votants potentiels
, je viens de recevoir les catalogues de promesses des candidats à la présidence de la République. De manière générale, je préfère lire des choses beaucoup plus intéressantes et ainsi éviter de perdre mon temps inutilement. Je sui payé pour le savoir, le dicton qui veut que les promesses n'engagent que ceux qui y croient attribué à Chirac est parfaitement vrai. C'est culturel chez les politiques qui sont susceptibles d'être élus. Les autres, ils peuvent aussi raconter tout ce qu'ils veulent 
du moment que ça mousse, tout le monde s'en branle, puisqu'ils n'auront jamais l'occasion de mettre en pratique leurs idées.

Mais pour cette fois, j'ai choisi de m'intéresser à la forme, aux visuels et donc aux portraits qui figurent sur ces professions de foi qui viendront très rapidement bourrer les poubelles, avant de partir en fumée dans les incinérateurs qui polluent nos vertes vallées. 

La toute première chose qui a retenu mon attention, c'est de vérifier si tous ces gens si bien éduqués ont fait figurer la mention des copyrights, ou des auteurs des photos sur les documents en question.

NON : Jean-Luc Mélenchon (7 photos), Jean Lassalle (1 photo), Valérie Pecresse (7 photos), Anne Hidalgo (6 photos), Eric Zemmour (7 photos), Philippe Poutou (3 photos), Nicolas Dupont-Aignan (18 photos), Marine Le Pen (12 photos).

OUI : Yannick Jadot (2 photos), Fabien Roussel (4 photos), Nathalie Arthaud (4 photos).    

Mention Crédit "Photos DR" : Emmanuel Macron (4 photos)

La première chose que l'on remarque en prenant chaque document en main, à part la portrait du candidat, c'est "l'accroche":

Mélenchon : "Un Autre Monde est Possible" avec un portrait qu'on dirait sorti tout droit de "Senior Magazine". Il vient de chez le coiffeur et il a les dents blanches alors qu'elles sont jaunes. Regarde on ne sait où ... Pourrait servir de base de départ à une illustration type Pierre et Gilles de chez Wish. Son portrait souriant est l'exact opposé de son personnage acariâtre dans la vie.

Jadot : "Faire Face" avec une photo de 3/4 (je ris) sur fond vert, des fois qu'on aurait pas compris. Où est Sandrine Rousseau ?? Partage la particularité avec Lasalle d'avoir un appendice nasal gigantesque. Il doit donc avoir une empreinte carbone énorme.

Roussel : "La France des Jours Heureux" et de la viande pour tous. On dirait qu'il sort de boite avant d'aller manger la soupe à l'oignon. Regarde son électeur dans les yeux. Un OVNI venu de la place du Colonel Fabien. Liliane, fais les valises !

Lassalle : "La France Authentique" qui fleure bon la campagne (électorale). Regarde son électeur dans les yeux. Son nez est remarquable ainsi que sa voix de Barry White de la cambrousse.

Pécresse : "Le Courage de Faire", oui mais quoi ? Visage assez retouché pour faire 10-15 ans de moins. Regarde son électeur dans les yeux avec ses 10 millions d'euros de patrimoine. Dois avoir le même coach que Hidalgo vu comment elle agite ses mains en parlant.

Hidalgo : "Ensemble, Changeons d'Avenir", portrait hideux sur fond vert. "Ne pas jeter sur le voie publique" précise le document de la fossoyeuse du PS, que les parisiens verraient bien changer d'avenir justement. Quand elle aura fait 1,5% des voix à la présidentielle, est-ce qu'elle démissionnera de la mairie ?

Macron :  "Nous Tous", Il doit sans doute parler des gens de sa caste. Portrait non attribué pour le candidat dont la déclaration de patrimoine ne dépasse pas 500 000 euros, sans que cela défrise le moindre journaliste. 4 personnes figurent derrière lui, dont on ne voit qu'un dixième du visage pour faire croire qu'il a des amis. Il rester une énigme pour moi.

Zemmour : "Pour que la France Reste la France", Portrait bronzé réalisé de face par un fan du Bokeh. Le nez et les yeux sont nets et ses grandes oreilles sont floues. Eléphantesque. Il joue mieux au foot que Giscard. J'ai un point en commun avec lui, je fais des doigts assez facilement, mais c'est tout. Le rejeton informe des politiques de tous les présidents qui se sont succédés depuis Mitterrand. 

Poutou : "Nos Vies valent plus que leur Profit", un slogan usurpé par Macron parait-il. Portrait souriant en casquette dans une ambiance de manif. Mais je préférais de loin le petit postier.

Dupont-Aignan : "Choisir la Liberté", ce candidat chasse depuis des années sur les terres de l'extrême droite sans grand résultat. Un opportuniste de plus qui sourit à la vie. Sonne faux.

Nathalie Arthaud : Portrait ambiance de manif, là aussi pour une candidate qui n'arrive pas complètement à faire oublier Arlette qui n'aimait pas le gras du jambon. Plutôt sympathique, comme une cousine de province. 

Marine Le Pen : Je crois pouvoir dire que c'est le meilleur portrait de tous les candidats, avec un éclairage plutôt flatteur et pas trop de retouches, un regard clair (Moi j'aurai désaturé le rouge sur les paupières du bas). Bien entendu, cela ne change rien au fond. Surtout pour les gens comme moi qui ont connu l'époque où le FN était à 1,2%. 

Dans l'ensemble, l'impression est assez dégueulasse avec des papiers d'entrée de gamme plutôt merdiques, mais ça suffit pour allumer la cheminée. Pour ma part, je voterai peut-être pour un ou une candidat-e au premier tour et nul au second avec une message personnalisé inscrit à la main comme d'habitude. En fait, ces gens, je les emmerde tous sans exception, mais pour différentes raisons.

Frozen Piglet

Je peux mourrir tranquille, j'ai une tof dans le National Geographic

  


 



jeudi 17 mars 2022

Comme un russe au Congo

C'est 720 euros le gilet sur un site belge, mais au moins le service trois pièces est protégé ! 
Déjà 5 journalistes tués en Ukraine, le sujet fait l'objet de débats enflammés sur certaines pages Facebook. Certains évoquent le Vietnam, les vieux cons contre les jeunes, les expérimentés contre les rookies, les "en commande" contre les pigistes, Youtube contre TikTok et Canon contre Nikon. Encore faut-il rappeler que la "pige" est un mode de rémunération, en aucun cas un statut. Pas plus que les cotisations sociales qui font partie intégrante du salaire ne sont des "charges sociales" d'ailleurs. Mais par extension, le pigiste est celui qui part à ses risques et périls, sans garantie d'un média, sans couverture, sans assurance et sans protection. Un contresens total.

Par conséquent, il est encore plus vulnérable que les autres. Mais quand on est mort, on s'en fout.

En même temps, on en est à 8 journalistes tués depuis le début de l'année au Mexique et pourtant, ce pays n'est pas en guerre. Mais c'est pas pareil.

Pendant que ses habitants fuient la ville de Kiev, les "journalistes" donc, s'y précipitent. On dit qu'il y en aurait plus de 2 000 entre les murs la capitale de l'Ukraine. Dont pas mal qui feraient du journalisme touristique de guerre, sans aucune expérience sur une zone de conflit. Je ne parle pas de ceux qui causent dans le post, ceux-là sont en général postés loin de l'action, à la différence des gens de l'image qui se doivent de prendre des risques insensés pour ramener de l'émotion, du courage et de l'image de guerre.

Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvais augure, mais les russes ont dit qu'ils considéreraient comme des espions ou des ennemis, tous les gens qu'ils trouveraient sans carte de presse ou justificatif. Depuis ils ont abattu ce photojournaliste américain avec son accrédition périmée du NYT, sans lui demander s'il avait la carte de presse, justement. Avant cela, Guillaume Briquet, un photographe suisse s'était fait tirer dessus. 

C'est vrai, il ne suffit pas d'acheter un Z9 pour devenir par enchantement reporter de guerre même si cet appareil permet de geler une balle sortant du Canon (joke) d'un fusil d'assaut. On est pas dans Matrix. 

Je parle de tout cela, mais pour ma part, je n'ai eu l'occasion de me rendre qu'une seule fois sur une zone un peu tendue, au Liban sud près de la frontière, dans un camp palestinien ou j'ai séjourné. J'avais ultra kiffé ce reportage et j'aurai beaucoup aimé en vivre plein d'autres, mais la réalité m'a vite rattrapé et je suis retourné travailler pour Charcuterie Magazine. Ouais Ben ... Ta gueule.  

C'est la vie qui est comme-ça. Alors tu veux toujours être photographe et te prendre un balle pauvre con ?

Frozen Piglet











Ça tombe avec le Z9, on peut geler la balle qui sort du canon au 32000 de seconde



Guillaume Briquet photographe suisse

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