Dans la presse, il y a les "grands reporters" et il y a aussi les autres, les petits (minus)cules qui cherchent juste à survivre ... comme moi. Ouais. Il y en a même qui sont "envoyés spéciaux". Tout ça c'est un peu comme "ministre plénipotentiaire" ou ce genre de trucs du passé. Cela nous relie juste au souvenir d'un temps ancien où on pouvait passer 6 mois ou plus sur un reportage pour écrire un article ou faire des photos et choper le typhus et la fièvre jaune, la Bilhariose et des amibes. La grande classe ! (sans parler des autres maladies inavouables). Même que 30 ou 40 ans plus tard, on pouvait être publié Par "Le Monde", dans un recueil exemplaire de "Grands Reportages" qui ont fait l'orgueil de la presse française (Comme cinq colonnes à la une avec Pierre Lazareff et sa pipe). Bon bien sûr on était mort mais quand même ! Aujourd'hui, on a juste le sentiment d'avoir globalement raté sa vie dés le début et on va mourir aussi, mais du cancer ou d'alzheimer, intoxiqué par les PCB, la dioxine et les pesticides. Alors sur un CV, ça fait moins bien forcément.
Est-ce le talent ou la chance, ou les deux ? Dans cet océan de médiocrité. Il y en a quelques-uns qui vivent une vraie destinée alors que toi pauvre con (et jaloux en plus), tu passes ta vie à à te faire chier en te demandant comment tu vas payer tes factures et expliquer à ta femme, sous son regard torve, pourquoi tu dois absolument acheter le dernier Nikon (Ou Canon) à 5 000 euros, avec une batterie d'objectifs hors de prix, pour pouvoir frimer au bistrot avec ta carte de presse (si t'arrives à la garder en 2014).
À coté de ça, un mec comme Salgado lui, il te raconte qu'il a passé une journée entière à emmerder une tortue des Galapagos en la fixant dans les yeux pour faire son portrait. À la fin de la journée, la tortue, elle en pouvait plus. Elle a fait en tortue en claquant du bec "Vas-y ! Fait la ta toff ! Qu'on en finisse ! P'tin !!" et après on t'explique que ce mec aime la terre ... (Moi aussi, je fais pousser des géraniums sur mon balcon pour compenser mon empreinte carbone).
Je le sais parce que je me suis retrouvé à assurer un reportage sur une visite privée de son expo par un "groupe de personnes". C'est une sorte de paradoxe de se retrouver pour faire des photos dans un haut-lieu de la photographie comme la MEP et en plus, ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile à faire et ce n'est pas facile non plus de se retrouver confronté au travail d'un mec tellement "sucessful" qu'il suffit que tu jettes un coup d'oeil à un de ses tirages géants en passant pour te rendre compte du ridicule de ta situation. En plus immanquablement, les gens finissent par te demander ton avis, juste pour t'emmerder les fumiers. Et Salgado, c'est quand même un type qui transfère ses fichiers numériques sur du film argentique (via un imageur) pour pouvoir faire des tirages sur papier traditionnel en récupérant la TVA, alors que toi on te demande de sortir 100 photos par jour sans te payer la post-prod. Bande de salauds, je vous crèverai tous.
Frozen Piglet
Maintenant qu'il est mort et que j'ai laissé passer un délai de convenance conformément aux usages de la bienséance, je peux le dire, Lou Reed était un très mauvais photographe et méchant comme une teigne en plus.
2 commentaires:
Bonjour,
Des valeurs sûres que votre plume et votre œil ! Je me souviens avoir rencontré à la MEP ma "gorge profonde" (ben ouai, une peu comme les hommes du président, mais de la CCI locale ou du conseil général !) sous prétexte d'une expo Cartier Bresson. Chouette sauf pour les photos exposées dans ce qui semblait être un couloir ! J'ai beau être indécrottablement provincial, ça se voit quand même !
Cordialement.
(Ex) CLP de la PQR (ou du Crédit Mutuel, je sais plus !)
HS mon boulanger crée un prix photo: le Banette Photo Award !!
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