Parce que tu ne vaux rien

Quand on travaille (vaguement) avec une multinationale, on rigole pas souvent.
Peu importe les bonnes relations que tu peux avoir avec ton interlocuteur par ailleurs. Pour la comptabilité, t'es classé dans la rubrique "fournisseurs". Ça veut dire que t'es au même niveau qu'un sous-traitant qui fait de la plasturgie avec 2 usines et 3 000 salariés, en gros. Il y a bien un moment où on a négocié le prix en te faisait miroiter plein de trucs. Finalement tu te retrouves avec un tarif indéboulonnable, 3 ou 4 prises de vue par an et t'es mal payé à 120 jours si tout va bien. Le pire c'est quand tu te rends compte que les gens qui te filent du boulot ne sont guère mieux lotis. Ils sont prisonniers des procédures et du contrôle de gestion. Ils sont eux-mêmes interchangeables. Pour eux qu'est-ce qui peux remplacer, un photographe ? Un autre photographe, moins cher (éventuellement, ce serait bien) ... Le résultat, final ? Ben euh ... On verra bien ...
En même temps, ils sont bien conscients que les choses ne tournent pas rond, mais ils les subissent comme toi et ils te le disent. Ils n'ont aucune prise et aucune marge de manoeuvre et ils ont renoncé depuis longtemps à essayer de bouger quelque chose. Ils sont à la base de la pyramide qui pèse de tout son poids sur leurs épaules et toi, t'es juste un épisode un peu rigolo. Je me souviens qu'il y a quelques années Renault s'est mis à payer les gens comme-moi avec un billet à ordre à 90 jours. Renault, c'est la boite où les gens ouvrent les fenêtres et essayent de voler.

Frozen Piglet

Tout ça c'est du "corporate". Vous savez le truc qui doit permettre aux photographes journalistes de "financer leur travail personnel". Je ne travaille plus pour Renault.