lundi 29 juin 2015

License to Kill

J'adore le concept d'Uberisation et encore plus celui d'Uberisation Pop qui donne un petit côté joyeux à la précarité à laquelle vont se colleter tôt ou tard, presque tous les crétins qui encensent ce modèle exemplaire de régression sociale. Comme toujours, ce pur produit de la nouvelle économie connectée prétend offrir un travail 2.0 à la tâche, contre un prélèvement sous forme de pourcentage. 
Une monstruosité impérialiste qui vient des Etats-Unis et qu'on prétend nous imposer ici en France, comme sur un territoire qu'on voudrait coloniser pour enrichir un peu plus ses promoteurs dénués de morale, mais dotés d'une bonne adresse fiscale. Quitte à piétiner bien entendu, les lois de la République. République qui produit pourtant des tonnes de textes réglementaires comme une machine hors de contrôle. Mais Uber, c'est surtout 1 000 emplois créé worldwide pour une armée de 1 million de chauffeurs prestataires de services non salariés.
Bientôt, Mercedes donnera un costard noir Hugo Boss en prime avec ses bagnoles vendues en leasing, c'est sûr ! Le truc c'est que les chauffeurs de taxi ou de VTC, c'est les mêmes mecs, sauf qu'il y en a un qui a un crédit de plus à payer. Mais on s'en fout tellement.
Je ne sais pas si le plus effrayant est de lire les réactions des imbéciles qui pullulent sur les réseaux sociaux, ou de constater la démission des pouvoirs publics et des politiques sur ce désastre économique qui s'annonce. La lecture simpliste du phénomène d'Uberisation qui est la marque déposée des esprits faibles et son instrumentalisation qui est la conséquence d'un pouvoir anémique incapable de réagir masquent pourtant l'essentiel. C'est la mère de toutes les batailles sociales qui s'engage aujourd'hui pour mettre à mort le lien de subordination, le statut de salarié et son cortège de charges sociales, partout. Cette disparition marquera notre société en profondeur et engendrera un changement de paradigme comme aiment dire les intellectuels. Bien entendu, ce qui devait être occasionnel deviendra permanent (comme le statut d'auto-entrepreneur si cher aux jeunes cons) et l'homme nouveau sera un prestataire docile et flexible, taillable et corvéable à merci. Il aura le permis, saura prendre des photos et filmer et pourra même faire le ménage dans son appartement, après le départ des touristes auxquels il sous-loue clandestinement tous les week-ends (comme ma voisine). 
Mais toute cette merde, on l'a vue venir, nous les photographes. On était même en première ligne pour contempler la vague géante qui a déferlé sur notre métier, grâce à des entrepreneurs innovants et modernes. On l'a d'ailleurs dénoncé sous les quolibets de la populace et les jets de canettes. Quand à la précarité, on sait ce que c'est depuis toujours. On connait bien aussi le regard méprisant des gens qui ont le cul visé derrière leur petit bureau jusqu'à la mort (ou jusqu'au chômage). Peut-être même que je suis profilé pour la crise, si ça se trouve ... Mutli-employeurs, multi-secteurs et j'écris même mes articles, ce qui m'évite de me coltiner un rédacteur. En plus je viens de signer pour la troisième fois de ma vie dans une agence photo qui va diffuser mes archives et les sujets que je vais produire. Les 2 précédentes, elles ont disparu. Non pas victimes de la crise, mais des impayés répétés de leurs clients. Un truc qui n'arriverait pas dans la nouvelle économie. C'est sûr. Bon ben ... Bonne chance les gars !

Frozen Piglet

Il faut quand-même reconnaitre un vrai talent aux dirigeants d'Uber.
Celui d'avoir créé une marionnette condamnée à la naissance (Uber Pop) à agiter, pour faire passer une pilule amère Uber tout aussi dévastatrice. Vous savez bien la lune et le doigt. Tout ça quoi ...

Sur Citizenside: "je suis auto-entrepreneur comme chauffeur privé je suis photogaphe amateur je recherche le scoupe (sic) ..."

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