On le constate tous les jours, "l'innovation" et ses soeurs jumelles hydrocéphales, "la compétitivité" et "la formation" sont au coeur de tous les discours dominants des crânes d'oeuf mainstream qui se répètent en boucle dans les médias (je note que la plupart du temps, ces guignols ne parlent même pas anglais). Mais le truc, c'est que c'est bien sûr toujours les autres qui doivent innover, se former et être compétitifs. Ben ouais, sinon c'est pas drôle. Alors au passage, être compétitif, c'est être payé moins, pour un travail plus dur et plus long, en étant pas formé du tout. Et même éventuellement ne pas être payé, ça c'est encore plus le top. Pour rappel, Il y a 1,6 million de stagiaires en France et 300 000 apprentis, dont un bon nombre ne savent à peu près ni lire ni écrire. Mais cela ne semble pas poser de problème à nos têtes pensantes.
Si l'on considère un instant le journalisme et le traitement de l'information sous cet angle, on risque de chercher vainement la moindre forme de nouveau concept ces 15 dernières années, excepté l'utilisation du support numérique lui-même. On pourra toujours citer quelques exemples ici ou là pour prouver le contraire, mais manque de pot, tous les trucs qui ont un peu marché sont non reproductibles et souvent à peine rentables. C'est déjà un miracle quand ils ne perdent pas de pognon. C'est ce qui les différencie des autres trucs qui perdent de l'argent par wagons et de ceux qui tentent de refaire la même chose et qui se plantent.
En fait, la seule vraie idée innovante des patrons de presse du vingtième siècle a été de scinder en deux les rédactions du "print" (papier) et du "web" en les séparant physiquement et en les opposant méchamment. Ce qui a eu pour effet de diviser les salaires par 2 ou 3 (au minimum) et aussi de diviser les salariés. Ceci reposant sur le 1er mythe fondateur selon lequel en aucun cas, les vieux ne pourraient s'adapter au monde moderne plein de promesses rayonnantes qui allait s'offrir à nous. L'autre étant qu'on allait produire une information de qualité gratuite grâce au numérique, en pratiquant le dumping social à l'intérieur de la presse. Ces crétins ont juste oubliés un truc, c'est qu'il fallait aussi payer leurs salaires de ministres (mais heureusement pour eux, pour cela curieusement il y a toujours du pognon).
Ce qui est important pour nous, les gens de l'image au sens large, c'est que dés le début, les responsables de ce carnage ont aussi exclu d'emblée toute utilisation d'images produites par des professionnels pour privilégier des formats de video merdiques, des diaporamas vérolés avec de la pub et des images indigentes "empruntées" ça ou là, ou même achetées 1 euro par 13 à la douzaine. Aujourd'hui alors que le haut débit est là et qu'il est facile d'avoir une image très belle à regarder (*) et donc un bien meilleur affichage, on constate que le modèle qui domine est toujours une image de merde posée dans un graphisme de merde. On a même réussi fait croire à des tas de gens et à beaucoup de photographes qu'un nouveau genre multimédia allait s'imposer sur le web pour six mois de boulot et 200 euros tout compris. Quelle rigolade ! La pub elle même (pourtant si innovante). La pub la pauvre, n'a jamais su "s'adapter" au web et toutes ses manifestations ne sont que des repoussoirs et des incitations à zapper dans les plus brefs délais. Quand à la vente à perte des magazines papier (comme la presse féminine) et aux gratuits, ce n'est qu'un illusoire jeu de je te tiens, tu me tiens par la barbichette qui finira aux oubliettes, comme le reste. Le plus embêtant dans tout cela, c'est que le savoir ne se transmettra jamais sur ce modèle et qu'il est impossible de planifier quoi que ce soit, à part un formatage très bas niveau et un restart genre small is beautiful. Parfois je rêve que je serai là pour le voir de mes yeux la fin de ce monde minable et le début de quelque chose de vraiment nouveau.
Frozen Piglet
(*) à condition d'avoir un bel écran NEC de 27 pouces comme-moi et pas un premier prix de chez DELL comme toi pauvre con
1 commentaire:
m'en tape, j'ai un eizo.
Alors, on fait moins le malin ?
(j'aime toujours autant le vitriol distillé dans ces billets, qui ne sont juste pas assez fréquents à mon goût...)
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