vendredi 10 septembre 2021

Lexomil




En cette rentrée merdique où je me retrouve avec de la tension et d'autres trucs à cause du COVID, il a suffit que je lise l'interview de Eric Bouvet dans Le Monde pour que je déprime encore un peu plus, si c'était possible. Dans ce papier, ce type souriant que j'admire pour son travail et sa trajectoire hors du commun raconte comment "il a bu la tasse au début des années 2000 avec la vague du numérique" et pourquoi il a cru devenir fou, quand son téléphone s'est arrêté de sonner du jour au lendemain (*) 

Quand je le croise sur les manifs des gilets jaunes en train d'installer sa 20X25 sur les Champs-Elysées, je me demande s'il est redevenu tout à fait sain d'esprit, mais cela me le rend tout de suite tellement sympathique. Faut quand-même se rendre compte que ce gars est capable de gravir les sommets des Alpes à l'aube, avec sa chambre sur le dos pendant des heures, avant de renoncer à faire une photo parce que la lumière n'est pas au rendez-vous. Moi des fois, je grimpe aussi. Oui sur la colline de Montmartre. Si !

L'un des paradoxes est que 20 ans après, on encense son travail à VISA pour l'image sous les applaudissements du public et des professionnels de l'image qui l'ont laissé tomber. Un autre, c'est que cela s'arrêtera sans doute là. Heureusement, il dit s'en sortir grâce aux ventes de livres et au stages payants. Un peu comme les masters class des musiciens connus qui rencontrent les mêmes problèmes. 

Encore un autre, c'est que des photographes qui restent dans l'anonymat comme-moi s'en sortent parfois mieux que les stars du photo journalisme qui sont un peu nos Belmondos à nous (Ben ouais ! Ils font eux-mêmes les cascades eux aussi et parfois ils finissent dans la boite). Ceci pour une raison simple, c'est que l'argent n'a jamais été le moteur de notre profession et ne le sera jamais sauf pour quelques exceptions. Pour autant, il est nécessaire d'en gagner (un peu) pour vivre et payer son matériel sans vivre aux crochets de quelqu'un d'autre. 

Un dernier paradoxe et non le moindre, comment se fait t-il que des médiocres sans la moindre culture de l'image deviennent des stars par la magie des réseaux sociaux pendant que des cadors claquent du bec. J'ai ma petite idée là dessus. Disons qu'aujourd'hui l'emballage compte plus que le contenu et selon le vieil adage, qui se ressemble s'assemble. Comme dans un épisode de la télé-réalité.

Et vous comment se passe votre rentrée ?

Frozen Piglet 

(*) Pour ma part, je me souviens parfaitement d'avoir acheté mon premier numérique d'occaze (3000 euros) à cette époque, sous la pression inouïe des idiots qui pensaient que la messe était dite. Aujourd'hui j'aurais du mal à vendre cette merde 50 euros. Passons ...

9 commentaires:

Rage1968 a dit…

Le covid, le covid… et la cave vide, on en parle ? Non, bon alors ! Un Veran ça va, deux Veran, bonjour les dégâts.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord. Je propose une cure de Saint-Véran remboursée par la sécu !

Frozen Piglet

Jen-Pierre BELMONDO a dit…

C'est bien gentil mais ça nous dit pas quand on prend l'apéro

Anonyme a dit…

Pas mieux !
untinos

Anonyme a dit…

J'aime bien lire tes billets. Du coup ça fait long à attendre jusqu'au prochain.

Anonyme a dit…

Cher anonyme, Il y eu un temps ou je postais plus souvent, mais l'art est difficile et le travail m'appelle si je veux gagner un tant soit peu ma vie de merde de photographe dénué de talent.

FP

Anonyme a dit…

Je comprends. Cela dit Balzac il disait que la volonté se devait d'être un sujet d'orgueil, bien plus que le talent.

Anonyme a dit…

quand je pense que je n'ai ni l'un ni l'autre ...

FP

Anonyme a dit…

... vu comme ça.

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