Quand je travaille pas pour des journaux minables, je fais du Corporate. Le Corporate, pour les incultes qui savent pas (ils sont nombreux), c'est quand tu bosses pour des entreprises qui sont pas de presse. Ces gens-là, t'es obligé d'être gentils avec eux parce que c'est comme qui dirait des clients. Moralité t'es aussi obligé de supporter leurs lubies et leurs exigences en serrant les dents avec le sourire (c'est difficile les deux en même temp). L'ennui c'est qu'après il y a leur comptabilité qui t'appelle pour te faire chier avec tes notes de droits AGESSA et dire qu'ils ne peuvent pas te payer sans TVA. Si tu crois avoir trouvé une solution en demandant à un copain qui a une boite de communication de faire du portage (facturer pour toi), tu te gourres. Ton (désormais ancien) copain va déposer le bilan (avant de t'avoir payé) et te planter comme une merde et tu reverras jamais la couleur de ton pognon. En plus, si ça se trouve, sa femme va se barrer et tu seras en plus obligé de le consoler ou de l'empêcher de se suicider ...
Après tu peux te venger sur les autres, quand tu travailles comme journaliste, en les faisant plonger en plein mois de décembre dans l'eau glacée de la Seine ou en leur disant que leur appareil numérique qu'ils viennent d'acheter, eh ben c'est de la merde et que tu l'as lu dans "Chasseur d'Images". Tu peux ajouter que depuis qu'ils l'ont acheté (il y a une semaine), il y en a un autre beaucoup mieux et beaucoup moins cher qui est sorti pour les achever. C'est sympa et ça te permet de rentrer chez toi la soir avec le sentiment du devoir accompli, avant de contempler accablé tes photos minables sur ton écran de Mac tout jaune. Ensuite, tu peux ressortir pour boire un coup et pérorer au bar, devant une armada de gonzesses en chaleur en racontant tes souvenirs de grands reportages, en montrant tes cicatrices que tu t'es fait (en faisant du patin à roulette quand t'étais petit. Si ! des fois ça marche).
Frozen Piglet
ça me fait penser que j'ai toujours pas rempli mon dossier de carte de presse.
au lieu d'écrire des conneries, je ferai mieux de m'en occuper.
3 commentaires:
Je compatis : je vis la même chose.
Ceux qui me connaissent savent que j'ai assez de mal à me retenir parfois de leur claquer le baigneur...
Je me dis juste qu'avec l'argent de ces gens, ça me permet de financer une partie de ce qui reste mon vrai travail passion...
Courage à toi
Ca me rassure, je suis pas tout seul à faire le coup du "retour de Kaboul et en transit vers Buenos Aires" pour gonfler ma facture au blaireau qui veut que je shoote la devanture de sa cordonnerie.
J'aimerais bien aller à Buenos Aires...
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