vendredi 29 novembre 2013

La petite maison dans la prairie





Faute de rentabilité et avec le temps, les sites d'infos adossés à des publications print sont devenus juste des petites filiales Low-Cost d'entreprises de presse subclaquantes en pleine déconfiture. Si ce doit être une révolution numérique, elle passera d'abord par un champs de ruines sur lequel, il faudra essayer de tout reconstruire en partant de zéro ou presque. Imaginons un seul instant que les aides à la presse s'arrêtent aujourd'hui et c'est l'intégralité de la presse quotidienne et d'opinion qui passe à la trappe. 
Il y a une semaine, le site Rue89 a publié un papier se foutant ouvertement de la gueule de l'Express pour sa couverture ringarde illustrée par une photo de stock à 5 dollars (C'est là). Passons sur le fait que Rue89 soit une filiale du Nouvel Observateur, dont la culture de l'image est inexistante (et qui est en concurrence frontale avec l'Express). Car la concurrence existe aussi entre le web et le print, entre la jeune génération qui se vante de posséder des compétences multimédias mais ne maitrise pas l'orthographe de base et les journalistes old school en gilet de sauvetage. Ce qui est plus difficile à avaler, c'est que Rue89 vienne donner des leçons sur le choix iconographique d'un titre alors que ce site pratique en la matière la politique de la terre brûlée depuis des années. Vous pouvez relire ce que j'avais écrit à ce sujet, dans un post intitulé "À la rue89". Ce qui est marrant d'ailleurs, c'est que Rue89 semble éviter soigneusement les bonnes photos sur FlickR (elles existent et sont nombreuses) pour choisir lors de ses petites courses, des photos médiocres, ringardes la plupart du temps et réalisées par des étrangers exclusivement. Sans doute une politique concertée pour se protéger des teigneux grâce à la barrière de la langue et à l'éloignement.

Normalement dans le journalisme, la légende vient à l'appui de la photo illustrant un article selon les bons vieux préceptes: qui, où, quand, comment, pourquoi ... où ce genre de trucs. Ça parait assez logique, mais ça c'était avant. Avant que les artisans de la connerie investissent massivement les nouveaux médias et donnent aux lecteurs de la presse gratuite ce qu'ils méritent. Un site comme Rue89 (au hasard) fonctionne  sous contrat avec des photos d'agences filaires (AFP, Reuters ...). Ça c'est pour l'info. Pour le tout venant, on se sert sur FlickR et on fait dans la "légende descriptive" comme pour la photo (utilisée pour illustrer le métier de chargé de com) qui figure ci-contre:
légende circonstanciée rédigée par Rue89 et son arpette: "un crayon et un carnet". Sans  déconner ?
La légende descriptive, c'est cela. On décrit ce que l'on voit sur la photo (ou ce que l'on croit voir) de façon lapidaire sans aucun espoir de faire coller la photo (même avec un chausse-pied) au texte qu'elle est censée illustrer.

Dans certains cas, la légende descriptive va même décrire quelque chose qui n'existe pas dans l'image. Mais faut comprendre, c'est gratuit, alors on s'en fout. Egalement très prisée sur le site d'infos, la photo de valise (en carton) véritable passe-partout iconographique sert à la fois à illustrer un article sur les Jeux Olympiques, sur Mohamed Merah ou sur l'immigration illégale. Cool non ?
Rue 89 est bon prince et laisse toujours un petit message pour se couvr ... Heu ! pour féliciter l'auteur de l'oeuvre en question. C'est bien la moindre des choses pour un site non commercial qui a été vendu 7,5 millions d'euros au Nouvel Observateur. Non ?
Les sites dit "d'infos" ont beaucoup d'humour. Par exemple quand ils illustrent des articles sur les difficultés du photo-journalisme en pompant des photos sur FlickR, c'est pas de la provocation. Non non ...  C'est de l'humour ! Le second degré, nous les photographes, on est un peu hermétiques. Faut comprendre. Dans l'ensemble on sait à peine lire et on sait pas dessiner. Alors t'imagine le second degré ...  et je parle même pas du troisième. On sait que ça existe, on en a entendu parler, mais on l'a jamais rencontré personnellement ...















Unhindered by Talent/Flickr/CC

C'est pour ça que quand Rue89 prend cette photo pour illustrer un article sur les règles douloureuses (les filles apprécieront), on explore une nouvelle dimension. D'autres ils auraient pris une tof de fille se tenant le ventre l'air crispé sur Fotolia pour 0,14€. Mais chez Rue89, nan. Chez Rue89, on prend des risques. Le mec, il a tapé règles dans le moteur de recherche de FlickR et hop voilà ce qui est sorti. Ça tombe bien parce que une photo de tampon usagé, ce serait moins graphique dans l'ensemble. Mais en cherchant bien, ça doit exister non ?

Frozen Piglet

Le Rêve américain

Les services photos des magazines américains sont très pros, très efficaces. Je les déteste. Ils (elles en général: Jennifer, Cindy, Mollie, Barbara, Susan ... whoever !) arrivent à t'expliquer en un seul mail et en 3 lignes pourquoi ils ont besoin de TA photo tout de suite, là NOW ! Et juste après, pourquoi ils ne pourront te payer qu'un coup de pied dans le derche. Est-ce le mirage persistant du rêve américain ? Ou bien l'appât du gain même minime, ou encore un instant d'égarement (les drogues, l'alcool, le sexe ?), cette fois-ci encore j'ai dit oui ... Oui pour USD 80. La contrepartie minable de l'utilisation d'une de mes photos sur un site de luxe. Bien entendu, on pourrait croire que l'histoire s'arrête là, même si ce n'est pas une mais 3 fois que j'ai retrouvé ma photo pas créditée et bien en évidence sur ce site US capitaliste. Alors après le temps du "picture editor" vient le temps des "services comptables US" et là tu commences à pleurer et à comprendre pourquoi la Kalashnikov est un succès planétaire sans précédent dans l'industrie de l'armement. Ce n'est pas un, mais 10 mails qu'il te faudra envoyer pour peut-être te faire payer un jour tes putains de 80 dollars. Mais quand ? En dollars (succès assuré auprès de ta banque) et après avoir rempli plein de papiers ou tu assures dans l'ordre que tu n'es pas terroriste, que tu ne travailles pas au black sur le territoire US et que tu votes à droite et que tu demandes pas pourquoi Barack Obama n'a toujours pas fermé la prison de Guantanamo 5 ans après son élection. Cette fois-ci ils m'ont en plus demandé un chèque non rempli et une autorisation signée de prélèvement sur mon compte au cas où ils se tromperaient sur le montant du virement de 80 Dollars. Ben ouais ! T'imagines un stagiaire qui me vire par erreur 8 millions de dollars au lieu de 80 et que je veux pas leur rendre ?! And your sister ? que je leur ai répondu ! 
Au bout du dixième échange, j'en ai eu marre et j'ai décidé de leur demander de filer MES 80 dollars à un centre pour SDF de leur choix ou à la Croix Rouge internationale, sans oublier de m'envoyer le reçu par la poste (pour bien les faire chier). Ça y est, j'ai envoyé le mail et maintenant, j'attends ... et je les emmerde tous, Obama compris (une semaine après ce post, Oncle Sam a payé !).

Frozen Piglet

Il ne faut pas confondre, je vous le dis:
She is getting out the bath with the soul full of hope et she is getting out of the bath with the hole full of soap.

mardi 26 novembre 2013

La Presse Moderne


La Presse Moderne by Frozen Piglet

Entre les fesses d'un aviateur

C'est une cause entendue, plus personne (ou presque) n'accepte de payer pour disposer de photos qui sont le résultat du travail d'un professionnel (et je parle même pas des droits !). Mais le paradoxe est qu'elles "intéressent" encore un tas de gens pour la bonne raison qu'ils sont totalement incapables d'en faire autant. Alors pour tenter de les "récupérer" après parution "parce que elles sont superbes", il existe différentes méthodes à part la flagornerie. La plus courante est de s'adresser à la terre entière, sauf au mec qui a fait ces photos. On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. Sans compter que compte tenu du fait que tu as déjà été payé une fois, ton reportage n'est plus qu'un joli bouquet de fleurs un peu défraîchies et donc ne vaut plus rien non ?
Dans ce genre de situation et d'après mon expérience, plus tu es sympa, plus on va te traiter comme une pute qui fait des forfaits de groupe. Non seulement on ne te tiendra jamais au courant d'éventuelles parutions, mais on ne créditera jamais tes photos non plus et on les filera à la terre entière. Bien entendu, en aucun cas, cette boite ne fera appel à tes services et dés que tu as donné tes photos, tu n'existes plus. Parfois, je reçois un mail ou un coup de fil du rédacteur-en-chef qui vient à l'appui d'un telle demande pour des raisons évidentes: C'est une demande d'un annonceur ou d'un prospect du magazine, c'est une relation de travail, c'est une relation tout court, c'est un renvoi d'ascenseur, le rédacteur-en-chef a couché avec la dircom ou l'attachée de presse de cette boite (hein ? ben quoi ?!). Peu importe, je réponds oui et j'envoie jamais les photos. Pourquoi, je me casserais le cul pour des gens qui ne font même pas la démarche de ME contacter ? Pour ceux qui finissent par faire l'effort inouï de m'adresser un mail, je fais une proposition chiffrée et dans 90% des cas, ça s'arrête là (Bien sûr ! Payer pour des photos ? Mais t'es pas un peu dingue ou quoi ? Tu veux couler la boite c'est ça ???). Dans à peine 10% des cas, j'arrive à un accord qui porte sur des sommes le plus souvent comprises entre 300 et 600 euros. Quand je fais un portrait pour un journal, c'est légèrement différent. 9 fois sur 10 la personne photographiée me demande si "elle pourra en avoir des photos par mail parce que on lui en demande souvent ?". Je lui réponds oui juste pour ne pas la brusquer. Sauf exception, je ne les envoie jamais et on en parle plus. Comme-ça, c'est réglé. Je précise que dans les rares cas ou je file des photos, en général je n'ai pas le moindre remerciement en contrepartie. Si la situation est trop compliquée à gérer pour différentes raisons, ma réponse est toujours la même: "Désolé,mon disque dur est naze et par conséquent, je ne dispose plus de ce reportage". Voilà ! Non mais tu voudrais pas que je te file tous mes trucs de pro non plus ! Tu croyais peut-être qu'il suffisait d'avoir un appareil photo autour du cou ? Hein petit bijou ?!

Frozen Piglet

samedi 23 novembre 2013

Same same but same


Un petit film sympa qui permet de mesurer ce que l'on savait déjà. Les instagramers 
ont une imagination débordante et un sens inné de la création. Ou comment converser selon un monologue d'images convenues, sans écouter l'autre, mais en disant la même chose que lui ...

FP

La messe est dite

Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuitL'Agence France Presse (AFP) a été condamnée par la cour fédérale de New York, à payer 1,22 million de US dollars de dommages et intérêts au journaliste photographe haïtien Daniel Morel. À mon avis, c'est un peu plus que ce qu'avait provisionné leur directeur financier (il pensaient peut-être lui filer $100. Hein ? Bah c'est beaucoup pour un haïtien, tu te rends pas compte !). Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'AFP ne sort pas grandie de cette histoire et j'ose espérer qu'il n'y aura pas d'appel. Sans trop m'avancer, je crois pouvoir dire également que cet argent sera bien utilisé, mais ne me demandez pas pourquoi ... Bravo à Daniel Morel pour son combat, seul contre une Agence de Presse internationale qui connait parfaitement le droit et accessoirement, paye ses avocats et les 1,22 million de dollars de dommages et intérêts avec notre pognon.

Frozen Piglet

©Photo Daniel Morel










L'AFP a donc perdu et va devoir passer à la caisse. J'ai décidé de republier les posts de cette époque puisque j'avais eu la chance de lire le fil sur TwitPic de Daniel Morel qui a disparu très vite, sauf pour moi. Non les photos publiées sur le net ne sont pas libres de droits ! Avis aux amateurs ... et aux professionnels.

Pour ceux que ça intéresse, la plainte de D. Morel est" là "en anglais


Lisez l'intégralité pour comprendre ce scandale et rappelez-vous que nous sommes alors le 13 janvier 2010 ...


Un drame vient de se produire à Port-au-Prince. Un de plus. Mais ce pays semble abonné. Pauvres gens. On dirait parfois que le sort s'acharne sur les plus démunis. Alors bien sûr il s'agit de montrer ce qui se passe au Monde entier et à la société moderne, tellement moderne ... Dommage on a viré tous les correspondants de presse et les photographes et on a fermé tous les bureaux des agences de presse ici et ailleurs. Heureusement il y a Twitter qui est tellement charmant. Sans compter que c'est Hype aussi !
Bon le reste du temps on s'en tape d'Haïti où les gens bouffent de la terre. Alors il y a ce type Daniel Morel, un photojournaliste haïtien qui a mis des trucs sur Twitpic et on peut lire à travers les messages déjà tout un état d'esprit.

"Daniel send in your pictures this is Rita at CORBIS !!!"
On sent bien que la fille de Corbis là, elle est inquiète et aux taquets. D'habitude elle répond à peine à ses mails à Daniel. Mais là elle est inquiète ! Heu ... Des ventes qu'elle est en train de rater.
(mon conseil: Rita prends un lexomil !)

"Vous pouves contactez nous par email : pictures@dpa.com or via telephone 0049 69 27 16 42 55 merci beaucoup Wolfram Steinberg dpa"
Là le mec il en fait pas trop, c'est la rigueur germanique ... et c'est la deuxième couche.

"Mr Morel, concernant vos images sur twitter je vous contact pur acheter quelques photos de vous pour L#agence allemande dpa et notre sevive photos de presse allemande - seulement pur des clients allemandes. Vous pouves contactez nous par email : pictures@"
Là c'était la première, son doigt a ripé. L'émotion sans doute.

"Mr Morel svp avez vous pu approcher des humanitaires de l'UNICEF sur place ?"
C'est pour vendre des cartes postales ?

"Mr Morel, another journalist from Spain...we were wondering if we can call you, it's an amazing job what you're doing today! jssanchez@puntoradio.com"
L'espingouin passe la brosse ... et ensuite lui demande si il peut l'appeler pour passer sur l'antenne de sa radio.

"Mr Morel, my name is Fernanda Prates and I work for a brazilian newspaper. I was wondering if we could use any of your pictures of the Haiti disaster in our website. My e-mail adress is fernanda.prates@jb.com.br. Thank you!"
Cette brésilienne est folle. Elle demande si elle peut utiliser les photos de Morel sur son site, alors que tous les sites internet du monde le font déjà !

"Mr Morel, je me permets de venir vers vous concernant vos images que l'on peut trouver sur twitter j'aimerai en parler avec vous nous aimerions pouvoir les diffuser via notre agence Abaca Press. Merci d'avance je reste à votre disposition très bon courage"
Mousse et Pampre l'agence Abaca tente d'acheter les photos et lui souhaite bon courage !

"Monsieur Morel, journaliste à la radio Europe 1 en France , pouvons-nous vous appeler pour témoigner en France ? Merci et bon courage à vous, nous suivons ce qui se passe de très près, c@europe1.fr"
Là c'est Europe1 qui fait le même coup que l'espagnol

"bonjour daniel, merci me contacter, on est tres interesse pas vos photos. ben.fathers@afp.com"
L'AFP se met sur les rangs. Mais pas terrible comme message...

"M. Morel. Est-ce que nous pouvons vous acheter des photos? Pour Le Journal de Montréal, au Canada. Mon nom est Mathieu Turbide Vous pouvez me joindre ici : mathieu.turbide@journalmtl.com ou à: MathieuTurbide sur Skype."
Le canada est là aussi !

Il est 15h38, je viens de recevoir la première demande de don pour Haïti d'une association pour laquelle, j'ai travaillé bénévolement comme photographe à plusieurs reprises et qui ne m'a jamais donné de nouvelles depuis 3 ans.

(la page de Daniel Morel sur Twitpic n'existe plus)

Frozen Piglet

PS: un type lui a laissé ce commentaire sur une des photos:
"remove these photos from twitter and send them to Corbis
- stop getting ripped-off !"
"Vire tes photos de twitter pour les envoyer à Corbis.
T'es en train de te faire arnaquer"


©Photo Daniel Morel

Tout le monde connaît maintenant l'histoire de Daniel Morel, le photographe haïtien. Ce photo-journaliste a été le premier à réaliser des photos du séisme le 12 janvier à Port-au-Prince et il en a publié une partie sur TwitPic sans doute parce que il voulait que le monde se rende compte du désastre et qu'il n'avait pas d'autre moyen à sa disposition pour les diffuser.
J'ai publié le 13 janvier un post sur ce sujet dans "On en pince pour Port-au-Prince" (Click) avec des extraits du fil et des messages qu'il a reçu du monde entier. Un type a pompé l'intégralité de ses photos et s'en est attribué la paternité. Elles ont été diffusées sous son nom (Lisandro Suero) ce qui a ajouté à la confusion. Mais l'AFP ne pouvait pas ignorer que Daniel Morel était l'auteur des photos puisqu'un message du bureau de New-York figurait dans le fil des messages adressés à Daniel Morel sur son compte Twitpic. L'AFP a diffusé malgré cela les photos dans le monde entier et sur tous les médias sous le crédit AFP/Getty en considérant que la publication des photos sur Twitpic valait abandon des droits pour le photographe. Daniel Morel n'est bien sûr pas d'accord.
Telle est la situation. On pourrait penser que l'AFP reconnaîtrait son erreur et arrangerait le coup de façon acceptable pour tout le monde. Pas du tout ! Elle a décidé de porter plainte contre Daniel Morel pour dénigrement auprès de ses clients et "revendication de droits erronée". Pour l'AFP, Daniel Morel n'est pas l'auteur des photos. Heureusement, le photographe haïtien n'est pas un lapin de 3 semaines, il a pris un avocat spécialisé et l'affaire sera jugée et bien jugée, il faut l'espérer.

Le 17 mai, Rue89 reprend l'intégralité d'un post publié sur les Inrocks.com sur le sujet (ça coûte rien, ça tombe bien) et alors là, les commentaires pleuvent. Pas du tout pour voler au secours du photographe spolié des droits sur son travail. Non ! Plutôt pour dénoncer ces photographes qui font leur beurre de la misère du monde ... Les immondes salauds !
On ergote sur le droit à l'image en France et à Haïti. Tout juste si on s'interroge pas sur la nécessité de faire signer une autorisation aux modèles ... Mais le meilleur est à venir. Selon des internautes: "l'action du photographe est Cupide, vénale et capitalo-fascite" ... et "elle (cette femme) ne peut pas s'opposer a la diffusion de l'information/image...MAIS ca ne veut pas dire qu'elle ne doit pas être rétribuée (surtout si l'auteur du cliché le revends a prix d'or)" et aussi "c'est la règle du photographe-reporter .... photographier la misère ... " et encore "dommage on ne voyait pas très bien la cervelle qui déborde sur le côté" et "On prefere savoir qui se fera du blé sur le malheur de cette pauvre femme..." et "Combien touchera la figurante (la petite fille enfarinée de ciment) devenue actrice et objet de convoitise friqueuses malgré elle ?" et "De tels photos ne devraient pas être publiés... et encore moins prises. Mais que peut il se passer dans la tête d'un photographe qui prend une telle photo? Honte à ces gens qui filment et prennent en photo la misère humaine au nom d'un pseudo droit à l'information".
"Que l'auteur n'ait pas touché un centime ça nous fait une belle jambe... ils devraient plutôt penser à rénumérer cette pauvre dame" et "Par ailleurs, quand on commence à rémunérer les sujets photographiés en reportage, c'est le début du bidonnage" et "En tout cas, s'il gagne, il va se faire pas mal de blé..." ... etc ...

Ce qui est bien avec internet, c'est que tout le monde a le droit de l'ouvrir et de donner son opinion. Cela nous offre un aperçu du niveau moyen de la population qui fréquente les sites d'information. Ces gens n'ont visiblement jamais ouvert le moindre journal et ils ont d'autres points en commun: leur pédanterie, leur inculture crasse et leur crétinerie de compétition.

Frozen Piglet

Tout le monde devrait le savoir aujourd'hui, malgré les milliards de dollars, les promesses et les mains sur le coeur, la reconstruction d'Haïti est une faillite totale.


vendredi 22 novembre 2013

Me, Aïe and Myself

Selon l'inénarrable (de lapin) spécialiste de l'image® André Gunthert de "Culture Visuelle" qui est cité en majesté aujourd'hui dans mon journal (ma maison, ma femme, ma voiture, mon chien), le "selfie" serait l'emblème de la photographie connectée. C'est vous dire si elle part de très bas la pauvre ... Le "selfie", dois-je vous le rappeler est l'art majeur du 21ème siècle qui consiste à se self-photographier à bout de bras avec son téléphone et poster le résultat sur les réseaux sociaux. C'est du lourd, c'est clair que ça vaut le coup de se relever la nuit et d'écrire une thèse, surtout pour contempler un "selfie" de Kim Kardashian qui aime sourire avec ses grosses fesses. Il parait même que "selfie" sera un terme con sacré 2.0 de l'année 2013. Heureusement, elle se termine dans 5 semaines et puis d'abord, on a pas fait tant d'histoires avec le self-fistfucking et pourtant, ça c'est quand même une autre performance ! Mais rassurez-vous, la semaine prochaine, on parlera d'autre chose de tout aussi essentiel à la marche du monde, pour la semaine à venir et pour le restant de ce siècle. Alors du grain à moudre, il en existe plein pour un petit club de gens identifiés comme des experts têtes de ...  d'affiches de "l'image connectée" qui se répandent (je ne vois pas d'autre mot) dans les médias sur tout et rien à la fois à ce propos (faut dire que c'est leur fonds de commerce aussi). Avec un petit effet boule de neige, n'importe quel ineptie peut ainsi naitre sur des sites internet et passer ensuite sur des sites dits d'information, pour ensuite migrer sur le papier et les agences de presse et si tout se passe bien finir sur les radios et même si ça se trouve à la télé ! (là, c'est la gloire les mecs). Ensuite ? Ben c'est simple, ça repart dans le sens inverse ... Selon le principe de la propagation virale qui fait résonner le web comme un tam-tam, tout sujet est bon à prendre qui est susceptible de produire du contenu sans effort et pour pas un rond. Ce qui est marrant, c'est que ces mêmes experts passent leur temps à se gausser des médias sur les réseaux sociaux avec un air entendu. Ce qui ne les empêche nullement d'accourir ventre à terre à la moindre de leur demande pour y déposer leur modeste contribution en pactisant largement avec la connerie 2.0. Moi je vais vous dire. Le selfie, c'est un peu comme l'être et le néant ou danser la lambada. Ça n'a qu'un temps et le plus court sera le mieux. Je ne me fais pas trop de souci.

Frozen Piglet

"De tous ces vocables piteux, qui n'ont jamais rien voulu dire mais qui ressemble maintenant à des débris de satellites en train de rouiller dans l'espace infini, il est bien entendu impossible d'extraire le moindre soupçon de sens si obstinément invoqué" Philippe Muray



jeudi 21 novembre 2013

Richard Dumas - Agence VU



      Richard Dumas - Agence VU 
      Pas de doute, ce type est une photographe, un vrai de vrai (pas comme moi).
      Curieusement dés que Christian Caujolle se met à parler, ça devient chiant. On s'en fout de ce qu'il
      dit. J'échange 2 heures de Christian Caujolle contre 5 minutes de Richard Dumas.

       FP

mercredi 20 novembre 2013

Direction l'hôpital, opération du trou de balle

Les pontes de la médecine sous des vraies stars, leur temps est précieux. C'est pourquoi ils t'accordent généreusement 1 minute 30 pour faire leur portrait. Est-ce que moi je leur demande d'opérer leur patient en 90 secondes ? Hein ! En plus je repars sous le regard hargneux des malades qui poireautent depuis une heure (au moins) dans le couloir. Mais je m'en fous.
1 minute 30, c'est un peu court pour imposer un style. Le mien est à mi-chemin entre David Lachapelle (mais sans les flashs) et Raymond Depardon Google Streetview (mais sans son Rolleiflex). Le tout avec un soupçon de mauvaise foi et une pointe de pessimisme. En même temps, j'ai calculé qu'à ce train là, j'étais payé 15 000 euros de l'heure quand je travaille comme-ça (C'est pas pour me vanter, mais je maitrise la règle de 3) et donc les toubibs, je les emmerde (sauf le mien, on ne sait jamais). Les toubibs, c'est comme les coiffeurs des joueurs de foot. On devrait tous les buter et on serait jamais malades.

FP

mardi 19 novembre 2013

Mektoub

Aujourd'hui, je me sens un peu con. C'est en lisant Libération ce matin que j'ai brutalement compris en lisant entre les lignes, que je connaissais le photographe de 23 ans blessé par ce type habité par le mal, dans les locaux de Libération. Ce garçon, je l'ai croisé par hasard il y a peu de temps, grâce à une connaissance que nous avons en commun. Avec son amie, ils m'ont rendu un service de façon totalement désintéressée alors qu'on ne se connaissait même pas. Je me souviens que nous avons parlé de son travail d'assistant et de lui avoir dit qu'il avait choisi la meilleure façon d'apprendre un métier superbe. J'espère juste qu'il se sortira ce mauvais pas après ce coup du sort et qu'il aura la destinée qu'il mérite.

FP

lundi 18 novembre 2013

Fusil à pompe

On dit souvent que les journalistes figurent dans la short list des professions les plus détestées par les français. On le lit un peu partout dans les commentaires sur les sites d'infos (C'est un bruit insistant. Ça doit être vrai), les journalistes sont des privilégiés éhontés qui bénéficient de passe-droits partout où ils mettent leurs pieds. Ils sont tous de gauche et en même temps sont complices de tous les pouvoirs. À dessein ou par pure fainéantise, ils ne répandent que de fausses informations pour essayer de tromper les gens qui ne sont pas dupes de leur petit manège. D'ailleurs, la seule vraie information libre et indépendante est sur internet, il suffit de chercher (ben oui tu savais pas ? Et gratuit en plus !). Pas besoin d'acheter un journal, on les lit jamais ! Ils sont écrit par des journalistes qui sont nuisibles pour la démocratie. De leur côté, les photo-journalistes (la lie de l'humanité), n'ont eux aucun talent particulier, hormis celui d'appuyer sur un bouton et se laisser pousser une barbe de 5 jours. Pour faire bon poids, ce sont des salauds sans éthique ni morale qui font leur beurre sur le malheur des gens sans l'ombre d'une hésitation. Ils pratiquent communément la non-assistance à personne en danger pour privilégier la photographie marchande et leur petit business minable. Quand il s'agit de tendre la main, ils préfèrent passer au grand-angle pour assurer une double, les ordures. On peut ajouter que quand il y en a un qui se prend une balle, c'est qu'il n'avait rien à faire là où il se trouvait. S'il est pris en otage, ça va encore occasionner des frais pour les français et il n'a qu'à assumer les risques de son métier au lieu d'appeler à l'aide comme un con. Fallait y penser avant ! Je vais vous dire un truc, absolument tout est vrai ... Et il ne faut pas oublier une chose supplémentaire: Le lobby des 37 000 titulaires de la carte de presse bénéficie d'une niche fiscale scandaleuse alors que la France est à genoux sous les impôts et les taxes. Pendant ce temps, les journaux se goinfrent avec les aides à la presse qui se chiffrent en milliards d'euros et ne parlons même pas de la TVA réduite qui est un détail sordide de l'histoire.  Mais tout ça, on ne le dira jamais ! Je suis bien tranquille ...

Frozen Piglet

Je vous ai bien eu là non ?
Je suis sûr que vous avez marché du début à la fin !

dimanche 17 novembre 2013

Marché de l'occasion

 Le marché de l'occasion by Frozen Piglet

Webculture Mainstream

On nous a longtemps bourré le mou avec Internet qui serait parait-il un espace d'échanges, de culture et de liberté et tout un tas de conneries du même acabit. En fait, on voit que c'est surtout un espace de flicage généralisé qui scrute tes faits et gestes, avec des armées de cookies et des wagons de "mieux disant culturel" façon François Léotard, le regretté ministre de la défense et de la culture réunies de TF1. Le plus grand dénominateur commun c'est cela. De la grosse daube pour les demeurés. Du coup, on voit de plus en plus de compils genre "les 10 trucs qui nous ont fait kiffer cette semaine" ou "les 10 images qui font l'actu de la semaine". C'est comme ça qu'on retrouve côte à côte David Beckham en slip et une photo du Typhon des Philippines dans un genre de best off de fin d'année permanent au niveau ras du bitume. Rumeurs pitoyables, ragots minables et journalisme de bas étage font front commun pour enfumer un peu plus l'information, comme-ci on avait besoin de ça ... Les photos volées à droite te à gauche sont toujours au coeur de ce système pourri. Faciles à dupliquer, pas copyrightées, utilisation d'un "droit de citation" qui n'existe que dans des cerveaux de crétins. Tous les sites en "Buzz quelque chose" passent leur vie à collecter les mêmes trucs un peu partout, avec un seul objectif, faire de l'audience à tout prix, mais sans dépenser un rond et en ne respectant rien. Ils se permettent même de faire des reprises les uns des autres sans hésiter. La webculture mainstream qu'ils appellent ça. Bien sûr, ce truc a des limites puisqu'il faut vendre de la pub et tuer la concurrence ou finir par fermer un jour ou l'autre. Et là aussi, les budgets pub ne sont pas extensibles à l'infini. Malheureusement, quand un de ces sites se casse la gueule, il y en a 10 qui se montent pour la bonne raison que ça ne coûte quasiment rien. Il y a tout de même une frange minoritaire du web qui sauve l'honneur, en tentant de surnager. Mais rien ne dit qu'à la fin elle ne finira pas par sombrer elle-aussi dans cet océan agité de stupidité.

Frozen Piglet

jeudi 14 novembre 2013

Rectangles blancs

Libé m'accompagne fidèlement depuis bien longtemps avec des hauts et des bas. Parfois je le lis et parfois je ne fais que le feuilleter, mais je l'ai tous les jours par portage à 6h00 du mat en buvant mon café (je lis aussi Le Monde et le Parisien à l'occasion). Aujourd'hui, l'acte de militantisme, ce n'est pas de lire un canard réputé de centre gauche (la belle affaire) mais c'est plutôt d'acheter un quotidien chaque jour mon petit gars ! C'est un modeste plaisir que je peux me payer et je le fais. Ceux qui nous emmerdent avec le gâchis de papier, la déforestation et la pertinence des supports numériques feraient bien de regarder le reportage de Stanley Greene sur les déchets technologiques ...
Chez les photographes, tout le monde sait que Libération paye un coup de pied dans le cul les prises de vues. Mais c'est pas très grave. On voit à travers les signatures qu'il existe des collaborations au long cours et les portraits de dernière page démontrent une assez grande ouverture d'esprit. Depuis quelques semaines, l'édition du week-end a été entièrement remaniée et la part faite aux images a été revue avec de belles ouvertures et un choix icono assez chouette. En plus le papier est différent et de bien meilleure qualité. Mais ce matin, quand j'ai ouvert le Libé du jour, j'ai eu un choc avec comme illustrations à toutes les pages des cases vides et pourtant légendées. Comme si on avait simplement oublié d'imprimer toutes les photos. Pour le coup le quotidien a rempli magistralement son objectif en démontrant que sans photos, un canard n'existe pas. Le regard se perd dans les pages et finalement le journal nous tombe des mains. Il faut être clair, nul autre quotidien que Libé n'aurait osé faire un truc pareil ... C'est pour ça que je l'aime (encore un peu). Pourtant de toute la presse quotidienne à l'agonie, c'est Libération qui souffre le plus. Il suffit de regarder les chiffres ICI avec 30% de baisse des ventes en kiosque sur les 9 premiers mois et un déficit de 1 million d'euros prévu pour 2013. À ce train là, on se demande jusqu'à quand les actionnaires accepteront de sortir le chéquier. Mais bon d'ici là, peut-être que les mirliflores qui peuplent les réseaux sociaux auront appris à lire et à écrire, c'est sûr. T'as qu'à croire.

Frozen Piglet




Combien gagne un photographe ?

"Combien gagne un photographe ?". Cette question semble invariablement préoccupante pour bon nombre de gens selon mon tableau de tracking. Elle figure dans le trio de tête avec "sex gratuit maman salope" et "fausse carte de presse". Incroyable, il y en a même qui aimeraient savoir "Combien gagne un BON photographe ?" (ça existe ? à part moi je veux dire ?). Ben ouais ! En toute logique, un BON devrait gagner plus qu'un MAUVAIS ou même un MOYEN, ou alors c'est à n'y rien comprendre. Eux ils se positionnent tout de suite en "top of the list" juste au cas où ... Bon en même temps si en appuyant sur un bouton, on peut gagner du fric, je peux comprendre que ça fasse rêver tout un tas de mecs qui s'emmerdent dans la vie. Faire clic clac, c'est pas bien compliqué et c'est même à la portée du premier crétin venu. Non ? Surtout depuis qu'avec le numérique, si on rate, on peut recommencer. Pas vrai petit bijou que si on rate, on peut recommencer ?
Si le gars il a un appareil et pas de boulot, ou mieux s'il veut bosser mais pas vraiment, photographe c'est un passe-temps rémunéré fait pour lui. Alors là il est sur la bonne voie, mais ça va pas être facile quand même. C'est dommage avant c'était plus simple, il y avait les banques d'images à 0,1 euro, mais aujourd'hui elles sont squattées par les usines de production d'images low-cost de l'est de l'Europe et le temps de l'Eldorado où y avait qu'à se baisser pour les ramasser c'est fini. C'est con hein ? Réussir à amortir son 5D MKIII full options avec 3,57 euros de rentrée par trimestre, c'est un peu plus difficile maintenant, surtout quand on l'a acheté avec un crédit à la consommation à 18% et fait imprimer des cartes de visite gratuites chez Vistaprint.  Oh ça va ... Je déconne. Moi je dis qu'il ne faut pas décourager les vocations. Et puis on ne sait jamais, peut-être que le nouveau Cartier Bresson est parmi eux après tout. Hein ?

Frozen Piglet

Alors combien ça gagne un photographe ? C'est pourtant simple, la même chose que toi pauvre idiot. Comme toi, il y en a qui ne gagnent rien et d'autres qui sont en fin de droits ou au RSA. Il y en a qui gagnent 700 ou 3 000 euros et il y en a même qui en gagnent 10 000 ou bien plus (par jour, comme moi). Bon bien sûr, j'ai choisi la facilité et je passe mon temps à photographier des filles en maillot de bain toutes nues au lieu d'être reporter de guerre en banlieue. Mais je ravale ma honte en comptant le pognon d'un doigt agile et ça c'est quand même le principal. 

lundi 11 novembre 2013

Petit reporter

Dans la presse, il y a les "grands reporters" et il y a aussi les autres, les petits (minus)cules qui cherchent juste à survivre ... comme moi. Ouais. Il y en a même qui sont "envoyés spéciaux". Tout ça c'est un peu comme "ministre plénipotentiaire" ou ce genre de trucs du passé. Cela nous relie juste au souvenir d'un temps ancien où on pouvait passer 6 mois ou plus sur un reportage pour écrire un article ou faire des photos et choper le typhus et la fièvre jaune, la Bilhariose et des amibes. La grande classe ! (sans parler des autres maladies inavouables). Même que 30 ou 40 ans plus tard, on pouvait être publié Par "Le Monde", dans un recueil exemplaire de "Grands Reportages" qui ont fait l'orgueil de la presse française (Comme cinq colonnes à la une avec Pierre Lazareff et sa pipe). Bon bien sûr on était mort mais quand même ! Aujourd'hui, on a juste le sentiment d'avoir globalement raté sa vie dés le début et on va mourir aussi, mais du cancer ou d'alzheimer, intoxiqué par les PCB, la dioxine et les pesticides. Alors sur un CV, ça fait moins bien forcément. 
Est-ce le talent ou la chance, ou les deux ? Dans cet océan de médiocrité. Il y en a quelques-uns qui vivent une vraie destinée alors que toi pauvre con (et jaloux en plus), tu passes ta vie à à te faire chier en te demandant comment tu vas payer tes factures et expliquer à ta femme, sous son regard torve, pourquoi tu dois absolument acheter le dernier Nikon (Ou Canon) à 5 000 euros, avec une batterie d'objectifs hors de prix, pour pouvoir frimer au bistrot avec ta carte de presse (si t'arrives à la garder en 2014). 
À coté de ça, un mec comme Salgado lui, il te raconte qu'il a passé une journée entière à emmerder une tortue des Galapagos en la fixant dans les yeux pour faire son portrait. À  la fin de la journée, la tortue, elle en pouvait plus. Elle a fait en tortue en claquant du bec "Vas-y ! Fait la ta toff ! Qu'on en finisse ! P'tin !!" et après on t'explique que ce mec aime la terre ... (Moi aussi, je fais pousser des géraniums sur mon balcon pour compenser mon empreinte carbone).
Je le sais parce que je me suis retrouvé à assurer un reportage sur une visite privée de son expo par un "groupe de personnes". C'est une sorte de paradoxe de se retrouver pour faire des photos dans un haut-lieu de la photographie comme la MEP et en plus, ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile à faire et ce n'est pas facile non plus de se retrouver confronté au travail d'un mec tellement "sucessful" qu'il suffit que tu jettes un coup d'oeil à un de ses tirages géants en passant pour te rendre compte du ridicule de ta situation. En plus immanquablement, les gens finissent par te demander ton avis, juste pour t'emmerder les fumiers. Et Salgado, c'est quand même un type qui transfère ses fichiers numériques sur du film argentique (via un imageur) pour pouvoir faire des tirages sur papier traditionnel en récupérant la TVA, alors que toi on te demande de sortir 100 photos par jour sans te payer la post-prod. Bande de salauds, je vous crèverai tous.

Frozen Piglet

Maintenant qu'il est mort et que j'ai laissé passer un délai de convenance conformément aux usages de la bienséance, je peux le dire, Lou Reed était un très mauvais photographe et méchant comme une teigne en plus.

vendredi 8 novembre 2013

To click or not to be


J'aime bien les sondages. On peu leur faire dire à peu près n'importe quelle connerie selon le commanditaire à satisfaire et l'angle de lecture selon lequel on veut lire les résultats. On peut même s'amuser à les retourner juste pour rigoler un peu. Le magazine "Fisheye" a publié une enquête IFOP sur les français et la photographie. Depuis cette étude circule sur le web un peu partout pour illustrer différents points de vue plus ou moins pertinents. Le principe de base d'internet étant le buzz, la reproductibilité et par conséquent l'impression de déjà vu continuelle.

Moi je lis cette étude comme-cela:

Mauvaise nouvelle pour le gros et gras du bide lobby du téléphone portable et pour les fossoyeurs des appareils photos, les 3/4 des possesseurs de Smartphone continuent contre vents et marées à faire des images avec un appareil photo numérique conventionnel (entre nous, on les comprend, ils sont conçus pour cela à la différence des téléphones). Pire, chez les passionnés de photo, ils sont 88% à ranger leur Smartphone dés qu'il s'agit de prendre des photos. Ceci pour une raison bien simple, si la partie vidéo peut présenter un réel intérêt, la partie photo est plombée par une optique minimaliste et l'impossibilité de photographier des trucs en mouvement et ne parlons pas du bruit et de l'ergonomie nulle.
Ensuite, la majorité des personnes interrogées déclare poster leurs photos pour un usage privé, uniquement par mail ou pas MMS. 1/3 seulement poste des photos sur Facebook (qui est à par ailleurs la pire plate-forme pour montrer des photos tellement elles sont dégradées par la compression). Les autres réseaux sociaux, Instagram, Twitter, FlickR et TumblR sont à la rue avec respectivement 96%, 97%, 98% et 99% des utilisateurs de Smartphone ne postant jamais sur ces plateformes décrites par leurs thuriféraires et André Gunthert comme le sel de la terre et par cette étude comme marginales. 
Bien sûr, si on considère les choses par tranches d'âge, les freluquets et quettes sont en tête des utilisateurs dociles et frénétiques des Smartphones aux forfaits explosés et de ces réseaux sociaux. Ça tombe bien les pauvres, ils sont la cible privilégiée des fabricants de gadgets à 650 euros, à renouveler dés que possible et des opérateurs de la téléphonie mobile payés par papa maman (Après si on peut en plus leur fourguer un 5D MKIII, on va pas se priver non plus). Pour les convaincre d'acheter, il suffit de quelques arguments marketing percutants et idiots comme l'inflation hystérique du nombre de pixels sur un capteur de la taille d'une crotte de nez. Pour le dernier Nokia Lumia 1020 c'est 41 Megapixels : 
" Prenez des photos très haute resolution, zoomez dans les détails et recadrez-les pour en faire de nouvelles images. Ajustez la mise au point, l'équilibrage des blancs et l'exposition facilement grâce à des contrôles intuitifs ". Putain en lisant ça, je finis par me demander si j'ai pas fait une connerie en achetant un D4 les mecs et je peux même pas envoyer un SMS avec !

Frozen Piglet
Au fait, c'est pas moi sur la photo. Nan, il parait que c'est un russe qui cherche une femme et il a posté cette photo de lui à son avantage sur un site communautaire de rencontres. Je pense qu'il va cartonner. J'espère juste que c'est la porte des toilettes derrière lui et qu'il a un slip de rechange ... juste au cas où. 

mardi 5 novembre 2013

Les Paradis Perdus


Voici le nouveau petit chouchou de Nikon, le "Df" Les caractéristiques et le prix de cet appareil, je m'en fous un peu, vu que je ne l'achèterai jamais (Mais si Nikon veut m'en filer un ... Ben Kwa ? Ça leur fera de la pub). Je note juste son petit côté rétro qui le fait ressembler étrangement à un FE2 ou un truc dans ce genre. 
Là encore, il faut s'y faire, les gens qui se sont acharné à détruire un modèle selon eux dépassé, aiment bien acheter un numérique hors de prix qui ressemble vaguement à un argentique en quelque sorte. De la même façon ils aiment coller des fausses bordures de films sur leurs photos ... Ils tentent de singer ainsi un passé définitivement mort et enterré. Même si quelques jeunes gens (boutonneux) brandissent encore des argentiques dans des rédactions parisiennes branchouilles qui trouvent ça du dernier chic !
Certains portent même à l'épaule des Canon AE1 ou des Minolta SRT 101 (ça coûte 50 euros non ?) comme un accessoire de Mode et je suis presque sûr qu'il sont de l'école Jean-Louis Trintignant qui a longtemps fait des photos sans mettre de pellicule dans l'appareil ("Oui, c'est vrai, je ne m'en suis jamais vanté ... Je pensais que mon rêve était plus beau que la photo elle-même ... Personne ne voyait mes photos, pas même moi ..." JL Trintignant, un génie). Avec le numérique, il y a autre chose qui a disparu, c'est l'odeur. Vous avez remarqué ou pas ? Tous les argentiques avaient une odeur indéfinissable, mais bien présente. Surtout quand on ouvrait le dos pour les charger. Les numériques eux ne sentent rien, comme les outils aseptisés qu'ils sont. Des objets glacés un peu à l'image du monde absurde d'aujourd'hui.

Frozen Piglet









lundi 4 novembre 2013

Dégazage digital


Depuis une quinzaine d'années au moins, les entreprises de presse et leurs actionnaires sont un  peu comme des armateurs de pétroliers rouillés prenant l'eau de toutes parts. Ils passent leur temps à dégazer en haute mer en laissant derrière eux une trainée nauséabonde faite de guichets de départs plus ou moins volontaires et de plans sociaux, quand ce n'est pas de suppressions de titres pures et simples. Leurs représentants nuls à chier, les patrons de groupes de presse  arrivent pourtant à se faire payer des salaires insensés par ces pauvres idiots qui ont l'air de penser que leur salut viendra de là. Manque de pot, c'est facile de jouer au Citizen Kane de pacotille en allant glander à Roland-Garros quand le soleil brille, mais quand il y a du vent dans les voiles alors qu'il n'y a personne sur le pont, on se rend vite compte que ça va tourner au Costa Concordia. Compétences introuvables et vision inexistante, pour ces grands professionnels, la seule question qui qui vaille d'être posée est celle-ci : Une fois qu'il auront fini de couler tous les canards et de démanteler les derniers titres papier existants en touchant leur gros chèque, ces avortons auront-ils les ressources suffisantes pour réussir leur transfert vers le web et les sites internet et recommencer le même carnage ailleurs ?
Le dernier groupe à préparer un plan social, c'est Lagardère avec 10 titres à vendre, dont Psychologies magazine (qui a longtemps filé du boulot à pas mal de photographes et le bourdon à tout le monde), Union (toute une époque, c'était avant le porno sur internet), Be (une vaine tentative vouée à l'échec sur un créneau archi saturé), Auto Moto (on vend plus de bagnoles), Première et Pariscope (tout le monde regarde les films gratos sur internet), tout un fatras de magazines tous excellents selon la direction du groupe. Ben ouais ils veulent les vendre, ils vont pas dire que c'est de la merde quand même ... Bon tout ça, ça va faire encore 350 salariés qui risquent de se retrouver sur le carreau. Bof c'est pas grave, ils iront ouvrir des chambres d'hôtes en Ardèche ou dans le Luberon avec leurs indemnités. Tous les pigistes (je dirais un bon millier au bas mot) qui vont trinquer au passage ? On n'en parle même pas, c'est des clochards (*). On s'en tape. "La presse est au bord de l'infarctus et il faut mettre en oeuvre des thérapies de choc" qu'ils disent. "Ils vont concentrer les efforts sur les titres restants" qu'ils disent en parlant de révolution digitale (une histoire de doigts quoi).
Que des conneries ! Je vais te dire un truc. En fin de compte, grâce à ces mecs, le net va devenir le prétexte idéal pour passer à la trappe pas mal de trucs sans se faire chier. Dire qu'en contrepartie il va créer des emplois nouveaux et qu'il faut savoir s'adapter, c'est un peu comme prétendre que c'est le designer d'Airbus qui a dessiné les nichons de Lolo Ferrari (la pauvre), une légende urbaine. Au milieu du 21ème siècle, je vous l'annonce, une bonne partie du sous-prolétariat sera numérique, avec des contrats précaires à temps partiel et les salaires minables qui vont avec à tous les étages. Et il y en aura même pour tout tout le monde ou presque. Mais surtout quand même pour les pays où le tarif minimum est à 300 euros par mois (c'est encore mieux si il n'existe pas et qu'on donne ce qu'on veut). D'autant que du boulot, il va y en avoir. Oui, il va falloir se déchirer pour se mettre au niveau des décérébrés qui ignorent les accords de participe passé et qui confondent "ça" et "sa", "ce" et "se". Ils pullulent sur le net et il parait qu'ils dialoguent sur les réseaux sociaux. Si en plus, ils sont sur Facebook et Instagram avec leurs images conversationnelles, alors là, on va vivre dans un monde idéal ! Parce que Buzfeed et Topito, c'est ça le dernier truc génial devant lequel les crétins s'extasient ... Ou comment faire du trafic avec du vent sans que ça coute un fifrelin. Hein ?? Ben oui ! T'as pas compris ça ? T'es con ou quoi ?!

Frozen Piglet

 (*) Je ne donnerai qu'un conseil à tous ces mecs qui vont se retrouver sans boulot : Lisez la convention collective, rubrique "clause de cession", mettez votre dossier en ordre et défoncez-leur la gueule.
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