Combien peut bien gagner un photographe professionnel ? Bah ouais hein combien ?? C'est la question que tout le monde se pose et on veut avoir une réponse ! Des fois qu'on pourrait s'y mettre nous aussi à se baisser pour les ramasser.
Pour commencer et de manière générale, un photographe ne gagne rien avant d'avoir payé les frais qu'il a engagé et l'amortissement de son matériel, ainsi que son entretien et son renouvellement (du matériel, pas du photographe). Sauf s'il a un petit vélo dans la tête, parce que il a atteint pour la première fois 2000 euros de facturation à la fin d'un mois et qu'il claironne donc partout qu'il gagne 2000 euros par mois. Un travers fréquent chez les nouveaux venus qui pètent un câble dés qu'ils ont gagné 3 ronds alors qu'ils "shootaient" jusqu'ici gratuitement ou presque. On en reparlera quand tu seras à 230 le mois suivant mec. Ah ah ah ! Quelle rigolade !
Ensuite, c'est là que cela se complique, le pro doit payer ses contributions obligatoires (assurance maladie, mutuelle, retraite etc ...) selon un statut qu'on lui a imposé la plupart du temps. Les photographes nouveaux venus sont aujourd'hui, très souvent logés à la même enseigne que les connards de chauffeurs de VTC, les livreurs de Pizzas pustuleux Deliveroo et autres métiers précaires de merde, comme les acteurs de prono. Un non statut résultat de la politique ultra libérale de tous les gouvernements de motherfuckers qui se sont succédés depuis des décennies. Les autres ? Ben ils sont auteurs ou ce genre de conneries et c'est pas mieux. Cela dit, les photographes bénéficient souvent en prime, d'une hernie discale (en fin de carrière de préférence) et pour certains, je vous rassure très peu nombreux, d'une " allocation pour frais d'emploi "désignée improprement sous le vocable"d'abattement fiscal" (*), car ils ont la carte de presse (c'est une opération blanche pour eux, puisqu'ils ne récupèrent pas la TVA, exemple: 1300 euros acquittés sur un Nikon D5 à poils). Ceci dans le but inavoué de désigner l'ensemble de la profession de journaliste à la vindicte populaire et d'en faire l'une des plus détestée de France, en la pointant comme un ramassis de privilégiés et de vendus.
C'est pourtant vrai ! Moi par exemple, j'ai vu mes revenus divisés par 3 depuis 15 ans et pourtant, jamais je n'ai produit autant d'images, donc de valeur. La valeur d'une image, parlons-en. Pour cela, le mieux est de regarder l'évolution des tarifs d'agence sur les images de presse et d'illustration.

Sur le tableau ci-dessus, vous pouvez suivre l'évolution du prix de vente en Dollars US des images d'un photographe qui en compte 20 000, archivées dans une des première agence mondiale. On voit que le tarif passe de 241 USD la photo à 18 USD entre 2003 et 2017, soit sur une période de 15 ans. Encore faut-il noter que le photographe ne touche que 50% de cette somme et seulement 30% quand il y un intermédiaire. Ce qui fait brut: entre 9 et 2,7 USD (putain la chance) et encore faut-il noter que nous ne sommes pas du tout dans un Microstock. Même si cette agence propose des licences en droits gérés ou libre de droits au choix. Faut-il vous faire un dessin ? Quelle profession pourrait résister à ce rouleau compresseur sponsorisé et organisé par Internet et son cortège d'enculés ?
La suite au prochain numéro, j'ai du boulot.
Frozen Piglet
(*) Les journalistes saoudiens eux se font abattre directement et ensuite découper en morceaux.
Cette semaine, une des agences dont je suis un contributeur a vendu une de mes photos 315 USD, ce qui va me rapporter 157.50 USD bruts. Pas mal pour une photo sans grand intérêt. La précédente a été vendue 11.04 USD, je vous laisse calculer.