Hier j'étais à la Manifestation parisienne contre la réforme des retraites. Grâce au petit millier de BB Black blocs en tête du cortège, elle s'est déroulée dans le sang, les larmes et la fureur. Mortiers dans la gueule, marteaux pour casser les abribus et les sucettes Decaux, kiosques à journaux incendiés pour entraver sans doute la diffusion de la presse financée par les milliardaires du CAC 40. Jets de pierres et de tout ce qui leur tombait sous la main, incendies de palettes judicieusement placées là à l'avance et feux de poubelles systématiques.
Bref, de nombreuses animations pour le plus grand bonheur des rigolos aux casques marqués "presse" habillés tout en noir, avec leurs lunettes de ski et des masques de peintre. Ils doivent revenir de Méribel après une semaine de snow. Il y en a même qui portent des accessoires militaires de protection, achetés dans les surplus. Quelle rigolade de les voir affublés de cette manière.
Parler de retraite à des photographes (le sujet du moment pour les libéraux de droite et les anciens trotskistes), c'est comme parler cantonais à des paysans berrichons ou demander à des étudiants en master 2 d'arrêter de faire des fautes d'orthographe ou de hurler des slogans révolutionnaires alors que ce ne sont pour la plupart, que des petits bourgeois mal éduqués et sans aucune conscience politique.
Les acnéïques qui revendiquent d'exercer le métier de journaliste depuis la semaine dernière ont déjà bien du mal à gagner 3 ronds une fois tous les 6 mois en se la jouant, alors la retraite c'est pour les vieux, les autres qui vont bientôt mourir ... Ceux qui pratiquent depuis des années et qui croisent les doigts, en espérant un miracle qui n'arrivera pas. Non aucun miracle ne se produira pour ceux qui n'ont jamais cotisé, ou pas assez ou pas assez longtemps. Ceux qui s'imaginent que c'est automatique et que ça tombe du ciel par l'opération du Saint-Esprit, alors qu'ils ont été en précompte agessa pendant 25 ans ou qu'ils ont bossé au black. Ceux qui pensent secrètement que le ciel y pourvoira et qui vont jouer les étonnés devant la catastrophe qui ne manquera pas de leur faire coucou et de leur péter à la gueule le moment venu. Et ce moment là, il finira par arriver, soyez-en sûrs !
Dans la presse, la vraie, le problème est un peu différent. Là aussi, tout est une question de générations entre ceux qui ont le statut de journaliste avec la carte de presse (comme-moi, vu que je ne suis pas un perdreau de l'année) et les crevards qui sont payés en droits d'auteur avec un système ou le photographe supporte seul l'intégralité des cotisations sociales (appelées improprement charges sociales par les suppôts du MEDEF), comme chez les chauffeurs VTC et les livreurs de pizzas hawaïennes. En ce qui concerne la presse, c'est parfaitement illégal, mais les chances de se faire gauler par l'URSAFF sont infimes compte tenu du faible nombre de contrôles effectués. Alors j'aime autant vous dire que pour décrocher la carte de presse aujourd'hui pour un photo journaliste, il faut vraiment se lever de bonne heure ou être bi ou tri-médias ou très pistonné.
Même pour ceux qui ont la carte de presse et qui sont donc payés en salaire, il y a un piège. C'est celui de l'abattement de 30% sur les cotisations sociales. Un système hérité du passé qui plombe tous les photographes pigistes, qui se le voient imposé par les éditeurs, bien qu'il soit soumis à une autorisation signée et ce chaque année (c'est obligatoire depuis plus de 20 ans). Résultat la cotisation retraite est calculée sur la base de 70% du salaire brut et elle est donc minorée d'autant avec un résultat désastreux à la fin du game. Mais comme la plupart des gens ne savent même pas lire une feuille de paie, ça passe crème. Il sera bien temps de se lamenter plus tard avec le minimum vieillesse pour une personne seule ou un photographe qui s'est fait plaquer par son ex qui en avait marre de faire tourner la baraque.
Quand j'entends les politiques pontifier sur le sujet en parlant de carrières hachées et de pénibilité, je rigole avec ma carte de presse en plastique et mes deux D5, ma hernie discale et mes lombaires soudées. Moi qui n'ai jamais pris un seul jour d'arrêt maladie de toute ma vie d'artiste. Je leur chie dans la poche et je leur pisse dans l'oeil.
Alors tu veux toujours être photographe pauvre con ?
Frozen Piglet
Pendant ce temps, à l'Elysée, on prépare le banquet qui doit accueillir 150 invités au Château de Versailles, en présence de Charles III et de ses grandes oreilles. Un timing parfait pour énerver encore un peu plus la foule qui n'est pas le peuple et vice et versa. On me dit dans l'oreillette que cette visite est annulée. Quelle lucidité des services de l'état. Dommage que les médias français ne parlent jamais des grèves qui se produisent actuellement en Angleterre en voir de Tatchérisation accélérée et en Allemagne. C'est trop loin sans doute ...
1 commentaire:
On s'en fout, on sera tous mort du cancer ou du nouveau virus
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