Aujourd'hui dans les entreprises de presse, en France, on peut bafouer les dispositions du code du travail et de la convention collective des journalistes sans trop de difficulté (et s'assoire sur le droit d'auteur). Après avoir appliqué plan social sur plan social et fait dégager les journalistes expérimentés (trop chers !), ces groupes de presse (qui bénéficient de l'argent public - 280 millions d'euros pour 2010) recrutent des jeunes qui débutent dans ce métier, en leur réservant systématiquement des statuts précaires (c'est partout pareil ?? Ouais possible. Mais ici on parle des problèmes de la presse et je t'emmerde !). Dans cette histoire, les photographes de presse ont été les premiers à poser leur tête sur le billot. Au début des années 2000, les autres journalistes n'ont pas levé le petit doigt pour nous aider. ils nous ont même enfoncé, peut-être parce que nous étions témoins de leurs petites compromissions jour après jour. C'est à leur tour de subir une mise à mort programmée. On va pas se réjouir hein ?? (ben non tu penses ...)
Alors bien sûr, les petits jeunes plein de foutre et d'hormones qui arrivent, s'imaginent qu'ils sont des pionniers et qu'on va voir ce qu'on va voir et que eux, ils vont concevoir les nouveaux médias du 21ème siècle. Ça tombe bien, la stratégie des employeurs, c'est de diviser pour mieux régner. Mais pas de bol, les vrais journalistes sont partis sans même avoir eu le temps de transmettre leur expérience et leur savoir qui est bien réel lui. Résultat, la nouvelle génération ne sait pas travailler, ne connait pas le terrain, ne sait pas écrire, ne sait pas photographier, ne sait pas filmer, et éventuellement ne sait pas lire. La seule qualité de ces jeunes branleurs, c'est que visiblement, ils ne doutent de rien. Ils pensent qu'il vaut mieux faire table rase du passé et ils aiment bien picoler (mais ils ne connaissent rien niveau pinard)
Mais comme si cela ne suffisait pas, ils sont en train de bousiller le statut de journaliste en acceptant de travailler à n'importe quel prix. Nous étions pigistes, les soutiers de l'info sont auto-entrepreneurs. Certaines rédactions parisiennes comptent 15% d'AE qui exercent des fonctions de pseudo-journalistes ... au mépris de la loi.
L'objectif des employeurs, produire du contenu low-cost mal ficelé (on s'en fout) en cassant le "lien de subordination". Ce fameux lien de subordination qui établit la présomption de contrat de travail avec le titre de presse et qui donne certains droits (aux pigistes notamment). Bien entendu, les petits jeunes ne voient pas où est le problème. Ils n'ont pas compris que le monde du travail évolue depuis la nuit des temps, selon des rapports de force et qu'il doit être défini par un cadre légal sans lequel le plateau de la balance penchera TOUJOURS du côté de l'employeur. Peut-être qu'ils changeront d'idée quand ils quitteront papa maman et chercheront à se loger par exemple ... J'en rigole d'avance.
Et les photographes dans tout ça ?
Eh ben ... Ils montent des associations pour défendre le droit d'auteur et serrent les fesses et les dents en espérant que le téléphone sonne et il n'y aura bientôt plus personne au bout du fil.
Frozen Piglet
Est-il utile de rappeler que sur l'armada de touristes qui se sont rués sur le statut d'auto-entrepreneur, 60% réalisent un chiffre d'affaires = à la tête à toto.
Mais c'est pas grave du moment que ça fait sourire les stats gouvernementales.