vendredi 14 septembre 2018

La solitude du photographe moyen

Bien sûr j'ai été publié dans le New-York Times, dans le Wall Street Journal, dans NEWSWEEK, dans El PAIS, dans La Républica, dans Le FIGARO, dans Libération et dans Charcuterie Magazine et plein d'autres trucs (VOGUE, Harper's Bazaar, Glamour, ELLE). Mais c'était des photos de merde que je préfère oublier. Bien sûr je suis contributeur pour 3 agences photo, dont 2 parmi les premières du monde, mais je vends pas grand chose et vu les tarifs pratiqués, je m'en fous un peu. Bien sûr j'ai travaillé pour des tas de groupes de presse anglais, américains, japonais, russes, italiens, des ONG, des associations, des agences de pub énormes ou toutes petites, des marques de bagnoles, des cabinets d'avocats, des ministères et des institutionnels (la peste et le choléra). Mais dans l'ensemble, c'était avant. Avant quoi ? Je ne sais pas précisément, mais avant (Hein quand j'étais  ?? jeune ?! Ouais ta gueule). Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, je me sens un peu comme décalé et parfois je me demande si je ne suis pas un de ces photographes moyens. Attention pas nul ! Juste moyen quoi. Ben ouais sinon je serai invité sur France Culture pour parler de la mort du photojournalisme comme André Gunthert qui n'est pas photographe ! Dans (presque) tous les métiers, il y a les stars, les cadors, il y a aussi des nazes qui bossent comme des cochons (joke) et puis il y l'armée de mecs moyens où je dois être chef d'escadrille parce que finalement, je m'en sors toujours. Plutôt mal que bien, mais je m'en sors. Bon évidement, c'est pas très flatteur pour l'égo de n'avoir aucune perspective de recevoir un jour le VISA d'or ou le WorldPress. T'as déjà vu un "WorldmoyenPress" ou un "VisaMoyen d'Or" toi ? Eh ben moi je dis que ça devrait exister, comme-ça je pourrais peut-être l'avoir. Et dans la foulée, on pourrait décerner un "WorldphotoshitPress" et un VisaMerde d'OR. Comme ça y'aurait pas de jaloux et là, je suis sûr que je l'aurais !

Frozen Piglet

mercredi 5 septembre 2018

Désolé, vous êtes FreeLance

Dans les cafés ou les bars parisiens, j'écoute parfois en gloussant la conversation des lapins de 3 semaines nés en incubateur, qui peuplent les jeunes pousses de la "StartUp Nation" de Macron. On se demande par quel miracle, tous ces enfants précoces ont eu le bac avec mention et leur master 2 en innovation numérique ("montez votre startUp en vous formant"), les doigts dans le nez, et ça malgré leur orthographe disruptive, leurs 10 fautes par post sur FaceBook et leur allergie aux produits laitiers. Ils sont trop forts. Moyennant quoi ils se mettent à couiner comme des truies qu'on égorge quand ils doivent faire semblant de travailler jusqu'à 21h00 et se faire livrer par Uber Eats: "Vas-y ! Prends-la ta bouffe de merde ! Enculé !" (ça c'est le livreur qui a même pas de Master 2 en innovation numérique). 
Moi je vais vous dire. Alors qu'un nouveau monde n'a jamais été aussi attendu, celui qu'on nous désigne n'est qu'une fiction de plus. Un univers pseudo post-moderne au bord de l'asphyxie (au propre et au figuré) qui cultive tous les travers de l'ancienne économie, mais à la puissance 10. Certains prétendent qu'on veut nous mettre en ligne aujourd'hui comme on voulait nous mettre à la chaine dans les années 60. Ça se défend.
Bon tout ça, c'est rigolo 5 minutes, mais j'en ai rien à foutre. C'est la rentrée et comme tous les mecs qui exercent ce métier de con, je me demande comment je vais me démerder pour gagner de quoi bouffer, payer mon loyer et acheter un D5. Ben oui, un Nikon D5. T'es con où quoi ? Tu crois tout de même pas que je vais me faire avoir par ces conneries mirrorless qui viennent de sortir. 
Oui, c'est la rentrée et je suis en conflit ouvert ou larvé avec à peu près tous mes employeurs pour des questions de droits liés aux réutilisations. Je suis remonté comme une pendule. Ça va chier.

FP 





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