Cette violence là, si je la connais bien, c'est que je l'ai vécu à la même époque comme photographe (à peu près anonyme à la différence de lui). C'est d'ailleurs devenu mon nom par défaut "photographe" ou "le photographe", même si je reprends systématiquement les gens, en leur indiquant que j'ai un nom et un prénom, comme eux et que je les emmerde.
La violence quand on t'assène comme un reproche que "on a trouvé la seule photo où cette femme souriait dans ta série" et qu'on l'a utilisé pour une pleine page, alors que tu sais pertinemment que c'est la moins bonne image et qu'elle n'exprime rien avec son sourire de circonstance. Le mépris quand on te dit que si tu n'es pas disponible ce jour là, on va filer la prise de vues à quelqu'un d'autre, alors que la veille, on a changé de jour pour la même raison, mais pour un rédacteur. Mais tout le monde le sait, les photographes sont interchangeables.
Au delà de tous ces petits événements qui relèvent de l'anecdote, la violence ultime, c'est celle qui t'empêche d'exprimer ce que tu as de meilleur et qui fait que insensiblement, tu perds confiance en toi, avant de toucher le fond parfois.
Moi aussi, je me suis tourné vers l'écriture pour m'entendre dire les photos que je réalisais pour illustrer mes articles devaient être gratuites, que mes titres étaient un peu trop fantaisistes, que mes propositions de reportages n'étaient pas orthodoxes. A la différence de Franck Courtès, je ne vais pas poser mes appareils sur des étagères pour autant, car mon rêve reste intact.
je continuerai quoi qu'il arrive, jusqu'à la fin de mes jours. Mais quand j'aurai le temps, j'aimerai bien dessiner et peindre comme quand j'avais 6 ans et que je fréquentais l'atelier pour enfants des Arts Décoratifs de la rue de Rivoli.
Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?
Frozen Piglet
2 commentaires:
Merci d'avoir recommandé cet ouvrage, je ne regrette pas mon achat, un ouvrage écrit par un homme sincère , franc, et honnête .
sur le métier de reporter photo, que tout photographe amateur ou pas devrait avoir lu.
Je viens d'acheter l'ouvrage "la dernière photo" et je viens de le terminer. Merci d'avoir recommandé cet achat que tous les photographes devraient avoir lu, un récit clair lucide et sincère d'un honnête homme sur sa profession de reporter photo et surtout un récit sans concession et bien écrit sur ce milieu qui change un peu des biographies arrangées existantes .
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