vendredi 12 juillet 2013

Lili Marlène

Comment ne pas être photographe quand on l'est, c'est la question qui se pose quand on part en voyage de presse. Faire 2-3 photos acceptables avec autour de toi une quinzaine d'individus brandissant tout ce qui se fabrique en matière de numérique, ce n'est même plus un challenge, c'est un chemin de croix. Cette semaine, j'ai pris le train pour l'Allemagne avec dans mon MP3, Lili Marlène (par Dietrich) et la compil de Patricia Kass. Eh ben je vais vous dire, l'Allemagne c'est le bordel et pourtant, j'aime les bretzels. Contrairement à ce qu'on nous raconte partout en France, la seule chose qu'ils ont gardé de la fameuse "rigueur germanique" les fridolins, c'est le timing. T'as même pas le temps de respirer ! Alors pisser, t'imagines ? Bientôt on sera équipés de couches-culottes pour être sûrs d'être à l'heure et de respecter le planning. Et si tu t'avises de prendre 2 minutes pour changer l'eau des poissons rouges malgré tout, quand tu reviens sur le parking, le bus est déjà parti avec ton matos, en te larguant en rase campagne. Alors sinon, avec l'expérience de mes quelques heures de vol, j'ai fini par dégager une typologie des individus qu'on peut croiser en ce genre de circonstances. 

Journaliste de type 1 : Équipé d'un compact avec un flash intégré qui explose le premier plan situé à 20 cm en sous-exposant de 5 diaphs le sujet principal. Utilise toujours un appareil acheté en 1999 dans un aéroport parce que "il marche toujours et qu'il en changera seulement quand il tombera en panne".

Journaliste de type 2 : Elle a un Olympus ou un Sony (car c'est une fille), ce qui l'autorise à se placer systématiquement devant toi au moment où tu déclenches. Si tu lui fait amicalement remarquer, elle ne comprend visiblement pas de quoi tu parles. Une tête à claque.

Journaliste de type 3 : Il shoote en Raw avec son 5D MKIII sur les conseils de son ami photographe de Mode chez Olida qui s'y connait. Ça tombe bien, on est dans une usine de robinets.

Journaliste de type 4 : Utilise son téléphone à bout de bras. Elle met en moyenne 10 minutes avant de déclencher (elle soigne le cadrage). Variante: fait son reportage à 2 mains avec un I-Pad en écartant bien les coudes.

Journaliste de type 5 : Il n'a pas d'appareil photo. À quoi ça sert ? Le service de presse va lui filer des tofs sur une clé USB. Il se tient malgré tout en toutes circonstances au coeur de l'action, par conscience professionnelle. En réalité, il n'en a rien à foutre de faire chier tout le monde. Un gros con (il a du bide , il pue la sueur et il porte une chemise à carreaux en général).

Journaliste de type 6 : Pas inspiré par le sujet, il tente de refaire la même photo que toi dés que tu as le dos tourné. En général, il jette son dévolu sur celui qui a le plus gros appareil et il ne le lâche plus pendant 2 jours. Inoffensif. 

Journaliste de type 7 : Adore photographier les objets exposés dans des vitrines en verre avec un flash, puis contempler le reflet du flash sur le verre de la vitrine avec un air surpris. Fascinant.

Journaliste de type 8 : N'en a rien à foutre de rien et passe son temps à photographier des trucs qui n'ont strictement rien à voir avec le sujet. Je vais m'installer à la même table que lui à midi.

Journaliste de type 9 : Vient de se rendre compte qu'il a oublié sa batterie et ses compact flashs sur son bureau en partant. L'ennui, c'est que c'est la deuxième fois cette semaine. Paniqué en toute circonstance.

Journaliste de type 10 : Te demande au cas où il aurait foiré ses photos, si tu peux lui filer les tiennes en HD par mail. Variante: te demande si tu peux faire une photo de lui et lui envoyer en te collant sa carte de visite crasseuse dans la main. (je dis oui et je l'envoie jamais).

Hors catégorie : L'attachée de presse (ou la chargée de com) a vu tes photos dans le journal et considérant les merdes qu'elle a commises avec son appareil personnel, elle te passe un coup de fil pour savoir comment "elle peut les récupérer" les tiennes pour les balancer à l'ensemble de ses contacts presse. Fume c'est du belge.

Voilà. C'est ça la photographie dans la presse. Kes ta ta ?

Frozen Piglet












4 commentaires:

Hellbor a dit…

Tu n'aimes pas les 5D3 ? :)
En tout cas ça fait sourire, il faudrait faire le même travail d'archétypage pour les photographes de scènes... :)

Anonyme a dit…

Pour une fois on est d'accord.

RLZ

Head! a dit…

On se régale de constater que les photographes pro sont au moins aussi insupportables que les amateurs, et ce dans tous les domaines...

jse a dit…

Quelle précision, tellement vrai tout ça et ce lors de n'importe quelle visite de presse.

"Wie einst Lili Marleen..."

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