mercredi 10 mai 2017

Tout est mini dans notre vie

Avant de partir pour mieux revenir dans quelques semaines toute auréolé des atours d'une nouvelle fausse majorité lavée à l'eau tiède, le microcosme politique, tous bords confondus, a commis une dernière saloperie vis à vis de notre corporation qui en a déjà connu tellement. Après des années d'atermoiements et de négociations à sens unique, les représentants des diffuseurs de presse ont obtenu  la déchéance de notre métier. Ceux qui nous ont constamment spolié de nos droits sur notre travail, ceux qui nous ont volé notre statut, ceux qui nous ont exclu des dispositions propres à la convention collective des journalistes en nous payant en Agessa, ceux qui nous ont obligé à signer des contrats actant le reniement de nos droits, ceux-là ont obtenu du pouvoir politique, la signature d'un décret instituant une rémunération dite "minimum" de 60 euros bruts pour une prise de vue professionnelle, se déroulant sur 5 heures de temps (sans tenir compte du temps passé en post-prod). En validant ce processus dégueulasse, le pouvoir politique complice signe la mort de notre profession et ajoute à l'humiliation, le mépris. Notre métier sera sûrement remplacé un jour par une autre activité qui consistera à produire des images en étant connecté à une plate-forme digitale Uber-like pour 1 200 euros bruts par mois avant prélèvements, sans lien de subordination et dans la précarité la plus totale (genre New Zulu). En attendant, les représentants de éditeurs de presse vont pouvoir faire péter le champagne, en se gobergeant avec leurs copains actionnaires milliardaires. Ils ont enfin réussi à extirper cette écharde qu'ils avaient dans le pied depuis tant d'années et peuvent s'attaquer maintenant aux autres métiers de la presse avec entrain. Désormais, les images réalisées par les professionnels de la photographie ne valent plus rien et c'est même gravé dans le marbre par la République Française. Cette année, c'est sûr je ne ferai pas de post pour me foutre de la gueule de Télérama et de son article sur la mort du photo-journalisme, une semaine avant VISA pour l'image. En attendant, un tiers des entrées sur ce blog arrive par Google et la question: " Combien gagne un photographe ? ".
Bonne chance à la nouvelle France d'Emmanuel Macron. Elle va en avoir besoin.

Frozen Piglet

Si l'on met à part les photographes mensualisés (ils sont 460 au total) dans les agences de presse, la presse quotidienne régionale (pour la plupart) et les publications d'infos générales (quotidiens, hebdos, mensuels), selon les chiffres 2016 de la Commission de la Carte d'identité des Journalistes Professionnels, il reste aujourd'hui pour toute la France, 244 reporters-photographes pigistes, titulaires de la carte de presse. Ils étaient 300 en 2014 et 518 en 2007. Ce sont eux et seulement eux qui sont visés par ce décret qui les jette encore un peu plus dans la précarité.
Ni fleurs, ni couronnes. Merci

3 commentaires:

Le monde dÖ a dit…

Ça... pour un coup dur... Consternant.

Ioury a dit…

5 heures + 3 heures de post-prod et autre.
Soit 60 h brut pour 8 heures , donc, 7.5 € de l'heure...
Soit si on bosse comme un brave travailleur, 7.5€ X 160 h = 1200 € brut/ mois
- 25% de charges = 900 € dans la poche.
Après, faut penser à renouveler ton matos, coco...

Je vais recommencer à boire...

Anonyme a dit…

Par contre y a une place à prendre en tant que photographe officiel de l'Elysée vu les catastrophes photographiques produites ces derniers jours (notamment la photo du gouvernement : cherchez les erreurs en mode tout auto !)

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