samedi 29 juin 2013

Marchands du Temple

Je ne sais pas si vous connaissez la "Craig List". C'est une plate-forme US qui permet de passer des petits annonces genre de particulier à particulier. J'ai lu celle d'un photographe d'Atlanta qui a retenue mon attention parce que elle est symptomatique d'un phénomène général qui touche tous les pays développés et beaucoup de métiers de création. Voici l'annonce:

"Je suis photographe professionnel et comme les gens me contactent très régulièrement pour des photos gratuites, je suppose qu'ils travaillent eux-mêmes gracieusement ou qu'ils mettent leurs compétences au service des autres sans contrepartie. Je cherche donc toutes sortes de gens pouvant faire toutes sortes de boulots pour moi, à la seule condition que ce soit gratuitement. Prenez-en considération le gain d'expérience que cela vous procurera, tout cela sans compter la lettre de recommandation que je vous écrirai décrivant le merveilleux travail que vous avez réalisé pour moi. Cette superbe opportunité vous rapportera surement une tonne de travail non payé, mais considérez que vous serez aimé de tout le monde !
Donc si vous avez une quelconque compétence que vous souhaitez m'offrir gratuitement, n'hésitez pas à me contacter. Je suis sûr que j'ai du boulot pour vous et je vous engagerai dans la seconde. Merci de me contacter en précisant le service que vous pouvez rendre et quand vous pouvez commencer. Par la même occasion pensez à joindre vos références (c'est quand même le minimum) pour que je puisse prendre en compte votre proposition. Au plaisir de bénéficier de vos services gratuits en vous rendant service".

Frozen Piglet

Translated by me avec une spécial dédicace au "secteur non marchand" et à ses apôtres 

mercredi 26 juin 2013

Hu Pépette !



Pour revenir sur un sujet abordé dans les commentaires du post précédent (je l'abandonne à son triste sort), je vais revenir un peu sur les problèmes du droit d'auteur. On va tout de suite évacuer le sujet de l'UPP. Les mecs qui critiquent en permanence le combat  (oui il s'agit d'un combat) mené par cette organisation, je les connais bien. Ce sont des types qui de façon générale, ne sont pas les derniers à profiter des droits obtenus au profit de tous, par ceux qui vont au casse-pipe. Tout est une question de circonstances finalement et c'est seulement en situation de crise qu'on voit le maçon au pied du mur. Donc tous ces mecs, je leur pisse dans l'oeil. Ça, c'est fait. Ça me fait penser à ce journaliste aux thèses ultra-libérales qui le jour où il a été viré a invoqué ses droits, la convention collective et les syndicats pour toucher son gros chèque. Ça me file la gerbe.

Après, le droit d'auteur peut et doit s'apprécier de façon individuelle et personnalisée sans pour autant remettre en cause tout ce fragile édifice. L'essentiel est comme toujours de savoir jusqu'où on peut aller sans se prendre une tôle ou faire du tort à la profession. Le droit d'auteur est donc forcément un truc à géométrie variable qu'on apprécie au coup par coup en fonction du travail et de l'interlocuteur que nous avons en face de nous. Ça fait partie du jeu et du métier et prétendre le contraire est le signe d'un esprit dérangé ou de quelqu'un qui vit dans un monde parallèle, ou encore signifie qu'on s'appelle Riton ou Nestor et qu'on boit trop de Chablis. Après il existe aussi des intégristes du doit d'auteur qui se montent le bourrichon. Ça les regarde.

Pour les photographes qui ont un nom (et un avocat ou même plusieurs), le problème ne se pose pas. Les diffuseurs ont bien trop peur de se faire assigner et prendre cher. Donc sauf quelques hurluberlus ou des chinois, personne ne se risque à faire de la voltige. Ceux qui se font gauler auront des souvenirs à raconter pour plus tard et c'est tant mieux, ça leur passera l'envie de recommencer à ces crevards.

Pour les autres (moi compris), c'est pas la même histoire. 
Il y a des gens avec lesquels on aborde même pas le problème du droit d'auteur. Tout simplement parce que dés le départ, on va négocier un prix qui est équitable pour les 2 parties et donc, on ne va pas revenir dessus pour les réutilisations éventuelles de photos (et il n'y en a pas tant que cela). Ça tombe bien parce que il n'y a pas de tarif non plus. Le service com d'une multinationale qui ne m'avait pas fait travailler depuis 3 ans vient de me re-contacter pour un boulot (il parait que je fais des bonnes photos). J'ai appliqué une augmentation de 50% sur le tarif précédent pour voir et c'est passé comme une lettre à la Poste. La preuve que j'étais descendu bien bas et la preuve que eux, ils n'ont pas de mémoire.

Bien entendu, on a pas les mêmes exigences concernant le droit d'auteur, selon qu'on fait de l'illustration, du "corporate", de la pub ou du rédactionnel. Parce que évidemment, les photographes mélangent les genres, la plupart du temps par obligation, n'en déplaise aux théoriciens de l'image.

Il y a aussi des gens qui piétinent  le droit d'auteur contre ta volonté en te laissant le choix entre ça et la porte ou le tribunal. Certains le font aussitôt que tu as le dos tourné, invoquant la méconnaissance de la législation (un mensonge éhonté), mais surtout le fameux "bon sens" si cher au café du commerce et aux admirateurs de Pierre Poujade qui serait toujours selon-eux un argument imparable pour s'affranchir de la loi. Ceux-là sont l'objet d'un petit dossier bien au chaud qu'on pourra ressortir en cas de besoin au grand dam de ces délinquants minables. À condition que les magistrats ne jugent pas que ton oeuvre de l'esprit, c'est de la merde et que tu mérites seulement un coup de pied au cul. Bien sûr ... Dans ce pays ce sont les magistrats qui t'accordent ou non un brevet d'originalité sur la création d'une oeuvre en cas de litige. De quoi se marrer pour les siècles des siècles.

La semaine prochaine, je vous filerai la recette de la morue à la portugaise.

Frozen Piglet

Pour venir à l'appui de leurs thèses, les sapeurs du droit d'auteur invoquent l'inadéquation entre la production des images et l'usage qui en est fait. Ils nous désignent souvent pour nous salir comme faisant partie d'un "secteur marchand" orchestré par des commerçants. Ce mépris affiché pour les métiers de la création s'exerce surtout au profit des utilisateurs des oeuvres qui nous volent notre travail.




vendredi 21 juin 2013

Pause Pipi

Souvent, j'ai autre chose à faire que pérorer à mes moments perdus sur la photographie. J'ai mes toilettes à repeindre, je dois arroser mes géraniums et arracher les mauvaise herbes et aussi lire le Monde Diplomatique (un journal rédigé par des crapules gauchistes irresponsables). Je ne sais pas quelle énergie anime ceux qui passent leur temps à discourir sur la photo, alors qu'ils sont tellement peu à maitriser vraiment le sujet. Je parle de ceux qui sont sûrs de la justesse de leurs propos à tous points de vue. Ces gars-là doivent souffrir d'un total manque de confiance en eux ou un truc comme-ça. Alors le seul truc qu'ils ont trouvé dans la vie, c'est de parler plutôt avec des gens qui sont déjà d'accord avec eux ou alors qui sont des spécialistes, mais d'autres trucs. Comme ça, le soir venu, ils peuvent s'endormir avec leurs certitudes en guise d'oreiller, en rêvant à l'ordre national du mérite. Moi la photographie, je la pratique (mal, mais tout le temps) avec le désir un peu fou de m'améliorer peut-être un jour (ça va être dur, j'chuis au top). En fin de compte, c'est mon métier quoi ... Ce qui est sympa avec ce boulot, c'est qu'il t'arrive toujours des tas de trucs extraordinaires. Moi cette semaine par exemple, on m'a volé mon parapluie, j'ai été immortalisé par la République et j'ai fait pipi sur mon Nikon D4 tout neuf (j'ai pas fait exprès pour le Nikon. T'es con ou quoi ?) et j'ai fait des photos tout ça en même temps.
J'espère que le petit fumier qui m'a chourré mon pébroc lors d'une conf de presse vas crever (c'est celui qui est en photo sur l'illustration de ce post. Pas le fumier, le parapluie). Mme Piglet avait menacé de divorcer si je sortais avec elle et lui dans la rue en même temps (Même s'il pleut que je lui ai fait ? Hein ?? Ouais enfin je me comprends). Je l'avais même caché pour qu'elle le jette pas à la poubelle. Elle est folle.
J'ai été aussi  flashé sur une nationale et j'ai pris 90 euros et un point dans les dents pour 55 ou lieu de 50 Km/h. Ça m'a un peu contrarié parce que mon permis était inviolé jusqu'à ce jour et que je n'aime pas qu'on me prenne en photo, rapport au droit à l'image que j'ai. En plus, tant qu'à me faire chopper, j'aurais préféré rouler à 250, comme un connard de footballeur qui va voir Zaïa. De temps en temps sur le périph, je m'amuse à flasher les mecs en grosses caisses avec mon petit flash de reportage. C'est trop drôle de les voir debout sur le frein. Ben kwa ? On s'amuse comme on peut. Kesta ?
J'ai fait aussi pipi sur mon D4 (heureusement qu'il est anti ruissellement). Quand on est dans l'action, on pense souvent pas à faire pipi (on a tort). Résultat, quand on fait une pause, on est un peu pressé et s'engouffrer dans des toilettes avec 2 sacs et deux appareils dont un équipé d'un 80-200, c'est pas joué (surtout quand tu déboutonnes ta braguette en même temps et que t'es prêt à faire pipi même s'il y a déjà quelqu'un). C'est le D4 avec mon 85 qui a glissé de mon épaule et s'est retrouvé suspendu à mon poignet, mais dans la cuvette des chiottes sous un torrent d'urine tiède. Voilà. C'est ça la photo et tout le reste, c'est de la littérature.

Frozen Piglet

Vous pouvez vous foutre de ma gueule. Je vous emmerde tous.



mercredi 12 juin 2013

Moulin à Vent

André Gunthert de Culture Visuelle me fait l'honneur de poster un commentaire circonstancié sur mon petit blog insignifiant (ça le démangeait depuis un moment). Comme d'habitude, ce n'est pas pour me tresser des couronnes, mais plutôt pour m'indiquer que selon lui, la pertinence de mon analyse (de façon générale) est plus que sujette à caution de son point de vue de sociologue. Bref, le Moulin à Vent ne serait pas que du beaujolais et mes "pleurnicheries" pitoyables donnent un mauvaise image de moi et du métier de photographe (sans compter ma vulgarité maladive non réprimée). Comme André Gunthert pratique le repentir (C'est son côté artiste). J'ai décidé de republier son intervention sous forme de post pour éviter qu'il nous fasse le coup de la disparition (et aussi pour me faire une pub éhontée sur son dos. Ben quoi ? il fait bien pareil lui ! kesta ?). Vous pouvez commenter à condition de rester corrects et de continuer à manger des lasagnes au cheval.

"Avec la pleurnicherie, l'un des principes qui alimentent ce blog est le tabassage régulier de boucs émissaires. Le bouc émissaire, c'est une victime qu'on sacrifie en lui attribuant la responsabilité d'un problème dont on ignore la cause, et qu'on ne sait pas régler. Fotolia remplit à merveille ce rôle pour ceux qui ne connaissent rien à la photographie, à qui on peut faire croire que stockphoto et reportage, c'est une seule et même chose. Mais Paris Match n'a jamais publié une image de Fotolia, pas plus que Le Monde ou Libé. Ce qui est bien normal, puisque la stockphoto, ce n'est pas de la photo, mais de l'illustration. C'est de l'image en boîte pour des usages industriels, pour décorer le journal d'une compagnie d'assurance ou d'une mutuelle de santé, qui n'a pas besoin d'envoyer un photoreporter en Syrie, mais juste d'une image stéréotypée d'un couple ou d'une personne âgée, pour illustrer la publicité d'une police d'assurance. Dans les années 1970, ces canards utilisaient le dessin. Les banques d'images ont toujours cassé les prix, ça fait partie de leurs principes industriels, qui reposent sur la commercialisation répétée d'une même image. Ce n'est donc pas d'hier que l'illustration industrielle ne nourrit pas les photographes, qui n'y recourent que comme une activité annexe, souvent pour recycler des images déjà vendues ailleurs. Faire croire, comme Frozen Piglet ou l'UPP, que le microstock menace le photojournalisme n'est donc qu'une plaisanterie de garçon de bain.
La vraie question qui se pose à la photo que défend FP, dont l'illustration n'a jamais fait partie, c'est: pourquoi le reportage n'intéresse plus la grande presse. Comme il fait semblant de ne pas le savoir, je vais le lui rappeler. Ce qui fait que la presse s'est détournée progressivement du reportage, depuis les années 1980, ce n'est pas parce qu'il est trop cher, c'est parce qu'il ne fait plus vendre. Alors oui, c'est moche de s'apercevoir que la presse n'est pas une institution de bienfaisance philanthropique vouée à la préservation du patrimoine photographique. Mais aujourd'hui comme hier, Paris-Match mettra en Une ce qui fera vendre son canard, et Paris-Match a mesuré depuis longtemps qu'une Une sur la Syrie lui apporte moins de clients qu'une Une sur Adjani ou sur Zahia. Mais va taper sur Paris-Match quand tu es photoreporter! Se rendre compte que c'est la presse qui est à l'origine de tes problèmes, plutôt qu'internet ou Fotolia, c'est un peu comme découvrir que le père Noël n'existe pas. C'est pourquoi, ici, on continuera à pleurnicher et à pourfendre des moulins à vent. Bon courage".



Ça y est ? T'as fini Dédé ?

Mon cher André Gunthert,

Vous pouvez considérer qu'énoncer des faits relève de la pleurnicherie (quel vilain mot choisi à dessein). Moi votre prospective retorse me ferait presque sourire si vous ne preniez pas autant au sérieux ce que vous écrivez. La principale différence entre vous et moi, c'est que vous êtes un observateur alors que je pratique ce métier depuis des années et que j'en vis à la différence de vous (modestement, c'est vrai) .Vous comptez sérieusement m'expliquer à moi ce que c'est que la photo d'illustration ? À Moi qui la pratique depuis 15 ou 20 ans ? Je connais des photographes qui vivent exclusivement de la photo d'illustration et des dessinateurs de presse qui gagnent 10 fois ce que je gagne. Aujourd'hui, pas en 1970. Vous planez ou quoi ? Mais d'où tenez-vous que le reportage ne fait plus vendre ? D'où ? Je voudrais bien le savoir (vous êtes abonné à Télérama ?). Vous parlez de Paris-Match. C'est bien ce magazine qui perd 10 % de son tirage tous les 5 ans, c'est bien cela ? Encore trop de reportages sans doute ... (Paris-Match je m'en tape totalement. C'est un modèle dépassé à l'image du groupe de presse incapable d'évoluer qui le possède). En ce qui me concerne, ma préoccupation est juste actuellement de gagner ma vie et c'est un challenge quotidien. Vous pigez ou pas ? Si je ne bosse pas, je ne gagne rien à la fin du mois. Que ce soit du journalisme, du "corporate" ou de l'illustration ... Seules comptent la passion qu'on peut avoir pour ce métier et la façon dont on le pratique. En 2012, près de 20% de mes revenus sont directement issus d'internet et j'ai investi 10 000 euros en matériel neuf sur les 12 derniers mois. Je ne vous demande pas des applaudissements, je dis cela juste pour vous montrer que je bouge, que nous bougeons maintenant aujourd'hui, demain et tout le temps, nous les photographes. Comme toujours, votre analyse manque d'humanité et c'est cela son principal défaut. Derrière le métier de la photographie, il y a des hommes et pas des purs esprits et c'est cela "la vraie question" et rien d'autre. Mettre de la chair dans tout ça, ça vous parle ou pas ?? Vous ne devez même pas comprendre à quoi je fais allusion. Mais rassurez-vous. Pour moi, le père Noël existe et c'est vous. À chaque fois que vous écrivez un texte c'est un vrai cadeau pour moi.

Frozen Piglet


lundi 10 juin 2013

Education des masses





Un des faits saillants de la politique marketing des marchands de "Junk Food" a toujours été de tenter d'investir les classes d'écoles pour faire la promotion de leurs produits alimentaires d'exception auprès des enfants. S'adresser aux petits écoliers à l'esprit malléable semble sans doute la meilleur méthode, selon les directions marketing pour transformer les enfants en consommateurs obéissants. La chose la plus incroyable reste que des responsables de l'éducation, des enseignants, des parents se prêtent à cette saloperie sans l'ombre d'une hésitation. Quel rapport avec la photo vous allez me dire ? C'est très simple.

Après tout: "L'éducation aux médias appartient à l'histoire de l'école"
Cette merveilleuse maxime pleine de promesses a pour auteur Mme France Renucci, la directrice du CLEMI. Le "Centre de liaison de l'Enseignement et des Médias d'information" dépend du Ministère de l'Éducation nationale. Il est chargé de l'éducation aux médias dans l'ensemble du système éducatif français depuis 1983. Il a pour objectif d'apprendre aux élèves une pratique citoyenne des médias. "La Semaine de la presse et des médias®, opération phare du CLEMI conduite depuis près de 25 ans, permet à 3 500 000 élèves dans 15 000 établissements de mieux connaître grâce aux médias d'information, le monde dans lequel ils vivent. (extrait de son site internet)

Mais quel magnifique programme ! 
En plus l'image est bien là, au coeur des préoccupations de ces spécialistes de l'éducation !
Cette année, on a même convié un membre éminent du monde la photo pour exposer à nos chères têtes blondes les règles qui s'appliquent au droit d'auteur et au droit à l'image. On en pleurerait presque tellement c'est beau ...

Alors c'est l'Hadopi (un autre machin de spécialistes de la spécialité, mais j'ai jamais su à quoi ça servait) qui a chaudement recommandé un partenaire au CLEMI pour mener à bien cette mission essentielle. Ce partenaire, c'est F o t o l i a !
Ben ouais t'es fou ! Qui est mieux placé pour nous parler du droit d'auteur en France ?? Avec Fotolia, c'est vachement simple à expliquer ! Y'en a pas !! Le droit à l'image ? Pareil ! Si ce n'est que c'est le pauvre débile qui a appuyé sur le bouton et qui a gagné 10 centimes qui est responsable de tout à 100% ! En même temps, ça tombe bien. La puissance publique est très cliente de ces images de microstock pour toutes ses publications. Faut comprendre, on fait des économies (à cause du FMI et de Christine Lagarde qui roule en vélo à New York).

Chez les partenaires du CLEMI, on note pourtant la présence de l'AFP, de Reporters sans Frontière, de Visa pour l'Image, de Médiapart. Ah ouais ... Mais ils étaient pas libres ce jour-là ... Ils devaient être en RTT ou un truc comme-ça. En plus, Médiapart paye pas les photos. Il y a même André Gunthert en vidéo sur le site du CLEMI (sacré André !).

Mais c'est pas grave tout ça. L'essentiel est que ça donne l'occasion à l'un des fossoyeurs de la photographie professionnelle et du droit d'auteur en France d'exposer ses thèses néolibérales et faire sa promotion devant 3 500 000 élèves. Faut dire qu'il y en a un paquet de ces gosses qui sont en photo sur les serveurs des microstocks aussi. Si ! Avec les photos de papa ! Ils vont surement applaudir ! Elle est pas belle la vie ?

Oubliés les emplois précaires dans les pays de l'Est !
Oubliés les poissons rouges qui meurent d'avoir sauté d'un aquarium à l'autre pendant des heures !
Oubliés les détourages foireux (ça c'était surtout au début. Trop drôle) !
Oubliés les idiots qui ont fait pendant des années et partout la promotion gratuite d'une illusion !
Oubliés les milliers d'amateurs crédules qui devaient gagner des milliards et des milliards et qui ont gagné peau de zob !

Frozen Piglet

C'est sur le site de nos camarades de l'UPP (ICI) que j'ai découvert cette bonne nouvelle qui va déclencher l'enthousiasme, n'en doutons pas, de tous les photographes aux quatre coins de l'hexagone. Evidemment sur le site de l'UPP, c'est traité de façon plus sérieuse, mais c'est plus chiant.






samedi 8 juin 2013

Rien ne vaut la vie

On le sait bien, le photo de presse est décrite comme morte par la presse justement, cela depuis belle lurette. C'est d'ailleurs à se demander comment autant de gens réussissent à en vivre plus ou moins bien, bon an mal an. Mais le mythe du reporter de guerre a la vie dure et ce métier (à supposer que cela en soit un) fait toujours rêver tout un tas de jeunes photographes (et aussi des vieux). Certains n'hésitent pas à se lancer dans le grand bain, au risque parfois d'y laisser leur vie. Parce que la photo de reportage se pratique dans l'action et pas du bar d'un hôtel. Mais dans tous les conflits et particulièrement dans les guerres civiles, la mort ne fait de cadeau à personne. Dans ces conditions, toute erreur d'appréciation se paie cash et on ne peux pas compter sur la chance pour s'en sortir à chaque fois. 
Alors bien sûr on croise tous les doigts pour ce jeune photographe de 22 ans, Edouard Elias et l'autre journaliste qui l'accompagne, le très expérimenté Didier François. J'espère qu'on va les retrouver et qu'il vont rentrer sains et saufs.
En attendant, ce que l'on mesure aujourd'hui, c'est la réaction éhontée d'une très grande partie de la presse française, qui spécule (c'est parfaitement clair) sur une issue qui pourrait être dramatique. Pour commencer, 2 régions se disputent par l'intermédiaire de France 3 pour savoir de quelle origine est ce jeune photographe. Il est tour à tour lorrain (lien), puis gardois (lien) avec le même portrait photographique. Ce qui est sûr, c'est qu'il vécu 10 ans en Egypte. Pourtant il y a encore peu de temps, Edouard Elias était parfaitement inconnu et à peu près tout le monde dans les rédactions parisiennes se contrefoutait de son travail (que vous pouvez voir ici). Brutalement, tout le monde s'y intéresse, comme c'est étrange ... L'été dernier, il avait démarché des magazines sans résultat, sur le même sujet de la guerre en Syrie dans la ville d'Alep. Aujourd'hui, tout le monde veut publier ses photos. Comme c'est étonnant.
Ce sont 2 journalistes chevronnés (Laurent Van der Stockt et Rémy Ourdan) rencontrés à Visa l'année dernière qui ont recommandés semble t-il Edouard Elias. Il a d'abord signé chez Getty Images pour les images réalisées en Syrie en 2012 (puis chez Haytham Pictures) (*). Mais quand France 3 Lorraine parle de consécration à 21 ans, pour 2 photos publiées dans Paris-Match, Sunday Times et Der Spiegel, on pourrait presque sourire, si la situation n'était pas aussi dramatique. 
Dans l'excellent petit film de Michel Puech (A l'oeil - Journalisme et Photographie - lien) qui date de février 2013, on peut mesurer la passion qui anime Edouard Elias et aussi sa prudence quand il dit textuellement "Je n'ai pas envie de me faire trouer tout de suite" en parlant de son expérience sur le conflit syrien et des risques qu'il peut prendre en toute conscience.



Comme souvent, Télérama se distingue avec un article publié le 7 juin (ou moment où on est déjà sans nouvelles de lui) présentant un portfolio des photos d'Edouard Elias (Ici) en décrivant son travail comme "bluffant" avec juste au dessus une pub qui propose de gagner un voyage à Tahiti. Cet article de Lucas Armati reprend largement son précédent texte publié en octobre 2012 (ici) qui s'interrogeait sur l'existence d'une génération "Printemps Arabe" chez les reporters de guerre. Un printemps arabe qui est rappelons-le une expression reprise par les médias en passe de devenir un cliché éculé, à tel point qu'on ne l'utilise plus. Ce qui est marrant, c'est que le reste du temps, Télérama raconte que la photo de presse est morte (juste avant Visa et chaque année) et flingue le lauréat du Worldpress 2013 qui "cherche visiblement à nous tirer des larmes" avec un cliché honteusement manipulé, comme c'est désormais d'usage chez les photographes selon l'hebdo culturel redresseur de torts.
Pour finir, il faut noter que Edouard Elias est mandaté pour ce reportage en Syrie par le site internet d'Europe 1. Europe 1 une radio bien connue pour publier des reportages de guerre photographiques. 
Ainsi va la presse en France (et ailleurs aussi), voulant à tout prix empailler le photo-journalisme et refusant de voir les photographes comme des hommes exerçant leur métier avec un petit supplément d'âme. Vivement des bonnes nouvelles pour ces deux garçons qui sont un peu l'honneur de la profession de journaliste.

Frozen Piglet

"Pour mourir, encore faut-il avoir vécu" Jean d'Ormesson

(*) Après vérification, Getty distribue 21 images d'Edouard Elias et Haytham Pictures 143, toutes de grande qualité. Ceci juste pour remettre la situation en perspective.

vendredi 7 juin 2013

La Fête du slip


Au japon, les collégiennes vendent leurs petites culottes blanches en coton sur le net, il parait. Je crois même qu'elles sont auto-entrepreneurs ou un truc comme-ça. Il en faut pour tous les goûts et cette semaine le "Grazia" français vous propose de gagner le slip dédicacé de David Beckham ("BeckHam" qui signifie, rappelons le: "Ruisseau de Jambon"). Grazia ne dit pas si le slip en question a été porté pendant un match par le footballeur (à la retraite). Si c'est le cas, bonjour. Une pensée pour le collègue qui a réalisé cette splendide prise de vues qui n'en doutons pas figurera en bonne place dans son book. Félicitations à Grazia pour cette initiative qui montre que la presse française est toujours au top.  

Frozen Piglet

jeudi 6 juin 2013

Hi-Tech

La haute Technologie, c'est très joli à regarder. Surtout en photos (ben ouais ... Elles sont faites par des pros ! T'es con ou quoi ?). Le problème n'est pas tellement qu'un mode d'emploi de reflex professionnel fasse 450 pages (je m'en fous, je le lis pas), le truc, c'est plutôt que les appareils atteignent un tel niveau de développement technique, qu'on est plus très sûr du résultat final si l'ensemble n'est pas parfaitement d'équerre. Avant, si l'appareil n'était pas à la hauteur, on le jetait et on en achetait un autre. Les choses étaient claires. Aujourd'hui, vu les sommes en jeux, on réfléchit à deux fois. D'ailleurs on passe son temps à s'interroger et à rechercher une sorte d'équilibre instable avec le matériel. Est-ce que c'est moi qui déconne avec mes verres progressifs (ta gueule ! tu verras quand tu devras porter des lunettes) ou mon Nikon que j'ai payé la peau du cul qui n'est pas à la hauteur quand je sors des photos pas très nettes alors qu'elles devraient déchirer ?
Du côté des optiques, c'est pas tellement mieux, bonjour le plastoc à tous les étages et fini les objectifs en métal usinés dans la masse. Résultat, au moindre choc, ton machin nanocristal à plus de 2 000 euros est transformé en cul de bouteille en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. 
Encore faut-il que le couple body-lens que tu as acheté la peau du derche fonctionne correctement au départ ! Quel est le constructeur qui vas oser te dire (avant de te le vendre) que si tu as acheté près de 8 000-10 000-15 000 euros de matos, il va falloir encore payer pour caler tes optiques une à une sur ton nouveau boitier ultra-performant avec le quel tu frimes au bistrot devant les frangines ??
Ça, c'est pour le matos en état neuf, parce que avec le temps, les choses se compliquent et un jour tu commences à avoir des bugs de temps en temps (bof on éteint et on rallume) et puis un peu plus tard, tu as un crash de Compact Flash et les photos que tu voyais sur ton écran de reflex, elles ne sont plus lisibles sur ton Mac (tu verras on s'en remet très bien, surtout quand tu dois repartir à Bethune pour refaire les photos). Mais tout ça n'est rien puisque quelques temps après, tu vois bien que ta mise au point est décalée vers l'arrière et que même tes photos sont pas nettes nettes en plus ! Eh ben tu peux être sûr que c'est ce moment que choisit un petit trouduc pour venir te faire chier avec son 5D MK III et ses photos à pleine ouverture qui déchirent de la mort avec ses histoires de bokeh à la con ! 
Mais le pire de tout, c'est que quand tu portes ton Nikon au SAV pro et que tu vois la gueule des techniciens quand tu brandis ton truc à bout de souffle. les mecs se concertent d'abord pour savoir si ils vont te jeter dehors ou accepter (tout débordés qu'ils sont) de prendre en considération tes trucs tout pourris. Mais t'as la carte, c'est imparable. 
C'est ce que j'ai fait avec mon 24-70 que j'avais fait tomber du 8ème étage du haut du Mont-Blanc. L'image était archi floue, mais d'un seul coté. Je m'en suis tiré pour 450 euros les mecs. La classe. Et pour quoi je te le donne Emile ? Pour récupérer un zoom qui donne des résultats dignes de l'optique de l'appareil de Pif gadget. J'ai enfin compris pourquoi il y en a qui pètent les plombs et qui switchent de marque d'un jour à l'autre. Ça y est !
Qui dit haute Technologie dit risques de merdage à tous les niveaux. Y compris au niveau de celui des techniciens qui eux aussi sont largués alors que toi toi toi ... alors que toi toi tu veux juste que ça marche tout ce putain de bordel hors de prix et pas de bol, t'es tombé sur celui de technicien qui nettoie ses lunettes avec une tranche de jambon !! Merde !!! Ça, c'est la loi de Murphy: Tout ce qui ne doit pas merder va merder. Tout ce qui ne peut pas merder va merder aussi. Même si c'est impossible que ça merde, ça merdera quand même ... C'est pour ça que je viens d'acheter un D4 pour voir si il échappe à la règle. Ouais kesta ? Aha ! Tu la ramènes moins là hein ??
Bon euh ... Mme Piglet est pas encore au courant alors ... Pour l'instant je lui ai seulement avoué ... euh montré le 85 que j'ai acheté avec. "Et l'autre ???? Dis-moi que tu l'a vendu !" qu'elle va encore me faire.

Frozen Piglet

À ma décharge, je dois ajouter que des tas de photographes et même des professionnels utilisent du matos qui est naze sans même s'en apercevoir tellement ils sont pointus sur le truc. C'est surement les mêmes qui te disent qu'ils trouvent ce petit vin de pays gouleyant alors que c'est une horreur qui vient de te perforer l'estomac. 

samedi 1 juin 2013

Little Miss Sunshine



Un de mes sites préférés de tous les temps: "Awkward Family". Dans le même esprit on a aussi: "You are not a photographer" .... Ou quand les limites du bon goût sont tout à coup très éloignées du réel en photographie. Enjoy !

FP

Piou piou piou





On est (mal) payé pour le savoir, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Le statut d'auto-entrepreneur veut dire ce qu'il veut dire. Tu t'emploies toi-même et donc la totalité des charges sociales à payer te sont transférées. Une immense avancée sociale ... Oui ! pour les employeurs. Pas de charges, pas de retraite, pas de mutuelle et un coup de pied dans le cul quand on estime qu'on a plus besoin de toi. C'est magique. 900 000 poussins ont signé (certains sous la contrainte) pour ce statut à la con. C'est une immense réussite. 450 000 d'entre-eux font zéro euro de chiffre d'affaire et 90% de ceux qui font plus que zéro déclarent un revenu inférieur au smic. Magnifique non ? Et bien entendu ces gens sont en concurrence frontale  (je parle de tous les salariés déguisés et "externalisés" quel que soit leur statut) avec ceux qui payent tout plein pot et un monde du travail ou le salariat était jusqu'à maintenant la norme. On connait le résultat, les "sociétés de portage" poussent comme des champignons pour transformer des montants HT en salaires nets avec une décote gigantesque et une belle commission. Ce statut pourri et dévoyé d'AE qui ne devait concerner au départ que des activités et des revenus  annexes est devenu avec le temps une porte d'entrée obligée pour plein de métiers pour lesquels il n'a pas lieu d'exister. Quand on parle de le remettre en cause, on obtient une levée de boucliers chez les poussins (si j'ose dire). Un poule c'est déjà con, alors un poussin t'imagines ... Les poussins, c'est comme les hamsters, il faut mettre du chatterton autour pour pas qu'ils éclatent quand on les encule.

                                                                                                          Frozen Piglet

Entendons-nous bien. Que des gens prennent le statut d'AE pour faire des massages des pieds à domicile, vendre des boucles d'oreilles faites avec des capsules de bière ou écouler des fausses clopes de contrebande à Barbès, je m'en tamponne. Mais que l'on se serve de ce truc pour casser le lien de subordination qui existe entre un employeur et un salarié comme cela arrive tous les jours dans tous les secteurs d'activités et dans la presse en particulier, c'est à la fois scandaleux et idiot. Dans ce cas, il faut d'ailleurs assigner "l'employeur" devant les prud'hommes pour faire requalifier sa "collaboration" en contrat de travail et en CDI. À titre personnel, je n'ai aucun respect pour les gens qui acceptent de travailler dans ces conditions et surtout qui défendent cette vérole de statut, alors qu'il s'agit clairement de casser le code du travail. Code sur lequel repose toute l'organisation du travail en France. Il y a aussi une autre solution, c'est de délocaliser en Tunisie et à Madagascar comme pour les sites d'infos locales du groupe Hi-Medias.
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