J'ai mis plusieurs jours à reprendre mes esprits après le drame qui restera comme une souillure immonde à jamais dans l'histoire de Paris. Paris est une petite ville et tout le monde a dans ses cercles d'amis, de collègues de travail ou de relations proches, des victimes ou des parents de victimes des attentats qui viennent de se produire. Ce mauvais goût dans la bouche et cette boule au ventre ne me quittent pas depuis que je suis tombé par hasard sur une photo de l'intérieur du Bataclan après l'assaut de la police, publiée sur le net. Mais encore une fois, le problème des images se pose.
Je me souviens très bien du post que j'avais écrit en 2012, à l'époque de l'affaire Merah. En 3 ans, les choses ont bien changé. Aujourd'hui, si l'image fixe revient de plus en plus aux professionnels, comme on l'a vu dans le traitement de l'info à propos des assassinats commis à Paris, la vidéo téléphonique s'impose partout comme l'outil privilégié des opportunistes qui sont prêts à vendre leur mère et à prendre tous les risques pour monnayer des images qui finiront en boucle sur les chaines d'infos.
Bien sûr, dans le milieu de l'image journalistique, la raflette a toujours existé. Elle consiste à récupérer des images réalisées par des témoins de circonstance, mais là on constate que la demande crée un véritable marché, organisé sur la loi de l'offre. Un peu comme dans Vidéo-Gag, les mecs sont capables d'aller très loin pour vendre leur petit film de merde contre quelques grosses coupures. Y compris d'ailleurs de s'approprier des vidéos dont ils ne sont pas les auteurs. Il n'y a plus aucune limite, aucune retenue d'aucune sorte, hormis celles de la somme en liquide que peuvent détenir les reporters des chaines d'infos (souvent étrangères, il faut le dire). Quand je pense que certains osent prétendre que les professionnels de l'image font de l'argent sur le malheur des autres. Que dire alors des passants qui filmaient les victimes avec leur téléphone à la terrasse des cafés du 11ème, au lieu de leur porter assistance ? Pendant ce temps, un des photographes professionnels présent au Bataclan publiait "libre de droits" les photos du début du concert en hommage aux victimes. Celui-là, il a toute ma sympathie.
Capture d'écrans LeMonde.fr |
Ce post titré "Comme un Lapin" date de 2012
Ce matin dans Libération, on apprend qu'un type de Toulouse (Pierre, un commercial de 29 ans) a vendu en exclusivité des images de l'assaut de l'appartement de Mohamed Merah à Paris-Match. C'est sa femme qui a pris les photos (Ben quoi ? On est jamais assez prudent. Il suffit d'une balle perdue !). Elle a réalisé une centaine de clichés de l'intervention du Raid de sa fenêtre, jusqu'au dénouement final. Elle était bien placée avec son instamatic, pile dans l'axe. C'est un photographe ami du couple qui a joué les intermédiaires dans les négociations avec les acheteurs.
"Notre ami a fait l'intermédiaire avec les médias. Toute la journée de jeudi, on a fait monter les enchères. Finalement, on a vendu les droits exclusifs à Paris-Match pour 20.000 euros", relate ce père de famille qui se dit "un peu déçu": "je pensais avoir plus" (extrait d'un article de la Dépêche ici).
Travailler toute la journée à faire monter les enchères pour obtenir seulement 20 000 euros à l'arrivée contre quelques photos, on comprend sa déception au mec. La prochaine fois, je suis même pas sûr qu'il se relève la nuit, tellement ça vaut pas le coup ! La vidéo de Mohamed Merah dans sa BM s'est négociée quant à elle, à moins de 10 000 euros. Un petit pourliche.
De leur côté, les vrais photographes ont du mal à réunir 2 000 euros pour partir en Libye au risque de se faire tuer. Ben ouais mais t'es pas au courant ?? Y a la crise de la presse ! T'es con ou quoi ??
Frozen Piglet
Eh bien cette fois-ci, c'est 50 000 euros en liquide pour la video de Casa Nostra, une pizzeria du 11° (2 rue de la Fontaine au Roi). Ça en fait des 4 saisons au black, je te le dis. Mais bon l'essentiel, c'est d'avoir du traffic sur le net hein ? Pas vrai le Daily Mail ?
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