Dans mon petit pull marine

© Edu Gomez

Cette semaine, pour la première fois depuis un an, j'ai reçu un chèque de mon (plus ou moins ex) agence de photos qui refait surface après 24 mois d'apnée. J'ai gagné en un an un peu plus de 300€. Ceci est à mettre en perspective avec ce que je gagnais il y a encore quelques années, 7500€ en moyenne par an avec cette agence. Si je considère mes dernières ventes, la part photographe nette par photo est tombée en moyenne à 45€. Vous suivez là ou pas ?

Bon en même temps, j'ai un super ratio. Pour gagner 300€ avec Fotolia il faut vendre quoi ? 2000 photos ? Ah ah ah ha argghhh !

Faut que j'arrête de rire, ça me fait mal à mon herpès ...

Aujourd'hui, je ne produis plus rien pour l'illustration. Ce n'est pas tout à fait vrai. Disons que maintenant, mes photos encombrent inutilement mes espaces de stockage ... J'ai du mal à me motiver pour me faire chier à post-produire des trucs qui vont me rapporter à peu près rien. En dehors de cela, filer 60% des droits à des gens qui ont viré depuis longtemps le dernier commercial, considérant que désormais, tout passe par internet, ça me donne de l'urticaire. D'autant que ces gens n'ont ni vision, ni projet à part subir la situation et se lamenter.

En 10 ans, mes revenus ont baissé globalement de 50% alors que le prix du matériel explosait. Depuis 2 ans, j'ai totalement changé ma façon de travailler (ouais j'ai mis le temps ... Oh ça va hein !!). La rédaction d'articles représente la moitié de mon volume de travail aujourd'hui. J'arrive à vendre en direct des photos à l'étranger de temps en temps par l'intermédiaire de différents sites internet (mais pas en France). Des sites internet étrangers à forte audience me proposent aussi assez régulièrement des collaborations mensuelles pour des photos à 25-30 USD pièce (genre une dizaine par mois), je les envoie chier ces connards qui confondent un vrai pro comme moi (hin hin ..) avec des mecs qu'ont commencé la photo la semaine dernière avec leur 350D.

Au total, j'arrive à faire suffisamment de piges pour conserver ma carte de presse sans trop de problème, mais c'est grâce à la rédaction, sinon je serais dans la merde. Globalement, ma vie professionnelle est devenue un vrai capharnaüm. En même temps, je ne crois pas que je pourrais faire autre chose que ce métier de con. Je l'aime trop.

Frozen Piglet