
Je suis pigiste depuis toujours ( je traduis pour les mal-comprenants, ça veut dire: je ne sais pas si j'aurai du boulot la semaine prochaine). Ça veut dire aussi que jamais, je n'ai eu la moindre proposition d'intégrer une quelconque rédaction ou même agence de presse ou de communication (Par contre on me dit que je fais partie de la famille). Les rédacteurs avec qui j'ai débuté sont devenus avec le temps, rédacteurs en CDI, puis chefs-de-rubrique, puis rédacteurs-en-chef-adjoint, puis rédacteurs-en-chef. Mais moi je suis resté pigiste ...
Les rédacteurs, pour la plupart, ça les angoisse d'être pigiste et surtout de le rester !
Mais les photographes de presse à de rares exceptions n'ont jamais rien connu d'autre que la pige. Il y en a qui sont "pigistes permanents", mais pigistes malgré tout. Du point de vue du droit du travail, ça n'a aucun sens puisque les pigistes ont les mêmes droits que les salariés mensualisés. Mais de fait en cas de conflit, les employeurs se retrouvent souvent aux prud'hommes pour non respect du droit et bien sûr ... Ils perdent (parce que les Prud'hommes sont tous communistes)
Un ami photographe me disait toujours: "On a perdu la guerre, le jour, où on a été expulsés de la rédaction ... Maintenant, on gratte à la porte ...". Ce qui est marrant, c'est l'hystérie qui entoure encore la production d'images, du point de vue économique, dans la presse. Par exemple, il est fréquent que des gestionnaires qui débarquent dans un journal virent les photographes pigistes (qui sont une charge insupportable pour l'entreprise) pour internaliser la production d'images en engageant un photographe à plein temps. Le gestionnaire suivant va virer le photographe en titre, prétextant que son salaire et son matériel coûtent trop cher et qu'il convient d'externaliser la production avec des pigistes à vil prix et ainsi jusqu'au prochain gestionnaire tête d'oeuf ...
On voit bien que le problème du prix des photos ne date pas d'hier dans la presse et ailleurs. Ce qui nous amène à la situation que l'on sait ... Pourtant, il est une question que l'on aborde jamais au royaume de la rédaction. C'est le rendement des rédacteurs mensualisés mis en perspective avec le rendement des pigistes rédacteurs. Il est tellement en faveur des pigistes que si l'on s'en tenait uniquement à un point de vue économique, les rédactions ne devraient être peuplées QUE de pigistes rédacteurs ... Mais il faut bien laisser le temps au Red-Chef d'écrire son roman sur ses heures de boulot, sans compter qu'il y a les déjeuners et les voyages de presse pour tout le monde (sauf les pigistes). Ça c'est vrai, le terrain, il n'y a que ça de vrai pour un journaliste ...
Frozen Piglet
Un jour je vous parlerai des cadeaux. Si. Il y a des cadeaux aussi ... Ah ! les cadeaux ... Tout un programme ...