Je n'ai pas très envie de revenir sur les posts précédents qui ont occasionné à mon sens plus de mal que de bien. Est-ce de l'incompréhension ou des problèmes d'égo ? Les deux sans doute. Ce qui est sûr, c'est que je suis incroyablement surpris de voir que les gens qui siègent comme des pontes dans des conférences et des séminaires sur l'image méconnaissent à ce point les conséquences de l'utilisation non régulée (sauf dans leur tête) des photos sur internet. Il faut dire qu'à force de devenir spécialiste d'un truc de plus en plus pointu, on devient un spécialiste de rien.
Je men tape un peu, vu que quoi qu'il en soit, je continuerai à vivre ma petite vie minable de photographe inconnu et je finirai dans la misère sous les quolibets des mecs qui font des photos de couchers de soleil en raw compressé pour les mettre en CC sur le net (ou même de David Abiker). En même temps, j'ai besoin de clarifier certains points pour pouvoir passer à d'autres sujets beaucoup plus futiles et donc autrement plus passionnants (*).
1er point/ Vive la culture et le partage !
Les gens qui mettent des photos sur internet sous prétexte de "culture", de "partage", "d'information", de "réseaux sociaux", "d'expression artistique", de raconter leur "vacances", d'exposer leur "progéniture" ou de montrer leur "sexe épilé ou non", de récolter des awards sur FlickR (Ah ah ah !), de montrer comment se couche le soleil à Uluwatu ou leurs recettes de cupcakes, je m'en branle totalement, sauf quand c'est les miennes de photos ... Capish ?
2ème point/ Alors c'est quoi le problème ?
Le problème (dans mon cas) c'est l'atteinte aux droits qui s'attachent aux images (et aussi d'ailleurs aux personnes représentées !), grâce à la propagation virale d'un comportement malhonnête qui consiste à utiliser des photos sans se préoccuper de savoir si on a le droit de le faire. Et c'est bien la mise à disposition gratuite d'images et le principe de promouvoir (en plus !) leur utilisation qui dynamite le droit d'auteur pour la plus grande joie des diffuseurs. À partir du moment où des millions d'images sont gratuites, les barrières tombent et toutes les images deviennent gratuites pour tous les utilisateurs. Peu importe les restrictions imposées par ta petite licence de merde ! Si tu n'as pas compris ça, t'as rien compris ou tu ne veux pas comprendre, ce qui est très différent (dans le premier cas, t'es un crétin et dans le deuxième un connard avec un grand C. Hein ??? Ouais Connard).
3ème point/ Ah bon ? Et alors ?
Alors, si je vends une photo au site de l'Express et que je la retrouve dupliquée sur 25 autres sites (sans aucune mention de crédit en plus), ça me pose un problème. Je suis un professionnel et je vis de la vente de mes photos au cas où tu n'aurais pas saisi. Quand je retrouve plus de 1 500 photos dont je suis l'auteur sur Pinterest, le dernier réseau social en vogue en attendant le prochain, je me demande si c'est moi qui ai un problème. Quand je vois une de mes photos qui fait des petits 400 fois sur des pages Tumblr, dois-je prendre cela comme un hommage ou comme du foutage de gueule ?
4ème point/ T'as qu'à prendre un avocat !
Mais bien sûr ! Un avocat qui parle chinois et russe (pour les sites qui effacent mon copyright pour mettre le leur à la place), américain et japonais (pour ceux qui compilent les photos sur des plate-formes pour vendre de la pub) et français pour tout le reste. Si en plus, il maitrise le droit international et qu'il se fait payer au résultat, c'est parfait et je vais être riche, car je pense que j'ai entre 8 et 10 000 photos qui se baladent sur le net. Je crois qu'avec 300 ou 400 procédures dans une trentaine de pays, on devrait s'en sortir assez bien.
5ème point/ T'as qu'à pas mettre tes photos sur Internet ... C'est ça la culture numérique Baby !
Ah oui c'est vrai. Le partage ! Je n'y avais pas pensé. Je croyais qu'il fallait vivre avec son temps et savoir évoluer dans la pratique de son métier et comme les jeunes professionnels parfaitement intégrer l'utilisation de la culture numérique et des réseaux sociaux ... Je le fais et voilà le résultat. Bon mais l'important, c'est de partager n'est-ce pas ... Au fait, ils font comment les jeunes professionnels au fait de la culture numérique pour bouffer ? Ils bouffent peut-être des pixels ...
6ème point/ T'as pensé à changer de métier ?
Je t'emmerde
Frozen Piglet
(*) Comme: En 2013, vais-je enfin utiliser mes optiques Blad (60-100-180) montées sur mon Nikon, grâce à l'adaptateur que j'ai acheté un jour de déprime ?
Si j'ai une grosse rentrée d'argent, est-ce que j'aurai alors la chance de devenir un amateur avec un dos moyen-format de 80 millions de pixels pour produire en masse des photos de microstock en Lituanie ? (Ben quoi ?)
Si je croise Dolly Parton et que je lui demande de me montrer ses nichons, est-ce qu'elle va me dire: " Sure Honey ! I've waited all my life for this moment ! Will you take a picture on your I-Phone 5 with Instagram vintage filter ?"
Est-ce que je vivrais assez vieux pour voir Google, Facebook, FlickR, Tumblr, Pinterest et Twitter déposer le bilan, parce que ils n'auront pas su évoluer dans leur métier ?