vendredi 13 février 2015

Nouvel Eldorado

Parfois, je me prends à regretter la grande époque de Fotolia et de tous ses avatars. Quand je fréquentais les forums spécialisés où des types t'expliquaient qu'ils allaient gagner plus en vendant une photo 1 000 fois 1 euro. Comme ils gagnaient trop sans doute, maintenant c'est 10 centimes. Il y avait aussi ceux qui se filaient des plans pour détourer les merguez et les mettre sur un joli fond blanc. D'autres, c'était sur les coups de brumisateurs sur les tomates de la grande distribution ou encore les poissons rouges acrobates.Une vraie séance de rigolade libre de droits ! Oui mais tout cela c'est fini hein ... Quel dommage quand même pour tous ces petits gars-là qui pouvaient arrondir leurs fins de mois et payer ainsi leur petit CANON avec leur zoom 18-300 3,5-6,3 avec position macro (important la position macro). 
Heureusement, le site de Grazia nous informe cette semaine qu'un nouvel Eldorado photographique s'offre à nous, où il n'y a qu'à se baisser pour les ramasser comme d'habitude (ça devient lassant à force). Et ce truc, Eh bien c'est Instagram ! Tenez-vous bien, certains instagrammers pourraient gagner 1 000 à 3 000 euros par jour ! Oui oui par jour ! Pour cela, ils n'ont qu'à glisser "subtilement" des objets ou des marques dans leurs publications pour profiter de ce "juteux business". En échange, ils reçoivent des chèques et des cadeaux. Mais pour les moins chanceux, ils sont payés seulement 500 à 1 000 US Dollars la photo. Tout cela est l'oeuvre "d'une pratique marketing habillement mise en place" (sic y compris les 2 l à habilement en prime). 

(ci-contre) Un exemple d'objet de marque subtilement glissé dans la publication d'un compte Instagram suivi par 800 000 personnes. On se demande où il les a trouvé ...

La chance ! Cette méthode devrait permettre aux titulaires des 300 milliards (selon Grazia qui n'en est pas à quelques centaines de milliards près) de comptes Instagram de gagner plein de pognon, pendant que les professionnels de la photo déposent le bilan (ils sont sûrement pas assez chers). Mais la raison de tout cela, c'est quoi exactement ? Hein c'est quoi ? C'est portant simple pauvre idiot. "Fini les photos retouchées et les clichés impeccables sortis des studios professionnels". Ce que veulent les gens, c'est des photos "naturelles et spontanées" qu'ils disent chez Grazia (floues et subtilement mal cadrées en options). Malheureusement pour eux, les pros, ils savent pas en faire des comme-ça. Ben ouais t'es con ou quoi ? En plus, les pros, ils choisissent pas leurs clients. Ils prennent tout ce qui passe comme des grosses tanches. Alors que les instagrammers, ils choisissent les marques avec lesquelles ils veulent travailler et non l'inverse. Ils sont trop forts, c'est des stars. Si j'en croise un, je lui demande un autographe. Demain, je brûle ma carte de presse et je me fais imprimer des cartes de visites: "Frozen Piglet - Photographe amateur subtil" chez Vistaprint. Sûr que ça va marcher. Merci Grazia !

Frozen Piglet

Juste un truc. Je me demandais combien ils les payent Grazia, les photos ©Instagram qu'ils utilisent pour illustrer leurs articles truffés de fautes d'orthographe. 1 000 Dollars ou  3 000 euros ?

17 commentaires:

Frozen Piglet a dit…

C'est vrai que je me sentais un peu faible ces derniers temps. Je ne sais pas pourquoi. Le poids de la bêtise ambiante peut-être.

Anonyme a dit…

http://www.oezratty.net/wordpress/2015/eviter-uberisation-3/

Frozen Piglet a dit…

Oui bien sûr. Mais l'Uberisation n'est pas vraiment mon sujet. Bien que ce soit un thème parfaitement connexe. Par contre, jamais le métier de photographe n'a été protégé ou règlementé.

Anonyme a dit…

C'est vrai, mais c'est ce passage (et la suite) qui m'a fait penser à votre article :

La presse écrite fonctionne maintenant sur ce modèle en agrégeant de plus en plus du rédactionnel qui provient de contributeurs non journalistes et non rémunérés. Tous ces contributeurs sont motivés par la visibilité générée par la diffusion de leur contenu dans les sites médias. Cela repose sur l’égo et la promesse d’une notoriété éventuellement monétisable par la suite. C’est un circuit de dupes car à part celui qui est en haut de la pyramide, tous les autres se font avoir dans le système avec un travail qui n’est pas rémunéré à sa juste valeur, ce d’autant plus qu’il est extrêmement fragmenté plus on descend dans le bas de la pyramide d’agrégation.

Frozen Piglet a dit…

Produire un contenu pour une utilisation gratuite dans l'espoir d'en tirer un jour un bénéfice quelconque, est effectivement voué à l'échec dans l'immense majorité des cas et ce n'est pas nouveau. Surtout quand on s'inscrit dans une production de masse. Mais parler de travail dans ce cas est une tromperie de plus. Je connais des gens qui appellent "travail" par habitude ce qu'ils postent chaque jour sur internet. Un "travail" que presque personne ne voit et qui ne leur rapporte rien. Moi même je passe pas mal de temps à écrire sur ce blog sans autres perspectives qu'un ou 2 commentaires de temps en temps.

Anonyme a dit…

Mais Frozen, t'es con ou quoi ?! Les marketeux, ils en ont rien à secouer des tofs. Ils ne paient pas des photographes amateurs. Ils paient des personnes qui ont réussi à engager une communauté sur Instagram. Pour preuve, je suis photographe pro (beauté) et j'ai un compte Instagram avec un max de followers. Quand je publie une photo pourrie sur Instagram avec un placement produit, je suis payé uniquement sur le nombre de mes followers. À ces mêmes marques, je vends aussi des photos réalisées en studio au dos numérique. Là je suis payé dans le cadre d'une commande.

Frozen Piglet a dit…

Ok. Je ne vois pas dans ce que tu dis ce qui serait en contradiction avec ce que j'écris. Je tire moi-même environ 20% de mes revenus de la vente de photos par l'intermédiaire du net (mais pas par l'intermédiaire d' Instagram).
Par contre, je serais curieux de savoir la valeur marchande du mille de followers dans le cadre d'un placement de produit.
Vas-y ! Balance !

Anonyme a dit…

Allez cadeau :
http://www.henricartierbresson.org/rencontres/la-photographie-professionnelle-sur-twitter-instagram-behance-une-revolution-de-la-diffusion/

Frozen Piglet a dit…

En la matière les révolutions sont de plus en plus courtes et l'une chasse l'autre. La preuve, le lien est déjà naze

Frozen Piglet a dit…

Mais tu as raison. Toutes ces conférences sur la photographie professionnelle dans lesquelles pas un vrai photographe n'est présent dans le débat, ça me fait rire ...

Frozen Piglet a dit…

Et tous ces gens qui prétendent penser la photo pro à notre place, c'est extrêmement curieux quand même. Non ?

Anonyme a dit…

Tiens, ça bouge http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/02/16/des-musees-americains-veulent-interdire-les-perches-a-selfie/

JulienM a dit…

Mais c'est normal que les gens pensent à notre place vu que nous ne sommes bon (et encore) qu'à appuyer sur des (voire un seul) bouton!

Que ferait-on sans eux? …

Frozen Piglet a dit…

Ouais
Il y en a qui appuient m^me sur la gâchette.
On vit dans un drôle de monde quand-même

gabcout a dit…

@Frozen, c'est quoi ta source ?

Frozen Piglet a dit…

Le site de Grazia et le Point de cette semaine

Anonyme a dit…

"Je serais curieux de savoir la valeur marchande du mille de followers dans le cadre d'un placement de produit." > « 0,002 euro par abonné et par photo » > http://via.photoreview.fr/zc-Gg

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