mardi 17 février 2015

World Press 2015

Je ne peux pas dire que je sois hyper fan de la photo qui a remporté le WorldPress de cette année, mais peu importe. Curieusement ce choix ne semble pas avoir déclenché le lot habituel de vitupérations. La peur de passer pour homophobe peut-être ? À moins que ce soit l'appréhension de découvrir ce qui se passe dans la partie ombrée de l'image ... Pourtant Dieu sait qu' il y en a un paquet d'enculés dans le milieu de la photo. Comme d'habitude, des centaines de sites ont massacré cette image en la recadrant à la hache parce que elle ne rentre pas dans leur putain de gabarit de putain de page. Heureusement ils ne manqueront pas de dénoncer l'infâme manipulation de tous ceux qui retouchent trop leurs images et sont éliminés sous les quolibets des professionnels de la profession. Ces faussaires de la photographie forment pourtant un beau tandem avec tous les mecs bidons qui se disent journalistes et que l'on trouve aujourd'hui à tous les coins du Net.

FP

©  Photo Mads Nissen, Scanpix/Panos Pictures

vendredi 13 février 2015

Nouvel Eldorado

Parfois, je me prends à regretter la grande époque de Fotolia et de tous ses avatars. Quand je fréquentais les forums spécialisés où des types t'expliquaient qu'ils allaient gagner plus en vendant une photo 1 000 fois 1 euro. Comme ils gagnaient trop sans doute, maintenant c'est 10 centimes. Il y avait aussi ceux qui se filaient des plans pour détourer les merguez et les mettre sur un joli fond blanc. D'autres, c'était sur les coups de brumisateurs sur les tomates de la grande distribution ou encore les poissons rouges acrobates.Une vraie séance de rigolade libre de droits ! Oui mais tout cela c'est fini hein ... Quel dommage quand même pour tous ces petits gars-là qui pouvaient arrondir leurs fins de mois et payer ainsi leur petit CANON avec leur zoom 18-300 3,5-6,3 avec position macro (important la position macro). 
Heureusement, le site de Grazia nous informe cette semaine qu'un nouvel Eldorado photographique s'offre à nous, où il n'y a qu'à se baisser pour les ramasser comme d'habitude (ça devient lassant à force). Et ce truc, Eh bien c'est Instagram ! Tenez-vous bien, certains instagrammers pourraient gagner 1 000 à 3 000 euros par jour ! Oui oui par jour ! Pour cela, ils n'ont qu'à glisser "subtilement" des objets ou des marques dans leurs publications pour profiter de ce "juteux business". En échange, ils reçoivent des chèques et des cadeaux. Mais pour les moins chanceux, ils sont payés seulement 500 à 1 000 US Dollars la photo. Tout cela est l'oeuvre "d'une pratique marketing habillement mise en place" (sic y compris les 2 l à habilement en prime). 

(ci-contre) Un exemple d'objet de marque subtilement glissé dans la publication d'un compte Instagram suivi par 800 000 personnes. On se demande où il les a trouvé ...

La chance ! Cette méthode devrait permettre aux titulaires des 300 milliards (selon Grazia qui n'en est pas à quelques centaines de milliards près) de comptes Instagram de gagner plein de pognon, pendant que les professionnels de la photo déposent le bilan (ils sont sûrement pas assez chers). Mais la raison de tout cela, c'est quoi exactement ? Hein c'est quoi ? C'est portant simple pauvre idiot. "Fini les photos retouchées et les clichés impeccables sortis des studios professionnels". Ce que veulent les gens, c'est des photos "naturelles et spontanées" qu'ils disent chez Grazia (floues et subtilement mal cadrées en options). Malheureusement pour eux, les pros, ils savent pas en faire des comme-ça. Ben ouais t'es con ou quoi ? En plus, les pros, ils choisissent pas leurs clients. Ils prennent tout ce qui passe comme des grosses tanches. Alors que les instagrammers, ils choisissent les marques avec lesquelles ils veulent travailler et non l'inverse. Ils sont trop forts, c'est des stars. Si j'en croise un, je lui demande un autographe. Demain, je brûle ma carte de presse et je me fais imprimer des cartes de visites: "Frozen Piglet - Photographe amateur subtil" chez Vistaprint. Sûr que ça va marcher. Merci Grazia !

Frozen Piglet

Juste un truc. Je me demandais combien ils les payent Grazia, les photos ©Instagram qu'ils utilisent pour illustrer leurs articles truffés de fautes d'orthographe. 1 000 Dollars ou  3 000 euros ?

lundi 9 février 2015

Rue barbare

Je viens d'apprendre avec quelques mois de retard, la fermeture définitive de mon agence de photos d'illustration, après des années d'une agonie presque angoissante, tellement elle fut longue (RIP). Sa création par des photographes datait du milieu des années 90. Du temps ou les diffuseurs ne pratiquaient pas encore le vol à l'étalage pour économiser 3 ronds. Même si je ne fournissais plus d'images depuis plusieurs années (vu l'obsolescence de son modèle d'organisation), j'ai quand-même perdu de l'argent, mais je m'en remettrai (environ le prix d'un D4s). Surtout, je suis triste pour ceux qui ont fait vivre cette entreprise pendant tout ce temps. Je parle des salariés qui vont pointer là ou vous savez, grâce à ceux qui ont ravagé tout le secteur au nom d'un combat contre un supposé immobilisme ambiant. Vous savez bien ! Ces nouveaux acteurs du numérique qui bouleversent l'ordre établi et combattent les rentes de situation parait-il. Rendez-vous compte ... Ils se désignent eux-mêmes avec cynisme comme les "Barbares du Numériques" qui vont changer la France (dans le bon sens, naturellement). Ils se voient comme "la clé de notre croissance future", comme les émules des stars de la Silicon Valley ! C'est faux, ce sont juste des petits opportunistes de merde de droite droite obsédés par leur égo et par l'argent, y compris quand ils se déclarent de gauche et pétris de valeurs humanistes. Des partisans du libéralisme, de la dérégulation, des délocalisations, des emplois précaire et de l'optimisation fiscale. Le plus incroyable, c'est que ces petits théoriciens de la connerie, tous membres des putains de clubs de réflexion fréquentés par leurs clones, ont tribune ouverte un peu partout (dans les médias) pour faire la promotion de leur idéologie aux termes de laquelle, nous sommes tous interchangeables et tout se vaut. Des photographes de presse free-lance comme-moi, il n'en reste que 300 aujourd'hui selon les chiffres de la commission de la carte des journalistes. Et moi cette année encore, je vais l'avoir cette putain de carte en plastoc. Ceux qui vont la perdre vont rejoindre les cohortes des auteurs, ou pire des auto-entrepreneurs au statut précaire. Car ne nous trompons pas, c'est une vraie bataille qui s'engage pour détruire le statut de salarié et venir à bout du CDI et du Code du Travail et de manière générale, de tout ce qui forge notre identité.

Frozen Piglet

"Les gens qui tentent de rendre ce monde mauvais ne prennent jamais de jours de congés" Bob Marley




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