vendredi 20 mai 2016

Combien gagne un photographe ?

Ça fait longtemps que je n'ai pas abordé le sujet brulant qui vous préoccupe tous depuis toujours. Mais si ! Vous savez bien ! La réponse à LA question qui va déterminer ou non la concrétisation d'une vocation naissante ou bien la tuer dans l'oeuf de poule (élevée en plein air), sans l'ombre d'un doute. Cette question, c'est bien entendu: Combien gagne un (les) photographe(s) ? Ça, on peut dire que c'est un secret bien gardé. Mais moi, je connais la réponse et toi non, pauvre zulu emplumé de chez Citizenside de mes deux. 
Alors pour commencer, il y'a la carte de presse. Cette carte il faut l'avoir pour pouvoir bosser dans la presse et pour l'avoir, il faut bosser dans la presse (sinon, tu peux pas l'avoir). Ben oui ! On va quand même pas filer une carte tricolore officielle à n'importe qui quand même ! La carte de presse, moi je l'ai et toi pas. Je fais donc partie des derniers 760 mecs en France qui peuvent frimer au bistrot et passer les barrages de flics pour aller faire des photos place de la République. Bon mais ça, ça ne dit pas grand chose sur combien on gagne comme photographe de presse. Surtout que les exigences de la commission d'attribution de la carte de presse ont été comme qui dirait revues à la baisse depuis un certain nombre d'années déjà. Alors pour que les photographes (pigistes) ne disparaissent pas tout à fait du paysage journalistique, disons que le ticket d'entrée tourne autour de 750 euros en salaire brut mensuel en pige presse (ou même moins dans certains cas alambiqués). T'imagines ? Ça, ça te donne une idée de l'état de la profession. Enfin est-ce qu'on peut encore parler d'une profession ?  Moi je vais te dire la vérité. Dés qu'on parle pognon, les photographes la ramènent pas (sauf les mythos qui parlent toujours d'une belle vente en 1997, mais jamais des pourries), parce que ils ont trop honte.
Alors bien sur, il y a encore quelques services photos de par-ci par-là, dans la PQR ou à la mairie de Paris. Il y en a même qui sont mensualisés en CDI et bien payés en plus (les enfoirés). Non mais je vais te dire. Quand t'es pigiste, si tu arrives à faire 2000 ou 2500 euros par mois sur l'année, soit tu couches avec la chef icono et tu la fais hurler, soit tu es mauvais comme un cochon et pistonné comme un petit enculé (moi ? Euh ... Je suis dans les deux catégories en même temps, comme-ça, je double mon salaire). En plus, il faut payer ton matos qui coûte un bras (Prix du Nikon D5 boitier nu: 6990 euros). Alors bien sûr, en tant que jeune freluquet, il y'a papa maman pour te payer ton premier 5D MKIII ou une connerie du même genre, ce qui va te permettre de travailler gratos pour des "médias indépendants" qui parlent des trucs qui n'intéressent pas les médias officiels qui nous manipulent. Mais je te signale pauvre con, que dans ce métier, la première qualité, c'est de durer. Et ça, c'est pas gagné pauvre buse. Alors évidemment, à coté des organes de presse sous xanax, il y a les agences photos. Être estampillé AFP ou Reuters ou Getty, ça fait peut-être bien dans le tableau, mais si ça paye même pas le loyer, les spaghettis et la sauce tomate, ça sert à quoi ? Regarde. Moi par exemple, j'ai signé très récemment avec 2 agences (une par orgueil et l'autre par opportunisme). Ma première photo a été vendue à un site internet finlandais pour 6.42 US dollars. Après les 70% de commission rétrocédée à l'agence et à son intermédiaire, il me reste ... 1.92 US dollars (et c'est pas un microstock). Quand je pense que les VTC gueulent parce que UBER leur prend 20% de commission sur leurs courses. Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut,

Dans la catégorie Presse, il y a aussi les valeureux soutiers de la PQR (Presse Quotidienne Régionale) sans qui les locales ne seraient pas tout à fait (pas du tout, même !) ce qu'elle sont ; des espaces de liberté orthographique autant que stylistique, de photos recadrées à la pioche, de couleurs parfois psychédéliques et de flou pas toujours artistiques. Je veux naturellement parler des CLP (Correspondants Locaux de Presse). Dans mon coin, la photo, c'est 2 €, point barre. Comme pour le clic-clac, je suis le moins pire de la bande, hors bien sûr les pros de la rédaction (je fais péter le D3 et les objos à 2.8 !), j'arrive, par un jeu alambiqué de coefs et de cuisine dans le logiciel interne, quand je rends service (les photographes sont, à 3, aux quatre coins du département et y'a plus personne pour la super manif !), à m'en tirer mieux, mais loin des tarifs de la grille. Dans la vraie vie, je fais l'ouvrier (même dessinateur en béton armé c'était trop dur pour moi !), et pour taper les 50 articles par mois illustrés d'environ 80 photos, je vous prie de croire qu'il faut sacrement bosser ! Comme je n'aime pas le Xanax et autres Prozac, j'évite de faire des calculs de taux horaires. Un très bon mois, ça tourne à 400 €, mais c'est vraiment du boulot ! En plus, comme c'est payé en prestation (le CLP est, de ce point de vue, un travailleurs "indépendant"), je ne pense pas que ça puisse compter pour l'évaluation de la commission de la carte de presse ... Sinon, pour ingrate qu'elle soit, cette activité permet à mon sens de défendre certains sujets qui, pour des raisons de rentabilités, ne seraient pas forcement couverts autrement.
Longue vie à ce blog !

CLP de la PQR.

Anonyme a dit…

Je m'étonne chaque jour un peu plus que dans notre profession personne ne bouge. Tout le monde y va de son coup de gueule pourtant dans ce pays en plein naufrage. Des photographes on en voit pourtant à la pelle : dans les manifs, dans des expos, dans des festivals, à Cannes ou ailleurs...

La profession est moribonde mais pas la moindre vaguelette, pas un mot, pas une protestation. Alors qu'on n'a jamais eu autant besoin d'images.

Certes il y a les clampins avec leurs iPhone, Samsung et autres...

Mal barrés nous sommes. Dans le côté obscur nous l'avons...

Françoise Fabian

Anonyme a dit…

Un peu de lecture...

http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20160525.OBS1253/ces-tetes-brulees-qui-secouent-le-journalisme.html

FF

Anne a dit…

J'ai lu un jour que si on voulait gagner de l'argent en faisant de la photo... il fallait vendre son appareil ;-)!

Dominique. a dit…

""J'ai lu un jour que si on voulait gagner de l'argent en faisant de la photo... il fallait vendre son appareil ;-)!""

Ouai, ben y'a longtemps.
Parce-que maintenant, si tu vends ton appareil, t'as juste de quoi t'acheter un paquet de pâtes, sans l'eau pour les faire cuire...

Anonyme a dit…

Il ne reste que la photo de marriage alors?!!! :D

Frozen Piglet a dit…

La quoi ?

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